TotalEnergies est accusé de fournir du gaz servant de carburant aux avions de combat russes opérant en Ukraine.
Le groupe français se défend et dément les informations du "Monde", qui a collaboré avec l'ONG Global Witness.
Le ministre délégué aux Transports Clément Beaune appelle de son côté à "faire la lumière" sur les faits.

Toujours présent en Russie, le groupe pétrolier français TotalEnergies fournit-il à l'armée russe du gaz servant de carburant aux avions de guerre qui survolent l'Ukraine ? C'est ce qu'a affirmé Le Monde mercredi dans une enquête publiée sur son site, s'appuyant notamment sur des "informations compilées par l’ONG Global Witness".  

Quelles sont les accusations ?

Les investigations se sont concentrées sur le champ gazier russe de Termokarstovoïe, dont l'exploitation est assurée une entreprise appelée Terneftegaz, une firme codétenue par le groupe français à 49% avec le russe Novatek (51%). Terneftegaz aurait fourni du condensat de gaz à une raffinerie située à proximité de la ville d'Omsk, usine qui en a fait du carburant. Le parcours de ce kérozène a été identifié, et aurait servi à alimenter les avions russes au moins jusqu'en juillet, dans le cadre conflit en Ukraine.

Que répond TotalEnergies?

En dévoilant ces éléments, Le Monde évoque de "graves accusations qui augmentent la pression sur le géant français". Et précise que TotalEnergies demeure le seul parmi les grands groupes pétroliers occidentaux à avoir fait de choix de poursuivre l’exploitation d’hydrocarbures russes suite à l’invasion de l’Ukraine par les forces russes, en février dernier. 

Mis en cause, TotalEnergies a répondu par la voie d'un communiqué, soulignant en préambule que l'entreprise réaffirmait "sa condamnation la plus ferme de l’agression militaire de la Russie contre l’Ukraine, qui a des conséquences tragiques pour la population ukrainienne et menace la paix en Europe". Dans sa réponse, le groupe insiste sur le fait qu'il "n’est pas opérateur des installations de Terneftegaz qui sont opérées par du personnel de Novatek au sein de Terneftegaz". L’activité de Terneftegaz, peut-on lire, "est autofinancée et TotalEnergies SE n’a pas apporté de capital à Terneftegaz depuis 2015". La firme française ajoute qu'elle ne "perçoit pas de dividende de Terneftegaz depuis février 2022".

TotalEneregies a indiqué vouloir répondre "point par point à cet article et se réserve le droit d'engager toute action judiciaire appropriée pour assurer la protection de ses intérêts et de sa réputation". Aux arguments avancés par le groupe pétrolier, le responsable des enquêtes data au sein de l'ONG Global Witness, répond que si TotalEnergies "affirme que sa production n'a aucun rapport avec les opérations militaires russes", cet argument "ne tient plus". Et appelle ainsi Total à "jouer franc-jeu".

Le ministre des Transports réagit

Interrogé sur le sujet, le ministre délégué aux Transports Clément Beaune a appelé ce jeudi à "faire la lumière" sur les accusations portées contre la firme française. "C'est un sujet extrêmement sérieux, donc il faut bien vérifier que, volontairement ou involontairement, il n'y a pas de détournement soit des sanctions, soit de l'énergie qu'une entreprise française, ou autre, produirait", a-t-il expliqué sur France 2. À titre personnel, Clément Beaune a fait remarquer qu'il n'avait pas "personnellement d'informations sur ce sujet". Tout au plus estime-t-il qu'il faut "faire la lumière" sur les faits énoncés. "Je n'ai pas à croire a priori tel ou tel", a tranché le ministre.


Thomas DESZPOT

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TF1 Info