Cancer de Kate : "Elle a voulu choisir le moment de son annonce, mais ne pouvait plus attendre davantage"

Publié le 23 mars 2024 à 17h39, mis à jour le 23 mars 2024 à 18h17

Source : JT 13h WE

L'annonce du cancer de Kate Middleton, dans une vidéo diffusée vendredi, a provoqué une onde de choc au Royaume-Uni.
Elle intervient au moment où les rumeurs les plus folles circulaient au sujet de la santé de l'épouse du Prince William.
Christophe Gillissen, professeur de civilisation britannique et irlandaise à l’Université de Caen, décrypte pour TF1info cette séquence périlleuse pour la famille royale.

Elle a enfin brisé le silence. Dans une vidéo diffusée vendredi 22 mars au soir sur les réseaux sociaux, Kate Middleton révèle être atteinte d'un cancer et suivre un traitement de chimiothérapie préventive. Une révélation qui intervient après deux mois de silence et de rumeur suite à l'intervention chirurgicale qu'elle a subi en janvier dernier. Le roi Charles III atteint lui aussi d'un cancer, Buckingham Palace s'est mis en quête d'un nouvel assistant en communication. Professeur de civilisation britannique et irlandaise à l’Université de Caen, Christophe Gillissen analyse pour TF1Info cette période délicate pour la famille royale.

L’annonce du cancer de Kate Middleton, c’est un coup de tonnerre pour la monarchie britannique ? Pour les Britanniques, tout court ?

Pour les deux ! On savait que Kate avait été hospitalisée et qu’elle avait subi une intervention chirurgicale. Mais sans plus de précisions. Les rumeurs se sont répandues entre-temps et cette révélation vendredi intervient au moment où le grand public ne s’y attendait pas. Pour la monarchie, ça tombe mal. Avec Charles III et maintenant sa belle-fille, c’est le cœur de la famille royale qui est touché car il s'agit de deux personnalités d’ordinaire sur le devant de la scène. C’est le contrat qui existe entre la monarchie et la population britannique, avec les médias comme intermédiaires : il faut être visible, il faut incarner. Dès lors que cette fonction, cette mise en scène n’est plus assurée, ça commence à tanguer.

Kate dit avoir voulu choisir son moment, mais elle ne pouvait plus attendre davantage
Christophe Gillissen

La communication autour de la santé de la princesse a été très critiquée ces dernières semaines. Désormais tout est oublié ?

Aujourd’hui on comprend beaucoup mieux le silence, cette période de vide de deux mois au cours de laquelle les rumeurs se sont amplifiées, avec des hypothèses parfois farfelues. On peut imaginer que la diffusion de la vidéo de Kate a beaucoup calmé les esprits. Mais ça risque de repartir. Si elle semble indiquer qu’elle est en voie de guérison, on va forcément s’interroger sur la nature de ce cancer. Or on n’en sait rien, comme on ignore tout de la nature du cancer du roi. Elle parle de chimiothérapie préventive et on espère que ce sera efficace. Mais si le doute persiste, certains ne se priveront pas pour l’alimenter, que ce soit sur les réseaux sociaux ou dans certains journaux britanniques peu scrupuleux. Si elle réapparaît vite dans des fonctions officielles, il se dissipera. En revanche, si elle reste invisible pendant un mois, deux mois, voire plus, ça risque d'être compliqué.

Peut-on dire que cette révélation a été contrainte et forcée par les événements des dernières semaines ?

On comprend très bien que la princesse ait subi une opération lourde, qui nécessite le temps de s’en remettre. De gérer ensuite les résultats des examens avec les conséquences que ça peut avoir pour elle, au sein de son couple, avec sa famille et ses enfants. Sauf que le silence a duré trop longtemps et a laissé place aux polémiques les plus délirantes comme cette histoire de photos retouchées. Dans son discours, Kate dit avoir voulu choisir son moment. Mais je crois qu’elle ne pouvait plus attendre davantage.

Kate Middleton, dans la vidéo diffusée vendredi 22 mars sur les réseaux sociaux
Kate Middleton, dans la vidéo diffusée vendredi 22 mars sur les réseaux sociaux - X/Kensington Palace

Comme Charles III, Kate ne précise pas de quel type de cancer elle est atteinte. Peut-on vraiment parler de transparence dans ces conditions ?

C’est une transparence relative, oui. Mais c’est une nouveauté car autrefois elle était totalement absente. On dispose d'informations qu’on n’aurait jamais eues il n’y a pas si longtemps. Ça traduit une volonté assez évidente de la part du monarque d'informer davantage sur sa santé. Mais tous les chefs d’État restent malgré tout très prudents sur ces questions-là car il en va de leur image et de leur fonction. Et puis il y a tout simplement le fait que les diagnostics ne sont jamais sûrs à 100%. Une prudence médicale s’ajoute à la prudence politique.

L’émotion est sans doute immense parce que Kate est très populaire. Pourquoi les Britanniques l’aiment-ils autant ?

C’est une sorte d’alchimie très difficile à analyser et à expliquer. Je crois qu’il y a chez elle une forme de simplicité, au moins apparente, dans la manière dont elle apparaît en public, lorsqu’elle serre les mains, etc. C’est fait de bonne grâce, avec le sourire, sans chichis. Sans jamais aucun geste d’humeur. Ce n’est pas une diva, contrairement peut-être à sa belle-sœur Meghan. Elle a accepté les contraintes liées au protocole, aux usages, aux pressions aussi. Tout ça, ajouté aux trois beaux enfants qu’elle a eus avec le Prince William, fait que la population a développé une certaine estime et même de l’affection pour elle.

Pourrait-elle devenir un symbole, une porte-parole pour les femmes frappées par le cancer à un jeune âge ?

C’est quelque chose qui était déjà perceptible dans la déclaration du roi sur son cancer :  cette demi-transparence de la part des membres de la famille royale est justifiée par le fait que ces problèmes de santé touchent beaucoup de leur sujets. Dans le cas de Charles III, ils sont sans doute nombreux à s'être dits : "et si j’allais me faire dépister ?". Dans le cas de Kate Middleton, on parle d’une mère de famille avec trois jeunes enfants, confrontée à la maladie. Il y aurait une logique, lorsqu’elle sera rétablie, à ce qu’elle joue un rôle plus prononcé sur ces questions de santé. Si j’étais son conseiller en communication, ce serait une suggestion que je lui ferais !

Justement : Buckingham s’est mis en quête d’un nouvel "assistant en communication". La future recrue va avoir beaucoup de boulot, non ?

Il y a déjà une équipe. Or on a vu que si elle était en mesure de faire face à des situations "normales", elle s’est retrouvée dépassée par les événements depuis le début de l’année. D’où ce recrutement. Si vous regardez l’annonce, ce n’est pas une sinécure. Ça nécessite une grande disponibilité, le sens de l’initiative et pas mal de tact. De toute évidence il va falloir mettre en place une communication plus "performante" pour les mois à venir, quelle que soit l'évolution de la santé de Charles et de Kate.


Jérôme VERMELIN

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