Serions-nous tous des "ambivertis" qui s'ignorent ?

par Sabine BOUCHOUL pour TF1 INFO
Publié le 6 mai 2024 à 13h00

Source : JT 13h WE

Vous aimez faire la fête, mais préférez les petits groupes ? Vous n'avez pas problème à rester seul de temps en temps pour recharger vos batteries ?
Vous n'êtes ni introverti, ni extraverti ? Peut-être, êtes-vous tout simplement "ambiverti".
Ce terme psychologique méconnu désigne une personnalité "flexible" qui apprécient l'énergie extérieure et chérit également ses moments de solitude.

D’un côté, il y a ces personnes qui adorent la compagnie des autres, qui aiment être le centre de l’attention et faire le « show ». On les appelle les "extravertis". De l’autre, ceux qui préfèrent le calme intérieur, la solitude et l’introspection. Ce sont les "introvertis". Et puis, il y a ceux qui ne sont ni l’un ni l’autre ou bien les deux à la fois. C’est l’ambiversion, un terme apparu pour la première fois dans les années 1920 dans la littérature psychologique et médiatisé depuis une dizaine d’années seulement. 

L’ambiversion ou la personnalité "flexible"

C’est au psychiatre Carl Gustav Jung que l’on doit les notions d’extravertis et d’introvertis. D’après lui, les extravertis ont "un intérêt pour les événements, les personnes et les objets, une relation avec eux [voire] une dépendance à ceux-ci". Très sociables, ils sont à l’aise dans toutes les situations. À l’inverse, les introvertis préfèrent tirer leur énergie de leurs mondes intérieurs, de leurs idées ou de leurs sentiments. Ces personnes sont plus discrètes et ont besoin de calme pour recharger leurs batteries. Or, beaucoup de personnes ne se retrouvent pas dans ce spectre. C’est de cette opposition aux deux catégories classiques de personnalité qu’est née la notion d’ambiversion. 

Si le terme d’ambiverti existe depuis plus de 80 ans, il a fallu attendre 2013 pour qu’il refasse surface à l’occasion d’une étude menée Adam Grant, chercheur et psychologue à l’université de Pennsylvanie. Ce sont des personnes qui parviennent à "s’auto-réguler". Elles peuvent aussi bien passer du temps avec les autres et s’octroyer des moments de solitude chez soi. Ils savent comment naviguer entre les différentes situations en optant pour leur propension à l’introversion ou l’extraversion. Pour le chercheur, les ambivertis "s’engagent naturellement dans un modèle flexible de conversation et d’écoute". 

Comment savoir si j’ai une personnalité ambivertie ?

Le test de personnalité Myers-Briggs Type Indicator (MBTI) permet d’en savoir un peu plus sur son profil. Très répandu depuis sa création dans les années 1970, il est très largement utilisé dans le monde du travail et de l’enseignement et a popularisé le concept de "type de personnalités" et notamment l’introversion et l’extraversion. 

Le journaliste américain Daniel Pink, lui, a imaginé un test d’une vingtaine de questions pour permettre de savoir quel est le taux d’ambiversion chez une personne. Parmi les questions : "est-ce que j’aime attirer l’attention sur moi ?" , "est-ce que j’ai tendance à rester silencieux lorsque je suis entouré d’inconnus ?", "est-ce que j’entame des conversations avec des inconnus ?".

 

Cependant, pour les psychologues et les experts, il n’est nullement nécessaire d’essayer de poser une étiquette sur les personnalités de chacun. "Il est dans notre nature humaine d’avoir des capacités introverties et extraverties", explique Scott Barry Kaufman, chercheur en sciences cognitives à l’université Columbia de New York et fondateur du Center for Human Potential. Dans National Geographic, il ajoute "nous avons tous vécu des situations qui ont fait ressortir notre côté sauvage et d’autres où nous avons eu envie de nous recroqueviller sur nous-mêmes et d’être seuls ». D’ailleurs, Carl Gustav Jung l’écrivait lui-même : « Il n’existe pas de pur introverti ou de pur extraverti. Un homme pareil serait condamné à passer sa vie à l’asile". Serions-nous donc tous des ambivertis ?


Sabine BOUCHOUL pour TF1 INFO

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