Les femmes doivent être plus vigilantes face aux maladies cardiovasculaires

par Emma FORTON
Publié le 15 mars 2024 à 17h00

Source : JT 20h Semaine

Chaque année, 76 000 femmes décèdent suite à des maladies cardiovasculaires : c'est la première cause de mortalité.
Alcool, tabac, hypertension, diabète, sédentarité... Il est possible de prévenir les facteurs de risque de ces maladies.
Même si les traitements progressent, ces pathologies sont encore méconnues chez les femmes.

"Les maladies cardiovasculaires sont la première cause de décès chez les femmes en France", rappelle à TF1 Info Gérard Helft, président de la Fédération Française de Cardiologie (FFC) et praticien hospitalier au sein de l’Institut de Cardiologie de la Pitié-Salpêtrière. Chaque jour, en France, la vie de 200 femmes s'arrête suite à une maladie du cœur, soit 76 000 par an. C'est six fois plus que ceux liés à un cancer du sein.

Pourtant, "il y a une réelle méconnaissance des femmes sur ces maladies", alerte le président de la FFC. 74 % des femmes n’identifient pas les maladies cardiovasculaires comme première cause de mortalité féminine. "Elles pensent que c'est une maladie d'homme", assure-t-il. Elles sont plus de la moitié à penser que ces maladies touchent essentiellement les plus de 65 ans, alors qu’il y a un risque croissant chez les 45-54 ans. 

Aussi, elles ont tendance à "négliger ou minimiser leurs symptômes". Ceux-ci sont nombreux : douleur dans le thorax, palpitations, nausée, essoufflement à l'effort... Ils sont souvent faussement interprétés comme du stress ou de la fatigue accumulée. Autre raison : "Elles s'occupent de la santé de leur famille avant de s'occuper de la leur", pour près de 68 % d'entre elles. "La conséquence, c'est qu'elles ne consultent pas les médecins et que nous découvrons trop tardivement ces maladies", constate Gérard Helft. D'où "l'importance du dépistage", martèle-t-il. Celui-ci passe par des prises de sang pour dépister le diabète, un excès de cholestérol, mais aussi la mesure de la tension artérielle.

Des facteurs de risques aggravés et propres aux femmes

Mais avant d'arriver à ce stade, il est possible d'agir individuellement pour limiter les facteurs de risques associés à ces maladies. Hormis le caractère héréditaire, il y a l'alcool et le tabac : entre 30 et 70 ans, quatre décès cardio-vasculaires sur dix sont dus au tabagisme, mais aussi l'hypertension artérielle, le diabète ou l'excès de cholestérol. D'autant plus que "les femmes sont plus sensibles à ces facteurs, ce qui entraîne plus de conséquences", précise le président de la FFC. L'obésité, l'absence ou le manque d'activité physique et la sédentarité jouent également un rôle décisif, tout comme une mauvaise alimentation ou encore le stress. Les femmes sont bien moins nombreuses que les hommes à pratiquer régulièrement une activité physique et elles restent peu à manger au moins 5 fruits et légumes par jour (21 %).

Mais il y a également d'autres facteurs de risques, propres aux femmes : une fragilité sous-estimée durant les trois périodes clé de la vie hormonale féminine. Pendant la période dite contraceptive, l’association tabac et pilule constitue un facteur aggravant majeur. La grossesse peut déclencher des anomalies de la tension artérielle ou du diabète gestationnel qui sont des facteurs de risque cardiologique pour le futur. Comme le révèle Gérard Helft, "les femmes sont plutôt protégées par leurs hormones jusqu’à la venue de la péri-ménopause ou de la ménopause. Ces maladies surviennent généralement après, il faut être vigilant". À cette période, on observe une modification de la répartition des graisses dans le corps, c’est-à-dire moins dans les cuisses et les fesses, mais davantage au niveau de l’abdomen. Cette surcharge pondérale à cet endroit du corps est génératrice d’hypertension. 

Quelques règles sont ainsi à mettre en pratique. D'abord, l’arrêt du tabac, qui peut être responsable de la moitié de la réduction des décès cardiovasculaires. Une activité physique régulière : "30 minutes par jour, c'est essentiel. Ce n'est pas forcément une activité sportive, mais au moins physique", expose-t-il. Cela va de pair avec une alimentation variée et équilibrée, et évitez ou limitez les boissons alcoolisées (ne pas dépasser deux verres par jour et avoir des jours sans consommation). Il est aussi important d'apprendre à gérer son stress, avec de la relaxation/méditation ou l'accompagnement par un psychologue. Enfin, prenez soin de votre sommeil, de sept à huit heures par nuit. 

Des traitements en progrès, une prévention à renforcer

"Les maladies cardiovasculaires sont des maladies chroniques qui nécessitent des traitements à vie pour diminuer les récidives, souligne le président de la FFC. Il y a eu des progrès importants dans la prise en charge de ces maladies, avec des traitements et des médicaments efficaces. Il y a 20 ans, après un infarctus au cœur, la mortalité à un an était de 15 %. Actuellement, elle est de 5 %", détaille-t-il. La FFC a développé un test, accessible sur son site web, qui permet d’évaluer sa situation cardiovasculaire. En répondant à quelques questions, vous obtenez un résultat ainsi que des conseils pour des actions simples et bénéfiques à votre santé. C’est un bon moyen de vous assurer que tout va bien, ou si un doute existe, de consulter votre médecin traitant ou un cardiologue. Ces dernières années, la plupart des recherches ont été centrées sur les hommes. Comme il le nuance, "des études sont menées pour voir s'il y aurait des différences de traitements entre les hommes et les femmes, ce qui est fortement possible". 

Cependant, "il y a eu plus de progrès dans les traitements que dans la prévention de la population", résume Gérard Helft. Celui-ci suggère des "actions au niveau scolaire et une prévention dès l'adolescence, notamment sur la question du tabac". Mais "c'est en train de changer grâce à la sensibilisation par Cœur de femmes au sein de la Fédération. Il faut que les femmes n'hésitent plus à en parler et à consulter", conclut le président de la FFC. 


Emma FORTON

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