VIDÉO - Alimentation : comment expliquer les rappels de produits en série ?

par Audrey LE GUELLEC Reportage TF1 - Thomas Jarrion, Patrick Ninine et Bixente Hacala
Publié le 25 octobre 2023 à 16h34

Source : JT 13h Semaine

Des lots de bouteilles de lait vendues par les marques Candia, Grandlait ou encore Silhouette sont rappelées depuis lundi dans toute la France.
Si les rappels de produits semblent s'enchainer dans l'Hexagone, les intoxications alimentaires graves sont, elles, devenues rarissimes.
Le fruit de nouvelles méthodes de contrôle et d'alerte mises en place ces dernières années.

Cela devient de plus en plus commun pour les Français. Cette semaine encore, plusieurs produits font l'objet de campagnes de rappel. Le site du gouvernement Rappel Conso a notamment émis ce lundi plusieurs alertes sur différents produits laitiers vendus dans la majorité des enseignes de grande distribution. En raison d'un "défaut organoleptique", c'est-à-dire une altération anormale de l'odeur et/ou du goût du lait vendu dans des bouteilles, plusieurs marques dont Candia, Grandlait ou encore Silhouette demandent à leurs clients de ne pas consommer certains lots achetés en supermarché.

Ces derniers viennent s'ajouter à de nombreux autres produits, tels que des quenelles, de la truite ou encore du salé aux lentilles, actuellement concernés par des rappels et affichés à ce titre dans les rayons des grandes surfaces. Sur le site Rappel Conso, des dizaines de pages égrainent ces produits impropres à la consommation, mais sont-ils pour autant plus nombreux qu'auparavant ? 

Plus de signalements

Sollicité par une équipe de TF1, le ministère de l'Agriculture qui détient les statistiques, n'a pour l'heure pas donné suite. Ce qui est sûr, en revanche, c'est que les signalements, eux, ont augmenté. C'est particulièrement le cas depuis la mise à disposition de l'application SignalConso qui permet d'alerter les autorités en un clic. Ainsi, 150.000 signalements ont été recensés en 2021, 220.000 en 2022 et déjà 210.000 en 2023.

"Il faut commencer par rappeler que depuis avril 2021, le rappel de produits est accessible au public sur le site du gouvernement rappel.conso.gouv.fr. Forcément, à partir du moment où il y a un service dédié et accessible à tous, il y a aussi plus de médiatisation autour de ces rappels", nous expliquait dans une précédente interview le professeur François-Xavier Weill, médecin et micro-biologiste, à la tête de l'unité des Bactéries pathogènes entériques de l'Institut Pasteur. Et de poursuivre : "Certains cas ont été plus médiatisés que d'autres, également par ce qu'ils concernaient de gros groupes et qu'ils touchaient par ailleurs nos enfants".

Plus on cherche, plus on trouve

Cela n'explique pas tout, estiment toutefois certaines ONG selon lesquelles les industriels devraient faire plus de contrôles avant de commercialiser leurs produits. "Ils s'autocontrôlent eux-mêmes et c'est à eux de déclarer quand il y a un problème, alors parfois, on se rend compte que les produits sont rappelés un peu tard pour que le consommateur puisse vraiment avoir l'information", explique dans le reportage en tête de cet article Camille Dorioz.

En revanche, pour l'institut Pasteur et ses chercheurs, s'il y a plus de rappels, c'est aussi parce qu'il est plus facile et rapide aujourd'hui de détecter des contaminations qu'avant. En clair, plus on cherche, plus on trouve. "Depuis cinq ans, dans le cadre de notre mission de surveillance, nous sommes passés au séquençage de l'ADN complet, ce qui nous permet de dépister des épidémies au tout début. C'est une vraie révolution, car on peut maintenant savoir s'il y a un cas groupé dès la détection sur le plan national de deux souches partageant la même séquence", expliquait à ce sujet François-Xavier Weill. "Grâce à cela, on est passé en quelques années de dizaines de signaux d'alerte à une centaine par an. Donc si le chiffre est plus élevé, ce n’est pas parce qu’il y a plus d’infections alimentaires, mais que l’on est plus performant dans la détection", illustrait-il encore.

Suspicion de listeria, E. coli, salmonelle... si les causes de ces procédures de rappel sont multiples, la santé des consommateurs est chaque fois en jeu avec des risques potentiels importants. Pourtant, en dépit du fait que les rappels de produits s'enchainent, notons que les intoxications alimentaires graves, elles, sont devenues rarissimes.


Audrey LE GUELLEC Reportage TF1 - Thomas Jarrion, Patrick Ninine et Bixente Hacala

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