Mort d'Elizabeth II : Charles III, un nouveau roi pour l'Angleterre

Publié le 8 septembre 2022 à 19h46, mis à jour le 9 septembre 2022 à 9h01

Source : TF1 Info

Le prince Charles accomplit enfin le destin qui a été dessiné pour lui avant même sa naissance.
Âgé de 73 ans, le prince de Galles succède à sa mère Elizabeth II sur le trône britannique.
Le point d’orgue d’une vie dédiée au service, dans le plus pur respect des traditions qu’il a toutefois subtilement tenté de moderniser.

Né pour régner, il aura attendu plus que n’importe quel autre héritier de la couronne britannique. Le prince Charles accomplit sa destinée après plus de six décennies de préparation intensive. Le voilà désormais roi d’Angleterre à l’âge de 73 ans. Un rôle unique qu’il se doit d'honorer alors qu’il pleure encore son être le plus cher. Le fils aîné de la reine Elizabeth II, décédée à l’âge de 96 ans, a grandi dans cet entre-deux permanent. Lui l’enfant sensible et torturé que les Britanniques ont fini par détester avant de le réhabiliter.

Une relation difficile avec ses parents

Elizabeth n’est encore que princesse quand Charles naît en 1948. Quatre ans plus tard, il assiste sagement au couronnement de sa mère entre sa grand-mère et sa tante Margaret. Des milliers de Londoniens en liesse se pressent devant Buckingham pour tenter d’apercevoir le clan Windsor. Sauf qu’en coulisses, la famille parfaite n’a rien d’idyllique. En particulier pour le fils aîné qui connaîtra des premières années bien différentes de celles de sa sœur Anne, née en 1950, et de ses frères Andrew et Edward, nés en 1960 et 1963. Comme si son prénom controversé, celui jadis porté par un roi sanguinaire exécuté au XVIIe siècle, avait préfiguré son parcours singulier.

La reine Elizabeth II et son fils Charles sur une photo non datée.
La reine Elizabeth II et son fils Charles sur une photo non datée. - INP / INTERNATIONAL NEWS PHOTOS (INP) / AFP

Ses amis évoquent une enfance isolée, marquée par des relations difficiles avec ses deux parents. Entre un prince Philip autoritaire, qui le rabaisse, et une Elizabeth occupée par ses fonctions et "détachée", comme il le confia lui-même. C’est auprès de Lord Mountbatten, son grand-oncle tué dans un attentat de l’IRA en 1979, qu’il trouve une figure parentale aimante. 

Décrit comme "très sensible" par ses proches, le jeune Charles est le premier héritier du trône à se passer d’un précepteur à domicile pour un enseignement à l’école. À 13 ans, il est envoyé en Écosse à la Gordonstoun School où a déjà étudié son père. L’établissement est réputé pour son éducation très stricte. 

Censées endurcir les caractères, les courses en pleine nature et les douches froides provoquent l’effet inverse sur le prince qui se renferme un peu plus. De son propre aveu, ces années au pensionnat furent les pires de sa vie.

Homme de lettres et défenseur acharné de l'environnement

Son expérience en Australie au premier semestre 1966 lui laisseront un bien meilleur souvenir. Ses tous premiers professeurs le décrivent comme "un bon élève, dans la moyenne". Mais Charles va se distinguer davantage de ses ancêtres en devenant le premier héritier du trône britannique à passer des examens scolaires et le premier à décrocher un diplôme universitaire. Il boucle au Trinity College de Cambridge un cursus en archéologie et anthropologie en 1970. 

Homme de lettres, il écrit lui-même plusieurs ouvrages. Il joue du piano, de la trompette et du violoncelle. Et va jusqu'à se produire avec l’orchestre symphonique de son université. Comme son père, il adore la peinture.  Il parle couramment le français, l’allemand et le gallois qu'il a passé un semestre à apprendre avant d’être investi prince de Galles au château de Caernarfon le 1er juillet 1969. Un moment clé de son existence, reproduit à la perfection dans la série The Crown.

