"Malhonnête" : Roger Waters répond aux accusations d'antisémitisme après un concert polémique à Berlin

par M.L (avec AFP)
Publié le 27 mai 2023 à 12h12, mis à jour le 27 mai 2023 à 13h59

Source : TF1 Info

Roger Waters se retrouve au cœur d'une polémique en Allemagne sur fond d'accusations d'antisémitisme.
En cause, un costume évoquant l'uniforme d'un officier nazi porté par le co-fondateur du groupe Pink Floyd lors d'un concert à Berlin le 17 mai.
Dans un communiqué, le chanteur britannique dénonce la "mauvaise foi" de ses détracteurs.

Il tente de couper court à la polémique qui ne cesse d'enfler depuis son concert à Berlin, le 17 mai dernier. L'ex-Pink Floyd Roger Waters a accusé ses détracteurs de "mauvaise foi" après l'annonce de l'ouverture d'une enquête de la police allemande suite à ce spectacle controversé, qui lui vaut de nombreuses critiques. Le chanteur et compositeur britannique y arborait notamment une tenue évoquant un officier SS et affichait sur grand écran le nom d'Anne Frank, l'adolescente juive allemande morte en camp de concentration.

"Mon récent concert à Berlin a généré des attaques de mauvaise foi de la part de ceux qui veulent me réduire au silence car ils sont en désaccord avec mes opinions politiques", a réagi vendredi Roger Waters dans un message publié vendredi soir sur ses comptes Instagram et Twitter.

"Les aspects de mon concert qui ont été mis en cause constituent clairement un message contre le fascisme, l'injustice et le sectarisme sous toutes ses formes" et toute tentative d'y voir autre chose "est malhonnête", a-t-il ajouté. "J'ai passé toute ma vie à dénoncer l'autoritarisme et l'oppression partout où je les vois", a aussi poursuivi le chanteur, affirmant notamment que ses parents "ont combattu les nazis pendant la seconde guerre mondiale", et que son père en avait "payé le prix ultime"

La police berlinoise avait annoncé vendredi l'ouverture d'une enquête, suite à des plaintes, "sur des soupçons d'incitation à la haine car les vêtements portés sur scène sont susceptibles de glorifier ou de justifier le régime national-socialiste et de troubler l'ordre public", selon un porte-parole.

"Il propage l'antisémitisme"

Sur les images diffusées sur les réseaux sociaux, le chanteur apparaît vêtu d'un long manteau noir marqué d'un symbole rappelant la croix gammée et de brassards rouges lors du concert. Sur certaines apparaît aussi un immense cochon gonflable noir frappé de différents symboles, dont une croix de David, qu'il a l'habitude de déployer pendant ses spectacles. Plusieurs médias ont évoqué aussi des inscriptions, en lettres rouges sur un écran durant le concert, des noms d'Anne Frank et de Shireen Abu Akleh, journaliste vedette palestino-américaine de la chaîne Al Jazeera tuée lors d'un raid israélien en mai 2022.

"Malheureusement, les procédures judiciaires engagées contre lui ont jusqu'à présent tourné en sa faveur - bien qu'il propage l'antisémitisme et qu'il soit soupçonné d'incitation à la haine", a réagi samedi le délégué du gouvernement allemand à la lutte contre l'antisémitisme, Felix Klein. "J'en appelle à la vigilance de la police et de la justice et j'encourage d'autres dénonciations."

Le concert berlinois a suscité de vives critiques en Israël. Le ministère israélien des Affaires étrangères a ainsi reproché mercredi à Waters d'avoir "souillé la mémoire d'Anne Frank et des six millions de Juifs assassinés pendant l'Holocauste". "Waters veut comparer Israël aux nazis", il est "l'un des plus grands détracteurs des Juifs de notre époque", a réagi sur Twitter l'ambassadeur israélien à l'ONU, Danny Danon. En France, la Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme (Licra) a aussi accusé sur le réseau social le chanteur d'être "antisémite"

Les autorités de Francfort ont annulé un concert du chanteur britannique ce dimanche, mais la décision a été invalidée par un tribunal administratif au nom de la liberté d'expression. Une manifestation contre la venue de Roger Waters dans la ville est prévue à l'appel de la communauté juive locale et du parti des Verts notamment. 

Propos controversés sur la guerre en Ukraine

L'ex-Pink Floyd, 79 ans, s'est illustré ces dernières années par des prises de position contre Israël, en appelant à des actions de boycott des produits israéliens au nom de la défense de la cause palestinienne et en exhortant d'autres artistes à ne pas se produire dans ce pays. Ce n'est pas la première fois que l'un de ses concerts déclenche la polémique : en février 2020, la branche latino-américaine du Centre Simon-Wiesenthal avait lancé une virulente campagne contre sa venue au Mexique pour un spectacle, l'accusant de "diffuser un message violent et raciste"

Le cofondateur du groupe de rock a aussi tenu des propos controversés sur la guerre en Ukraine. Il avait notamment affirmé "condamner dans les termes les plus forts" l'offensive de Moscou, tout en ajoutant qu'"il n'est pas vrai que l'invasion russe de l'Ukraine ait été non provoquée", lors d'un discours le 8 février devant le Conseil de sécurité de l'ONU où il avait été invité par la Russie à s'exprimer. "Alors je condamne aussi les provocateurs dans les termes les plus forts", avait-il ajouté, déclenchant la colère de Kiev

À l'inverse, Pink Floyd avait publié en avril dernier sa première chanson originale depuis 1994, en soutien au peuple ukrainien. Polly Samson, une des parolières du groupe, également compagne de son chanteur et guitariste David Gilmour, avait alors qualifié Roger Waters d'"antisémite" et d'"apologiste de Poutine". Des accusations qu'il avait rejetées en bloc.


M.L (avec AFP)

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