Caméras de surveillance et intelligence artificielle : premiers tests grandeur nature avant les JO de Paris

par La rédaction de TF1info | Reportage : Nicolas Robertson, Héloïse Lévêque, Elsa Gavinet
Publié le 21 avril 2024 à 11h50, mis à jour le 21 avril 2024 à 11h59

Source : JT 20h WE

La vidéosurveillance algorithmique est testée ce week-end lors de deux événements à Paris.
Elle permet de repérer des mouvements de foule anormaux, des bagages oubliés ou le franchissement d'une zone interdite.
Si elle ne doit pas permettre la reconnaissance faciale, l'ONG Amnesty estime que le pays s'insère tout de même "dans cette tendance".

Souriez, vous êtes filmés et analysés par l'intelligence artificielle. La RATP et la SNCF ont expérimenté cette semaine la vidéosurveillance algorithmique, d'abord lors du concert du groupe Black Eyed Peas, qui s'est déroulé dans la salle du Paris La Défense Arena ce samedi 20 avril, puis à l'occasion du match de Ligue 1 qui opposera ce dimanche le PSG à l'OL au parc des Princes. Une répétition grandeur nature à trois mois des Jeux olympiques de Paris. 

Des panneaux et affiches ont été installés aux entrées et sorties des zones d'expérimentation pour prévenir les usagers. "C'est un test, on verra bien, je ne me sentirai pas plus en sécurité", confie l'un d'entre eux à TF1, quand d'autres semblent plus confiants : "On voit que la technologie n'est pas utilisée qu'à des fins négatives, ça peut aussi être positif et éviter ce genre de problème d'attentat surtout pour des événements qui rassemblent énormément de personnes."

Mouvements de foule et bagages oubliés repérés

Concrètement, les vidéos des caméras installées dans les stations Nanterre-Préfecture du RER A et La Défense-Grande Arche du RER A et de la ligne 1 du métro dans le premier cas, puis celles des 118 caméras installées en gare de Paris-Gare de Lyon et du pont du Garigliano seront couplées à une intelligence artificielle. Ce système doit permettre de repérer un non-respect du sens de circulation, le franchissement d'une zone interdite, un mouvement de foule ou encore un bagage oublié et de le signaler aux forces de l'ordre. 

"En cas de bagage abandonné, l'objet va être détecté et une alerte va être envoyée à un opérateur pour qu'il puisse prendre des décisions", explique Alan Ferbach, cofondateur de Videtics, une startup qui exploite l'une des IA qui sera utilisée pour les JO. Autre situation : au moindre mouvement de foule anormal, un cadre rouge s'ajoute autour de l'écran pour signaler l'anomalie aux policiers. 

Une vidéosurveillance sans reconnaissance faciale ?

Si ces caméras intelligentes peuvent analyser jusqu'à 25 situations par seconde, les autorités assurent qu'elles ne permettront pas l'utilisation de la reconnaissance faciale. "Pour l'instant, la loi ne permet pas le déploiement de la reconnaissance faciale et surtout le gouvernement n'a jamais souhaité mettre en œuvre de dispositif de reconnaissance faciale", confirme Thomas Dautieu, directeur de l'accompagnement juridique à la Commission nationale de l'informatique et des libertés (Cnil). 

En effet, la loi JO 2024 adoptée en 2023, permet seulement l'expérimentation de la vidéosurveillance analysée par l'IA jusqu'en mars 2025 pour repérer des événements ou comportements jugés à risque et alerter un opérateur. Mais elle n'autorise pas la reconnaissance faciale qui permet d'examiner les traits du visage d'une personne filmée et de le comparer aux images d'une base de données pour l'identifier. Celle-ci peut cependant être utilisée "par les autorités compétentes" en cas de "nécessité absolue" dans le cadre de la directive "police-justice" de 2016.

L'ONG de défense des droits humains Amnesty réclame une interdiction totale de la reconnaissance faciale à des fins d'identification dans l'espace public déjà utilisée par la police britannique "pour identifier de potentiels criminels avant même que des crimes ne soient commis" et fustige l'expérimentation de la vidéosurveillance algorithmique en France, estimant que le pays "s'insère malheureusement dans cette tendance en devenant avec les JO de Paris, le premier État membre de l'Union européenne à légaliser la vidéosurveillance algorithmique". "Une fois que (ces technologies) sont là, on ne revient pas en arrière", déplore Katia Roux, d'Amnesty International France.


La rédaction de TF1info | Reportage : Nicolas Robertson, Héloïse Lévêque, Elsa Gavinet

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