Pourquoi le cognac est un sujet de tension entre la France et la Chine ?

par J.F. avec AFP
Publié le 4 mai 2024 à 12h48, mis à jour le 4 mai 2024 à 15h04

Source : JT 20h Semaine

Parmi les sujets qu'aborderont Emmanuel Macron et Xi Jiping en début de semaine pour la visite en France du président chinois figure le cognac.
Les professionnels du spiritueux charentais s'estiment pris en "otage" d'une guerre politique et commerciale entre l'UE et la Chine.
Explications.

Le président chinois Xi Jinping débarque ce dimanche soir en France. Parmi les nombreux sujets qu'il abordera avec Emmanuel Macron l'un semble anodin ou anecdotique, et pourtant. La filière du cognac, qui se dit "otage" des tensions entre l'Union européenne et Pékin, mise beaucoup sur la rencontre entre les deux chefs d'État pour obtenir la suspension d'une enquête antidumping la ciblant en Chine, son deuxième marché.

Depuis janvier, le spiritueux produit en Charente est visé, comme toutes les eaux-de-vie de vin importées d'Union européenne, par une enquête des autorités chinoises sur une infraction supposée à la concurrence. Lancée après une plainte de professionnels de l'alcool chinois, cette procédure est également considérée par les observateurs comme une mesure de rétorsion à une enquête européenne, largement soutenue par la France, sur les subventions aux voitures électriques produites en Chine.

Avec un quart de ses bouteilles expédiées en Chine, son principal marché après les États-Unis, la filière du cognac est ultra-dépendante de l'export (98% des ventes). Elle craint désormais une hausse des droits de douane, à l'image de celle subie par les vins australiens ces dernières années, indique son interprofession. La filière dit représenter 72.500 emplois en France et 3,35 milliards d'euros d'exportations.

"Cette question sera abordée", promet l'Elysée

Lors d'un échange avec des journalistes à propos de la visite du président chinois, l'Elysée a confirmé que "la question du cognac fait en effet l'objet de la plus grande attention de la part des autorités françaises et au premier rang desquelles le Président de la République". L'entourage d'Emmanuel Macron a confirmé que "cette question sera abordée lors des échanges afin de s'assurer que les intérêts français sont préservés pendant et à l'issue de la procédure lancée par les autorités chinoises".

S'il est encore "trop tôt" pour mesurer l'impact de la procédure depuis janvier, la filière redoute de voir ses positions commerciales "s'effriter" en Chine, après une année 2023 en recul dans le monde. L'an passé, les exportations sont tombées à 165,3 millions de bouteilles contre 212,5 millions en 2022, performance qui était déjà en retrait de 4,8% par rapport à 2021. Selon les professionnels, ce recul s'explique par un "contexte difficile" avec l'inflation, les consommateurs se détournant d'un produit de luxe lorsque le pouvoir d'achat baisse, et par la diminution des importations des États-Unis (-45%), encore en train d'écouler les stocks accumulés durant les années de pandémie.

"Sans solution diplomatique entre la France et la Chine", et avec le possible retour au pouvoir aux États-Unis de Donald Trump, qui avait déjà menacé de cibler les vins français dans le passé, "le contexte pourrait devenir plus compliqué" à l'avenir, a déclaré l'économiste Jean-Marc Figuet auprès de l'AFP.


J.F. avec AFP

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