VIDÉO - "Ça me coûterait plus d’argent que ça ne m’en rapporterait" : le bonus réparation divise les cordonniers

par L.H | Reportage : Arsène Gay, Lucie Guido
Publié le 6 janvier 2024 à 20h38

Source : TF1 Info

Le bonus réparation, une aide financière de l’État versée pour raccommoder un produit endommagé, est surtout connu pour l'électroménager, mais il existe aussi sa version chaussure.
Pourtant, très peu de cordonniers l'ont mis en place, alors qu’en période d'inflation, le dispositif aurait de quoi attirer.
Le 20H de TF1 s'est penché sur la question.

Le bonus réparation, lancé début novembre 2023, va de 5 à 25 euros pour le textile et les chaussures, mais très peu de cordonneries le proposent. En France, sur environ 3500 cordonneries, seulement 274 sont labellisées, soit moins d’une sur dix. Il n’y en a d’ailleurs aucune à Cherbourg, Saint-Nazaire, Grenoble ou Aix-en-Provence. Mais alors pourquoi la majorité des cordonniers n’adoptent pas le label bonus réparation

Le premier argument est administratif : Jean-Claude, cordonnier, devrait déclarer chaque réparation éligible au bonus s'il y adhérait. "Il faut prendre les photos de la chaussure avant, puis faire des photos une fois la réparation faite. Ça prend du temps, il y a un tas de paperasses à remplir, et on n’a pas le temps. Il faudrait que je prenne une personne pour faire ça. Au total, ça me coûterait plus d’argent que ça ne m’en rapporterait", estime-t-il auprès du 20H de TF1, dans le reportage visible en tête de cet article. 

Autre crainte pour l'artisan : les délais de remboursement. "C’est généralement entre deux ou trois mois. Moi je n’ai pas suffisamment de trésorerie pour attendre deux ou trois mois !", regrette-t-il. 

"On a des augmentations de chiffres d'affaires entre 30 et 50%"

À Metz, une cordonnerie affiche au contraire fièrement son label sur sa devanture. Le patron, Thierry, préside un grand syndicat de cordonnier, et croit dur comme fer au bonus réparation. En deux clics sur sa tablette, la ristourne est appliquée. Vient alors le fameux moment des photos, qui lui prend quelques secondes : "Ce n’est pas plus compliqué que de se servir d’un téléphone portable !", assure le commerçant.

Thierry affirme que le remboursement ne prend qu’un mois seulement. Pour lui, la déclaration est bien plus simple que ce que croient les cordonniers, et offre surtout beaucoup plus d'avantages. "Des gens sont venus en disant : 'J’ai vu que vous étiez labellisé, vous avez le bonus réparation'. Ils sont venus exprès et c’est significatif puisqu’on a des augmentations de chiffres d'affaires entre 30 et 50% pour la réparation de chaussures", se réjouit-il.  Le dispositif a cinq ans pour faire ses preuves. D’ici là, ce commerçant espère convaincre beaucoup plus de confrères. 


L.H | Reportage : Arsène Gay, Lucie Guido

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