Addictions, maladie... Les confidences décapantes de l'humoriste Doully dans "Sept à Huit"

par Virginie FAUROUX | Propos recueillis par Audrey Crespo-Mara
Publié le 28 avril 2024 à 22h15, mis à jour le 29 avril 2024 à 11h18

Source : Sept à huit

Dans son spectacle "Hier j'arrête !", Doully raconte avec dérision de vraies scènes de vie, entre ses addictions passées et une maladie neurologique handicapante, le tout en forme d'exutoire.
Elle s'est livrée de la même manière ce dimanche face à Audrey Crespo-Mara dans "Sept à Huit".
Retrouvez ici le replay de cette interview.

Le sourire comme étendard. Voilà ce qui résume peut-être le mieux l'humoriste Doully. Cette blonde trentenaire au visage d'ange cache pourtant de nombreuses fêlures. Enfin, elle essaye, car avec des tatouages plein les avant-bras et une voix "de mec bourré", comme elle s'amuse à dire, on aurait vite fait de la cataloguer. "J'ai une voix de quelqu'un qui a vécu, le problème, c'est que j'ai vraiment cette voix depuis que j'ai quatre ans", lâche-t-elle à Audrey Crespo-Mara dans la vidéo ci-dessus, replay du "Portrait de la semaine" diffusé ce dimanche dans "Sept à Huit", comme pour balayer le problème. Cependant, l'existence de Doully est loin d'être celle de madame tout le monde. 

Son récit débute à 14 ans, lorsqu'elle décide de partir de chez ses parents artistes. Son père est guitariste et sa mère peintre, "mais ils ont été graphistes pour nous donner à manger", ajoute-t-elle, tout en précisant : "On était pauvres, on n'avait pas d'oseille du tout, mais ils ont réussi à nous faire sentir riches avec leur amour". La raison de ce départ précipité, aussi futile que surprenante  : "je n'avais pas de chambre. On habitait dans un 30m² à quatre", lance-t-elle dans un éclat de rire. Mais ses envies d'ailleurs sont en fait plus profondes. Elle s'en explique : "Un jour, j'ai dit à mes parents : 'il faut me laisser partir', parce que je ne voulais pas un jour leur dire un truc qui allait dépasser ma pensée et je sentais que j'étais à ça".

Il ne faut jamais dire les trucs de manière pathos, et surtout, il ne faut jamais dramatiser.
Doully

Elle le reconnaît aujourd'hui, ce n'était peut-être pas la meilleure idée. Parce que du jour au lendemain, elle a invité tous les SDF du quartier dans son studio. "Au début, je travaillais pas mal, j'étais assez assidue au lycée, et après la seconde, ça a décliné parce que j'ai commencé à accueillir des gens qui vivaient dans la rue (...) C'étaient des rencontres et puis finalement, ça devient un pote (...) On a fini à sept dans 26 m². C'était chouette, mais c'est vrai qu'il y avait beaucoup de fêtes", raconte-t-elle. Des scènes de vie sur la rue ou encore la drogue qu'elle raconte dans son spectacle "Hier j'arrête !".  

Il faut dire que la jeune femme commence à toucher à l'héroïne quand des dealers, recherchés par la police, lui laissent "tout leur matos". "C'est vrai que j'aurai pu le jeter ou le revendre, mais j'ai tout rangé dans mon nez", admet-elle avec ironie. S'ensuit un long parcours du combattant de 18 à 22 ans. "C'est vraiment la pire des drogues parce que c'est une drogue physique. C'est-à-dire que ton cerveau a envie d'arrêter, mais ton corps te dit non. Donc, tu sais que tu fais de la merde, que c'est pas bon pour toi, mais ton corps te dit non parce que dès que t'arrêtes, c'est des douleurs atroces. C'est un peu comme une grippe X 1000 avec en plus de l'énervement, c'est atroce", décrit-elle. 

La jeune femme tombe vite dans l'addiction et goûte à toutes les drogues, fait trois overdoses, mais là encore, elle s'en tire avec une pirouette. "L'overdose, c'est juste une erreur de calcul", lance-t-elle. Une façon d'utiliser le rire pour alerter aussi sur les dangers. "Il ne faut jamais dire les trucs de manière pathos, et surtout, il ne faut jamais dramatiser. Une fois que tu as ri, tu peux dire : 'j'ai été un peu con quand même'", affirme-t-elle.

Pour s'en sortir, elle a suivi un programme de sevrage. Toutefois, elle précise qu'il faut aussi "s'accrocher à un petit rêve et avoir envie de le réaliser à jeun". Et pour Doully, son exutoire, ce fut la scène. Une sacrée revanche sur la vie quand on sait que la jeune femme souffre par ailleurs d'une anomalie génétique, la maladie de Charcot-Marie-Tooth. "C'est une maladie neurologique qui fait que tu as le pied très cambré, ça atrophie un peu les tendons, ce qui fait que je n'ai aucune stabilité sur les pieds et ça fait trembler les mains aussi", détaille-t-elle. Résultat, la position debout est très compliquée, "et j'ai choisi de faire du stand-up", s'amuse-t-elle. Décidément, Doully ne se départira pas de son sourire. Une autodérision vitale, selon elle. "C'est très agréable de se foutre de sa gueule (...) Même dans le pire du pire, je pense qu'il faut arriver à trouver la blague. Il faut arriver à rire de tout dans les moments les plus graves", conclut-elle. 


Virginie FAUROUX | Propos recueillis par Audrey Crespo-Mara

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