La comédie multi-récompensée aux Emmy Awards revient ce mercredi 15 mars pour une troisième saison qui pourrait être la dernière.La suite du parcours aussi touchant qu’improbable d’un Américain embauché pour diriger un club de Premier League alors qu’il ne connaît rien au football.Hilarante, profonde et émouvante, la série co-créée par Jason Sudeikis s’impose parmi les meilleures de ces dernières années.
C’est l’histoire d’un petit miracle. Celle d’un coach de football américain moustachu qui a conquis le monde avec sa bienveillance en pleine pandémie. Une pépite de bonne humeur qui, depuis trois ans, fait le bonheur de la plateforme de streaming AppleTV+, à qui elle a offert 11 Emmy Awards. À l’été 2020, Ted Lasso quitte son Kansas natal pour prendre les commandes de l’AFC Richmond, un club de football anglais évoluant en première division. Sauf que le sport qu’il appelle soccer n’est pas franchement sa tasse de thé... De l’incompréhension des règles et du choc des cultures naîtra un comique de situation savoureux. Mais pas que.
De spot de pub à succès mondial
Le personnage de Ted Lasso est né sept ans plus tôt dans une série de publicités pour promouvoir la Premier League, la Ligue 1 anglaise, sur NBC Sports. Après une décennie à faire rire les Américains dans le "Saturday Night Live", Jason Sudeikis entraîne avec lui ses amis Joe Kelly et Brendan Hunt pour façonner ce coach d’abord arrogant et à côté de la plaque. "On a passé un super moment tous les trois sur ces sketchs", se remémore pour TF1info Brendan Hunt, qui incarne Coach Beard, le bras droit du héros. "C’est Jason qui en premier nous a dit : 'Il y a quelque chose à faire ici. Peut-être un film, peut-être une série ou juste d’autres spots mais il y a quelque chose.' C’est un euphémisme de dire qu’avec Joe, on a été très réceptifs", lance-t-il.
Le trio se met à l’écriture mais essuie les refus pendant plusieurs années avant de voir aboutir le projet. Ils finissent par convaincre Bill Lawrence, le créateur de Scrubs, qui les aide à donner vie à un Ted Lasso totalement remanié. Un homme cette fois tendre et plein d’optimisme qui cache derrière son large sourire et ses blagues permanentes des failles béantes. C’est sans doute là, dans ce subtil équilibre entre comédie et drame, que réside le succès d’une série analysant avec justesse les rapports humains. Et taclant la masculinité toxique avec force dans un univers footballistique où elle atteint son paroxysme, en évoquant notamment la santé mentale.
Ted Lasso est le genre d’homme qui peut rapidement être négligé et sous-estimé. Mais finalement, il est l’exemple le plus brillant de la force positive que peut avoir la masculinité
Toheeb Jimoh
Lui qui invite ses joueurs à "croire" redonne aussi ses lettres de noblesse à une qualité trop souvent érigée comme une faiblesse dans notre société, la gentillesse. "Ted Lasso est le genre d’homme qui peut rapidement être négligé et sous-estimé. Mais finalement, il est l’exemple le plus brillant de la force positive que peut avoir la masculinité, en particulier sur d’autres jeunes hommes. Grâce à lui, Sam Obisanya est capable d’utiliser sa voix d’une manière très courageuse", souligne Toheeb Jimoh qui porte le maillot d’un des joueurs stars de l’AFC Richmond.
"Ça a toujours fait partie de la série. C’est bien d’être vulnérable, de s’exprimer et d’être ouvert mais si c’est totalement nouveau pour vous, c’est délicat. Vous pouvez faire deux pas en avant puis trois en arrière, mais vous devez continuer à avancer", acquiesce Brett Goldstein. Le bourru capitaine anglais de l’équipe qui ne peut pas prononcer une phrase sans jurer, c’est lui.
