VIDÉO - Bernard Pivot : la figure qui a transmis la passion des mots

par La rédaction de TF1info | Reportage TF1 David DE ARAUJO, Florence LEEKNEGT, Elodie DUBOSCQ
Publié le 6 mai 2024 à 22h53

Source : JT 20h Semaine

Bernard Pivot est décédé lundi à l'âge de 89 ans.
L'écrivain et présentateur télé a marqué par son franc-parler et sa capacité à populariser la littérature.

Il était celui qui nous a transmis le goût de la littérature. Chaque vendredi soir, à 21h40, dans Apostrophes, une émission qu'on ne présente plus, il offrait aux Français un moment privilégié avec les plus grandes plumes de France et du monde. Sans jamais prendre de haut, Bernard Pivot avait su faire de ses grand-messes littéraires des rendez-vous populaires. "C'est un homme qui a travaillé sur le terrain, c'est-à-dire qu'il a donné à la lecture, à la littérature ses lettres de noblesse en faisant lire le maximum de gens. Il savait parler aux gens parce qu'il savait écouter", souligne Tahar Ben Jelloun, écrivain et membre de l'Académie française, au micro de TF1. 

La malice, la bonne humeur et quelques controverses

Le style Pivot, c'était de la malice, et comme on le dit aujourd'hui, des moments de télévision, comme ce soir de septembre 1978 lorsque, d'une phrase, il se moque élégamment de son invité, le romancier américain Charles Bukowski, totalement ivre sur le plateau. "Finalement, il ne tient pas la bouteille cet écrivain américain", ironise-t-il alors. Ou lorsqu'il laisse Serge Gainsbourg s'écharper en direct avec Guy Béart. 

De son autre émission, Bouillon de culture, les Français retiennent son célèbre questionnaire. "Le génie de Pivot, c'est qu'il était nous. C'était une bonhommie naïve, des questions... Sa parole comptait. Le lendemain, dans les librairies, les gens savaient qu'ils vendraient plus de livres", s'amuse le comédien Fabrice Luchini. En quelques mots, le défunt érudit était le symbole d'une époque qui ne s'interdisait rien, capharnaüm dont on lui a parfois fait le reproche, notamment quand il accueille l'écrivain Gabriel Matzneff pour discuter de sa pédophilie assumée sans s'en offusquer. L'intéressé concédera, plus tard, n'avoir effectivement pas eu les mots qu'il fallait. 

À la fin de sa carrière, il quitte la télévision sans nostalgie. Élu à la prestigieuse académie Goncourt, Bernard Pivot devient le président du jury en 2014, durant cinq ans. Infatigable amoureux de la langue française, c'est sur X (ex-Twitter) qu'il s'adonnait dernièrement à l'art de la concision, toujours aussi railleur. "L'habitude des radios de m'appeler à la mort d'un écrivain est si grande que, le jour où je mourrai, elles m'appelleront", a-t-il écrit. Le goût du bon mot... jusqu'au dernier souffle.


La rédaction de TF1info | Reportage TF1 David DE ARAUJO, Florence LEEKNEGT, Elodie DUBOSCQ

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