Après la mort de Socayna à Marseille mardi, le collectif des "grands frères" a réuni les locataires de la cité Maison blanche.Certains habitants veulent déménager au plus vite, d'autres réclament davantage de présence policière, mais tous expriment un profond sentiment de lassitude.Regardez ce reportage du 20H de TF1.
Des habitants de la cité Maison blanche de Marseille filment régulièrement, sous leurs fenêtres et en plein jour, des agressions à la kalachnikov ou au couteau. Ce sont souvent les locataires de ces immeubles qui apportent les premiers soins aux blessés, et qui nettoient la scène de crime. "Nettoyer les restes d’un cadavre, est-ce que c’est réellement à nous de le faire ? Non. On le fait parce que les mamans passent. (...) Les quartiers de Marseille sont abandonnés par l’Etat", s'indigne un habitant dans le reportage du 20H de TF1 ci-dessus.
Deux jours après la mort de Socayna, touchée dimanche par une rafale de kalachnikov alors qu'elle se trouvait dans son appartement au troisième étage, la peur n'est pas retombée. "On est beaucoup moins nombreux dehors, comparé à d'habitude", explique un habitant. "Ça fait très peur, avec les enfants. Moi, je ne les laisse pas descendre", témoigne une mère.
45.000 demandes de logement social en attente
Le collectif des "grands frères" a réuni les locataires de la cité Maison blanche, tandis qu'une cellule psychologique a été ouverte par la préfecture. Mais le seul conseil que peuvent donner les organisateurs de la réunion est de rester chez soi, et de ne pas parler aux trafiquants. "J'aimerais bien savoir pourquoi tout ce réseau-là a les clés des sous-sols !", s'énerve un habitant.
Cet homme fait partie des nombreux locataires de ces immeubles qui aimeraient déménager. 45.000 demandes de logement social sont en attente dans tout Marseille. TF1 a rencontré une famille qui est en attente d'un relogement depuis presque dix ans. Leur fils a reçu neuf coups de couteau dans le hall d'entrée et depuis, ils veulent partir à tout prix. "On constitue un dossier, et puis on nous dit : 'On va vous contacter, on essaie de faire le maximum'", témoigne sa mère.
Une ancienne habitante, qui a été relogée après la mort de son neveu, témoigne, elle aussi, d'un "sentiment de colère et de frustration" : "J'ai dû quitter mon quartier où j'habitais depuis l'âge de 14 ans. Ils nous l'ont tué, ils nous l'ont retiré, et c'est à nous de partir."
Une quarantaine de personnes ont été tuées dans des violences liées au narco-banditisme à Marseille depuis le début de l'année.