VIDÉO - "Catastrophique" : la grogne des bouquinistes des quais de Seine, priés de déménager pour les JO de Paris 2024

par La rédaction de TF1info | Reportage TF1 : Roxane Sygula, Henri Dreyfus, Maurine Bajac
Publié le 22 octobre 2023 à 16h48

Source : JT 13h WE

La cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques de Paris 2024 aura lieu le 26 juillet 2024.
Pour des raisons de sécurité, la préfecture de police de Paris a demandé aux bouquinistes présents sur les bords de la Seine de quitter les quais en prévision de cet événement.
Un déménagement imposé que les libraires refusent fermement.

Leurs boîtes vertes remplies de livres d'occasion bordent la Seine depuis 450 ans et font partie du patrimoine culturel immatériel français depuis 2019. Mais les bouquinistes parisiens, qui font vivre la plus grande librairie du monde à ciel ouvert, sont priés de plier bagage pour des raisons de sécurité à l'approche des Jeux olympiques de Paris 2024, dont la cérémonie d'ouverture aura lieu sur la Seine le 26 juillet prochain. 

La ville de Paris souhaite faire place nette en démantelant les coffres verts pour les stocker ailleurs. Une disparition temporaire que les bouquinistes refusent. "Sur le plan du symbole, je trouve que c'est catastrophique", fustige l'un des libraires. 

"Toucher à nos boîtes, c'est risquer d'en détruire la moitié"

L'inquiétude est grande pour Jérôme Callais, bouquiniste, installé sur les quais de Seine depuis plus de 30 ans. "Toucher à nos boîtes, c'est risquer d'en détruire la moitié au démontage et de les remplacer par des boîtes qui n'auront plus d'âme", déplore le président de l'Association culturelle des bouquinistes de Paris. 

De son côté, la préfecture de police de Paris se justifie en brandissant l'argument sécuritaire. "Une boîte est un endroit où on peut dissimuler des armes, voire pire, des explosifs. Si nous laissions ces boîtes à un endroit où il y aura des centaines de milliers de personnes, je crains vraiment que nous ayons des incidents extrêmement graves", explique Laurent Nuñez, préfet de police de Paris. 

Mais alors, pourquoi ne pas simplement cadenasser ces coffres, comme le proposait Jérôme Callais auprès de TF1info, fin juillet ? "Si vous scellez cent boîtes, il faut les surveiller pour ne pas que quelqu'un vienne desceller et remettre quelque chose dedans, donc il y a un aspect technique et de mobilisation de la force publique", assure Pierre Rabadan, adjoint à la mairie de Paris en charge du sport, des Jeux olympiques et paralympiques et de la Seine, en insistant sur le fait que les autorités seront déjà mobilisées sur d'autres fronts durant la cérémonie.

L'Académie française défend les bouquinistes

Pour les habitants, ces fameuses boîtes font partie intégrante du paysage. Les retirer reviendrait à se priver de l'un des symboles de la capitale. "C'est aussi quelque chose à montrer aux touristes", affirme un Parisien, tandis qu'une autre habitante souligne que les boîtes vertes font "partie du charme de Paris"

Même l'Académie française prend le parti des bouquinistes. Dans un communiqué publié le 6 octobre dernier, l'institution réclame leur dédommagement ainsi que la remise des "emblématiques boîtes de livres à leur place, à l'identique, dès la fin des Jeux". "Les librairies disparaissent partout. Là, vous avez des libraires courageux qui ne gagnent pas grand-chose. Ce sont des gens qu'on va sacrifier", affirme Jean-Marie Rouart, romancier et membre de l'Académie française.

Pour maintenir l'activité des près de 200 libraires concernés, la ville de Paris promet l'installation d'un village des bouquinistes le temps des Jeux olympiques, dans un quartier proche de la Seine. 


La rédaction de TF1info | Reportage TF1 : Roxane Sygula, Henri Dreyfus, Maurine Bajac

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