Kendji Girac blessé par balle : quelles règles encadrent la détention d'armes à feu ?

par Julien CHABROUT
Publié le 24 avril 2024 à 11h52, mis à jour le 24 avril 2024 à 12h09

Source : JT 13h Semaine

Le chanteur a été blessé par balle au thorax au petit matin, lundi, au sein d'une aire d'accueil des gens du voyage à Biscarrosse (Landes).
L'accident, selon ses déclarations, serait la conséquence de la mauvaise manipulation d'une arme.
Auprès de TF1Info, Yves Gollety, président de la chambre syndicale des armuriers, rappelle les règles juridiques encadrant la détention des armes.

Trois jours après l'accident, les circonstances de la blessure par balle au thorax de Kendji Girac restent floues. Le chanteur à succès de 27 ans aurait indiqué avoir acheté l'arme dans une brocante et s'être blessé en la manipulant, selon une source proche du dossier. Le pistolet semi-automatique, un Colt 45, a été retrouvé un peu plus tard et sans chargeur.

"Ce n'est pas l'arme qui est dangereuse, c'est le tireur"

Joint par TF1Info, Yves Gollety, président de la chambre syndicale des armuriers, rappelle que les blessures par armes à feu ne peuvent survenir qu’en raison d’une "méconnaissance des armes et d’une conjugaison d’erreurs de manipulation", notamment la prise de l’arme du mauvais côté et un appui accidentel sur la queue de détente. "Ce n’est pas l’arme qui est dangereuse, c’est le tireur. Si l’on respecte toutes les règles de sécurité, il n’y a aucun souci", souligne cet armurier à Paris.

Les blessures accidentelles par armes à feu sont rares. Quelques accidents ont malgré tout eu lieu ces dernières années dans des clubs de tir sportif, notamment à Allauch (Bouches-du-Rhône) en avril dernier, à Fréjus (Var) en 2018 et à Deauville (Calvados) en 2007. Les blessures peuvent être graves. Le Colt 45 de calibre 11.43 d'où le tir est parti provoque des blessures importantes, indique Yves Gollety. Grièvement blessé, le chanteur a dû être opéré car il présentait une "plaie par balle au niveau du thorax" et "ressortant au niveau du dos", indiquait le communiqué diffusé lundi soir par le procureur de Mont-de-Marsan Olivier Janson. "Ces armes ont par exemple été utilisées par les Américains pendant la Seconde Guerre mondiale", rappelle le président de la chambre syndicale des armuriers. En France comme ailleurs, les forces de l’ordre ont depuis délaissé ces gros calibres au profit, par exemple, des 9 mm.

Des nouvelles règles

Le Colt 45 est une arme de catégorie B, et sa détention, comme toute arme de ce type, est normalement soumis à autorisation, encadrée par des règles précises. Un tireur sportif qui souhaite acheter une arme de catégorie B et la détenir chez lui doit ainsi obligatoirement avoir créé au préalable un compte SIA, le système d’information sur les armes du ministère de l’Intérieur. Depuis le 27 février 2024, l'autorisation d'acquérir ou de détenir une arme de catégorie B est à demander en ligne après avoir créé ce compte SIA.

Un tireur sportif doit remplir une dizaine de conditions s’il souhaite détenir ce type d’arme, notamment un pistolet ou un revolver. Il faut, par exemple, ne pas être inscrit au Fichier national des interdits d’acquisition et de détention d’armes (FINIADA) et avoir un casier judiciaire exempt de condamnations à certaines infractions. Par ailleurs, il doit obtenir un certificat médical daté de moins d’un mois et être dans un état physique ou psychique compatible avec la détention de ce type d’arme. 

En outre, l’arme de catégorie B, ses éléments et ses munitions doivent être conservées dans un coffre-fort ou une armoire forte adaptés au type de matériels détenus, ou bien dans une pièce forte comportant une porte blindée et dont les ouvrants sont protégés par des barreaux. "Notre réglementation sur le port d’armes est l’une des plus restrictives d’Europe", souligne Yves Gollety.

Le professionnel rappelle par ailleurs qu’il est légalement impossible d’acheter dans des brocantes des armes comme un Colt 45. "Ce type d’arme ne peut être vendu que par un vendeur agréé", précise-t-il. De même, les brocanteurs n’ont théoriquement pas le droit de vendre des armes neutralisées, c’est-à-dire rendues inoffensives. Ces dernières, qui étaient libres d’acquisition et de détention jusqu’en 2018, sont depuis classées à la catégorie C et sont dorénavant soumises à déclaration. 


Julien CHABROUT

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