Devenu assistant de Ted Lasso, l’ancien milieu de terrain Roy Kent a traversé la série "comme une forme de thérapie". "L’homme qui n’exprimait jamais aucune émotion est tombé amoureux et s’est ouvert peu à peu. Mais tout ça s’accompagne d’une noirceur qu’il a cachée aux yeux des autres et peut-être même des siens. Roy n’a pas tous les outils pour gérer ça, il est en phase d’apprentissage", note Brett Goldstein, teasant une saison 3 plus bouleversante encore pour son personnage. D’abord contacté en tant que scénariste, l’acteur anglais se souvient "très bien" du jour où il a postulé pour un rôle avec une vidéo. "On venait de finir l’écriture et je rentrais à Londres. J’ai dit à Bill Lawrence : 'Écoute, si c’est gênant, on n’aura jamais besoin d’en parler à l’avenir’. Quand j’ai atterri douze heures plus tard, j’avais un mail me disant que c’était brillant", sourit-il.
J’ai cru qu’ils parlaient de Richmond en Virginie mais c’était bien en Angleterre, à 20 minutes de chez moi. Je me suis dit : "Je vais tacler tout le monde pour ce rôle !"
Hannah Waddingham
Elle non plus n’a pas oublié l’audition qui a changé sa vie, mais surtout celle de sa fille, comme elle l’a rappelé en remportant un Emmy Award en 2021. Légende du West End, Hannah Waddingham s’est fait remarquer en menant Cersei sur la route de la honte dans Game of Thrones. Un personnage austère à mille lieux de Rebecca Welton, la pétillante mais redoutable patronne de l’AFC Richmond qu’elle incarne dans Ted Lasso. Lors de sa première rencontre avec Jason Sudeikis à Los Angeles, l’alchimie est immédiate. "La lecture a duré deux heures mais j’ai la sensation que ça n’en a duré qu’une", nous raconte-t-elle.
"J'ai demandé où ils allaient tourner la série. Ils m’ont dit Richmond, j’ai cru qu’ils parlaient de la ville en Virginie. Mais non, c’était bien Richmond en Angleterre, à 20 minutes de chez moi. Je me suis dit : ‘Je vais tacler tout le monde pour ce rôle !’. J’étais déjà tombée amoureuse de Rebecca. Je savais qui elle était, je la sentais déjà dans mes veines", martèle-t-elle. C’est cette Rebecca qui fait venir Ted Lasso en Angleterre, persuadée qu’il coulera le club adoré de son ex-mari qu’elle a remporté lors de leur douloureux divorce. Les deux personnages ont appris à s’apprivoiser, jusqu’à devenir un peu les deux faces d’une même pièce au terme de deux saisons. Deux êtres qui ont traversé différemment des épreuves communes.
"Ils sont des âmes sœurs modernes. Des âmes sœurs qui ne doivent pas nécessairement finir de la manière générique dont les gens l’entendent. C’est si beau d’incarner des personnages qui n’avaient pas conscience d’avoir besoin l’un de l’autre mais qui se donnent de l’oxygène", réagit Hannah Waddingham sans nous en dire plus, alors que les fans rêvent de les voir en couple. La bande-annonce de la saison 3, dont la diffusion démarre le 15 mars, n’en révèle guère plus et se déploie au rythme de "You can’t always get what you want" des Rolling Stones - "Vous ne pouvez pas toujours obtenir ce que vous voulez".
"Mais que dit la fin de la chanson ?, nous précise Hannah Waddingham. 'Mais si vous essayez parfois, vous pourriez trouver ce dont vous avez besoin'. Des choses que vous ne pensiez même pas pour vous viennent à vous. Jason est un énorme fan de musique, il a tout en tête. Le nombre de fois où il m’a parlé des chansons qui figureront dans cette saison… Elles ont été choisies avec attention", nous assure-t-elle. Les trois premiers épisodes sur les douze que compte la saison 3 poursuivent avec la même réussite la mission du coach moustachu. Drôles, malins, touchants. Jason Sudeikis répète en interview que l’histoire de Ted est désormais bouclée. Sans toutefois officialiser l’arrêt de la série. Une raison supplémentaire de croire encore que l’aventure de l’AFC Richmond n’est pas encore tout à fait terminée.
>> Ted Lasso saison 3 - Un épisode chaque mercredi dès le 15 mars sur AppleTV+, saisons 1 et 2 déjà disponibles