Attentat de Moscou : comment la propagande russe se coordonne pour accuser Kiev et les Occidentaux

par TD
Publié le 26 mars 2024 à 17h35

Source : JT 20h Semaine

En 2023, une opération de propagande russe surnommée Doppelgänger a été largement documentée.
Suite à l'attentat commis à Moscou, un média indépendant russe note que cette campagne a repris de plus belle.
Parmi les méthodes utilisées ? La diffusion de faux articles, publiés sur des copies de médias occidentaux.

Lundi soir, Vladimir Poutine a pour la première fois semblé accorder du crédit à la revendication de l’État islamique, qui a endossé la responsabilité de l'attentat commis à Moscou le 22 mars. "Nous savons que l'attentat a été organisé par des islamistes radicaux. Ils essayent de faire croire qu'ils n'ont pas de lien avec Kiev et les hommes de Kiev", a déclaré le président russe. 

En ligne, alors que les relais du Kremlin alimentaient une "piste ukrainienne", de nombreuses publications attribuées à des réseaux de désinformation russe leur emboitaient le pas. Imputer sans l'ombre d'un doute cette attaque à Kiev ou aux Occidentaux. La méthode est connue : de faux articles de presse imitant des médias européens reconnus sont publiés, diffusant à grande échelle des théories qui servent la propagande du Kremlin. 

L'opération Doppelgänger fait son retour

Basé à Riga, la capitale lettone, le média indépendant russe Insider est à l'origine d'une série de révélations. Ses équipes ont effet observé la résurgence de la campagne de désinformation Doppelgänger, coordonnée par la Russie. Largement documenté en 2023, ce dernier avait coordonné la mise en ligne par des bots de nombreux articles relatifs au conflit en Ukraine. Des publications qui affichaient plusieurs points communs : ils reprenaient les éléments de propagande distillés par le Kremlin, tout en copiant la mise en page de journaux de renom, tels que le Spiegel, le Guardian ou encore Le Monde.

Après s'être étendue au conflit à Gaza, Doppelgänger s'est emparée de l'attentat survenu à Moscou, rapporte Insider. Une évolution de cette campagne se traduisant par des "articles qui indiquent au lecteur que l'Ukraine, les États-Unis, les services secrets britanniques (MI-6) et ce qu'on appelle 'l'Occident collectif' dans son ensemble sont impliqués". Le média indépendant russe liste plusieurs titres de presse dont l'apparence a été imitée pour relayer ces contenus. Parmi elles, on découvre que le quotidien allemand Der Spiegel est concerné.

Le réseau de désinformation "ne diffuse pas seulement les récits du Kremlin via des clones de médias bien connus", glisse Insider. En effet, "Doppelgänger possède également ses propres sites qui ressemblent à des publications régulières". La plus notable d'entre elles ? "Le portail en langue italienne Il Correspondente", qui constitue un relai de propagande bien huilé. À travers un article intitulé "La terreur revient à Moscou", le site a par exemple affirmé que "le régime de Kiev" portait "la responsabilité directe du massacre" survenu à Moscou. "L’Ukraine est devenue un centre mondial de recrutement et d’entraînement de cellules terroristes par les États-Unis et la Grande-Bretagne", ajoute le faux article.

Un système à deux niveaux serait mis en place dans le cadre de cette nouvelle déclination de la campagne Doppelgänger. En marge des contenus directement rédigés par des bots, Insider met en avant des publications simplement repartagées sur les réseaux sociaux. Une forme de spam cherchant à inonder les plateformes, le plus souvent postée en réponse à des posts qui n'ont aucun lien direct avec les faits survenus le 22 mars dans la capitale russe. Ces éléments de propagande prorusses ont été compilés par le compte X "@alleyesonwagner". 

Ce dernier fait remarquer qu'ils sont relayés non seulement en anglais, français, russe ou arabe, mais également en polonais. Entre soutiens à la Russie et dénonciations d'actes prétendument commis par les Occidentaux, ils cherchent à faire infuser au sein de l'opinion publique l'idée selon laquelle le régime de Vladimir Poutine serait victime d'attaques répétées, derrières lesquelles les ombres de Washington, Londres ou Paris ne sont jamais loin.


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