Visite de Xi Jinping en France : quels sont les dossiers chauds entre la Chine et l'Europe ?

par F.S. avec AFP
Publié le 6 mai 2024 à 13h28

Source : TF1 Info

Xi Jinping a entamé sa visite sur le continent européen, en commençant par Paris.
Le président de la République populaire de Chine devrait notamment rencontrer Ursula von der Leyen ce lundi.
Une visite sur fond de tensions commerciales et géopolitiques entre les deux puissances économiques.

C'est une visite rare, avec beaucoup d'attentes. Cinq ans après sa dernière visite sur le continent européen, Xi Jinping a été accueilli par Emmanuel Macron, lundi 6 mai, à Paris. Le président français était accompagné, pour l'occasion, de la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen. Objectif : évoquer les dossiers qui opposent l'Europe et la Chine en affichant un front continental uni. L'occasion de revenir sur les différents points de tensions entre les deux puissances.

Tensions économiques

À commencer par les différents commerciaux. Et ils sont nombreux. Menacée d'être prise en tenailles entre les économies américaine et chinoise, l'Europe est divisée sur la stratégie à suivre. Dans un entretien à La Tribune dimanche, Emmanuel Macron a d'ailleurs reconnu que les 27 ne sont "pas unanimes" sur la meilleure méthode. Pour cause, "certains acteurs" estiment toujours que la Chine "est essentiellement un marché de débouchés"  alors qu'elle "exporte massivement vers l'Europe". Une pique à peine voilée à l'Allemagne, souvent accusée de faire cavalier seul pour préserver ses exportations de voitures vers la deuxième puissance économique mondiale. Au contraire, Paris veut prôner l’indépendance stratégique européenne face à la rivalité sino-américaine. Une position similaire à celle adoptée par Ursula von der Leyen.

Car la question des voitures est cruciale. Paris ne cache d'ailleurs pas sa crainte "de voir les véhicules électriques chinois inonder le marché européen grâce à une compétitivité rendue possible par des pratiques déloyales", rappelle Marc Julienne, directeur du Centre Asie de l'Institut français des relations internationales (Ifri). Face à cette industrie, lourdement aidée par la puissance publique, Bruxelles a lancé des investigations sur les subventions étatiques chinoises, accusées de fausser la concurrence. Au total, le pays du Milieu est visé par la Commission européenne dans cinq enquêtes pour concurrence déloyale. Des procédures similaires ont été ouvertes dans les secteurs du solaire, de l'éolien et du ferroviaire, ainsi que sur l'accès aux marchés publics pour les matériels médicaux, liste le chercheur Marc Julienne dans une note.

REPORTAGE - Voitures électriques : plongée dans l'enfer des mines de cobaltSource : Sept à huit

Un combat mené depuis plus d'un an par la présidente de la Commission européenne. Dès juin 2023, Ursula von der Leyen a lancé sa stratégie de sécurité économique de l'Union européenne. Connue pour son franc-parler vis-à-vis du géant chinois, la patronne de l'exécutif de Bruxelles a prévenu qu'elle comptait "agir pour garantir que la concurrence soit équitable et non faussée". Selon elle, "l'Europe ne peut pas accepter" le "commerce déloyal" causé par l'afflux de véhicules électriques ou d'acier chinois fabriqués grâce à des "subventions massives".

Des tensions qui pourraient déboucher sur des hausses des taxes douanières, afin de sanctionner l'importation des voitures chinoises sur le territoire européen. Des mesures jugées "protectionnistes" par Pékin. En représailles, les autorités chinoises ont lancé leur propre enquête visant essentiellement le cognac français, contre laquelle le président français compte s'élever.

L'Ukraine, sujet crucial mais tabou pour Pékin

L'autre dossier brûlant est évidemment le conflit en Ukraine. Le sujet demeure l'une des priorités de la diplomatie française, "qui considère comme existentielle la menace que la guerre fait peser sur la sécurité de l'Union européenne", rappelle le chercheur à l'Iris. Paris veut donc s'assurer que la Chine, principale alliée de Vladimir Poutine, ne bascule pas dans un soutien clair au maître du Kremlin face à Kiev. Pour cela, la France veut dissuader le président chinois de livrer des armes à celui qu'il décrit comme son "ami" russe. Mais Paris poursuit également un autre objectif. Encourager Xi Jinping à "utiliser les leviers" dont il dispose sur Moscou pour "contribuer à une résolution de ce conflit", selon l'Élysée. Deux objectifs qui démontrent que les Européens craignent Xi Jinping autant qu'ils comptent sur lui pour les aider à trouver une solution pour rétablir la paix. Des volontés qui se heurtent de plein fouet à la position chinoise. "Dans l'ensemble, la Chine considère que la guerre d'Ukraine ne la concerne pas et elle refuse de s’y impliquer", résume Marc Julienne.

D'autres sujets ne seront quant à eux pas évoqués, alors qu'ils représentent des obstacles aux bonnes relations avec Pékin. On peut citer en exemple le cas du détroit de Taïwan, une voie maritime vitale pour les exportations européennes vers l'Asie de l’Est, où la situation sécuritaire est en train de se dégrader. Il y a également le cas des ingérences chinoises en Europe - avec des affaires d'espionnage, de corruption et d'influence émanant du Parti communiste chinois de plus en plus nombreuses - ou encore la question des droits humains. Un dossier ultra-sensible, qu'Emmanuel Macron a d'ores et déjà prévu d'évoquer uniquement "derrière des portes closes".


F.S. avec AFP

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