Charles n’échappe pourtant pas au passage obligé d'une carrière militaire. D’abord la Royal Air Force, où il suit une formation de jet pilote, puis la Navy comme son père. Sans en faire son métier pour autant. Du prince Philip, il a hérité de la volonté d’aider les jeunes défavorisés du royaume. Patron de plus de 400 organisations, il fonde en 1976 l’organisation caritative Prince’s Trust qui a permis à plus de 80.000 jeunes entrepreneurs de monter leur business. Parmi eux, l’acteur Idris Elba qui a pu financer son école de théâtre grâce à une bourse offerte par l’association.

Du prince Philip, Charles a aussi hérité un amour inconditionnel de la nature. Plus militant acharné que personnalité royale effacée, il prône une industrie responsable et se pose en défenseur de l’environnement. S'il se déplace en Jaguar quand il est à Londres, c'est dans un modèle électrique. On l’a même vu présenter la météo sur la BBC. Partisan d'une médecine alternative, il loue les bienfaits de l’homéopathie. Il dit aussi parler à ses plantes pour les aider à grandir. 

Duc de Cornouailles depuis l’âge de 4 ans, il se soucie des terres de son duché du sud-ouest de l’Angleterre où il met en place une agriculture biologique et lance la marque Duchy Originals – désormais propriété de la chaîne de supermarchés Waitrose. De quoi faire de lui aujourd’hui l’un des propriétaires terriens les plus riches du royaume. 

Fondé comme une source de revenus privés pour l’héritier du trône, le duché sera désormais entre les mains du prince William. Une terre estimée à 763 millions de livres d’autant plus lucrative qu’elle est exemptée d’impôts par la loi, ce qui est fait grincer quelques dents outre-Manche.

Sa vie amoureuse agitée enrichit les tabloïds

Figure polarisante, le prince Charles est familier des scandales. Du plus amusant au plus sérieux. À 14 ans, il fait la Une de la presse après avoir tenté de commander un brandy à la cerise dans un pub écossais. À 67 ans, il défraie la chronique avec la publication de lettres manuscrites confidentielles envoyées aux membres du gouvernement dans lesquelles il sort de son droit de réserve royal. 

Si ces "Black Spider memos" ne soulèvent pas les foules, la bataille judiciaire menée par les Windsor à coup de millions de pounds interroge davantage. Mais c’est sa vie amoureuse agitée qui excite le plus les tabloïds. Son histoire avec Diana Spencer enflamme le monde. Mieux, leur mariage le 29 juillet 1981 fait office de parenthèse enchantée pour une population britannique marquée par les grèves, les tensions sociales et les émeutes.

Malgré la naissance des princes William et Harry en 1982 et 1984, le conte de fées explose. Le couple se sépare en 1992, le divorce est prononcé quatre ans plus tard. Diana finira par concéder à la télévision qu’ils étaient "trois dans ce mariage", évoquant l’amour de jeunesse de son prince Camilla Parker-Bowles. La presse se délecte de cette "guerre des Galles" jusqu’à la disparition tragique de Lady Di dans un accident de la route en août 1997. 

Charles s’envole pour Paris pour ramener la dépouille de son ex-femme en Angleterre. Huit ans plus tard, l’héritier du trône épouse Camilla après une vaste opération de communication du palais pour préparer le public à cette nouvelle union. Et, comme l'a voulu la Reine, Camilla sera bien reine consort lorsque le prince Charles lui succèdera sur le trône d'Angleterre.

La famille royale pose sur les photos officielles du mariage du prince Charles et Camilla Parker-Bowles, le 9 avril 2005 à Windsor.
La famille royale pose sur les photos officielles du mariage du prince Charles et Camilla Parker-Bowles, le 9 avril 2005 à Windsor. - HUGO BURNAND / POOL / AFP

La saison 4 de la série The Crown est revenue entacher l'image positive que Charles avait mis du temps à reconstruire auprès du public. Il s’est notamment attiré la sympathie des Britanniques lors des funérailles de son père Philip en avril 2021, lors desquelles il est apparu très affecté. Grand-père aimant de cinq petits-enfants, il a aussi passé ces derniers mois en guerre ouverte avec son fils Harry qui s’est exilé aux États-Unis avec son épouse Meghan. Autant de plaies familiales qui ne devraient pas faciliter son début de règne.


Delphine DE FREITAS

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