Qu'est-ce que la "smicardisation" de la France à laquelle Gabriel Attal dit stop ?

par La rédaction de TF1info | Reportage TF1 Charles Diwo, Hortense Villatte, Jordy Demory
Publié le 2 février 2024 à 10h53

Source : JT 20h Semaine

Gabriel Attal veut "désmicardiser" la France.
Le gouvernement prépare donc des mesures afin de permettre à des millions de salariés de gagner davantage.
Qu'est-ce que ce phénomène de "smicardisation" et quelles sont les pistes pour en sortir ?

Lors de sa déclaration de politique générale devant l'Assemblée nationale, mardi 30 janvier, le Premier ministre, Gabriel Attal, a annoncé une réforme sur les bas salaires afin de "désmicardiser la France."  Mais qu'est-ce que la smicardisation ?

Pour le comprendre, dans le reportage en tête de cet article, le JT de TF1 se penche sur le cas de Jason, employé dans un abattoir. Il gagne 1771 euros brut par mois, soit 5 euros de plus que le Smic. Un écart qui ne cesse de se réduire d'année en année, car contrairement au salaire minimum, sa rémunération, elle, n'a jamais augmenté. "Je suis perdant. (...) Quand vous avez un loyer de 510 euros, les plaisirs à côté, on n'en a pas. Avec les enfants, on sort peu", confie-t-il.

Il a bien demandé des augmentations à son patron, sans succès. Et il risque désormais de voir bientôt sa rémunération rattrapée par le salaire minimum. Ce phénomène, c'est ce que le gouvernement appelle la "smicardisation" de la France.

 En trois ans, le nombre de Français payés au Smic n'a cessé d'augmenter : il était de 12% en 2021, de 14,5% en 2022, pour atteindre 17,3% l'an dernier. Car cette rémunération est la seule, en France, légalement indexée sur l’inflation. Et a été revalorisée à sept reprises entre le 1ᵉʳ janvier 2021 et le 1ᵉʳ mai 2023.

En conséquence, "le Smic a beaucoup plus augmenté que les autres salaires. Il a 'rattrapé' un certain nombre de salariés", analyse François Lenglet, spécialiste économie de TF1-LCI. Et d'ajouter que "la plupart des emplois qui ont été créés dans la période récente sont des emplois peu qualifiés, payés au Smic." Ajoutons à cela que de nombreux salariés demeurent payés au salaire minimum faute d'accord dans leurs branches professionnelles. 

 Enfin, conclut François Lenglet, "au-delà du Smic, vous avez tellement de charges sociales, que cela incite à laisser leurs employés à ce niveau de salaire, et à ne pas les augmenter".

Pas de suppression du Smic, mais plusieurs pistes

À titre d'exemple, si aujourd'hui, un employeur veut augmenter son salarié payé au Smic de 100 euros net par mois, il devra débourser 483 euros. Incompréhensible pour Catherine Guerniou, dirigeante de la Fenêtrière, dont les 13 salariés sont rémunérés au-delà du salaire minimum. "Il y a une adéquation compliquée à se dire qu'on pourrait gagner plus en leur donnant moins", déplore-t-elle face à la caméra de TF1.

Comment le gouvernement peut-il améliorer la situation ? Sur ce point, la ministre du Travail, Catherine Vautrin, a assuré mercredi sur BFMTV que le Smic ne serait pas supprimé, car il représente "une garantie pour nos concitoyens d'un salaire minimum".  L'exécutif souhaite en revanche "regarder quelles sont ces charges (...) qui quelque part viennent immédiatement retirer l'effet net (des) augmentations de salaire" de ceux qui sont payés au salaire minimum. Et, "de l'autre côté, pour celles et ceux qui sont juste au-dessus (du Smic), regarder si l'enveloppe annoncée hier (mardi) de 2 milliards d'euros" peut permettre "une baisse d'impôts pour cette catégorie", a poursuivi la ministre.

Gabriel Attal, lui, a promis mardi d'agir pour que les branches professionnelles qui continuent à rémunérer en dessous du Smic "remontent ces rémunérations", n'excluant "aucune mesure" pour parvenir à des résultats rapides. La ministre du Travail a rappelé mercredi que "102 métiers sont concernés aujourd'hui" par des minimums en deçà du Smic, "parce que dès qu'il y a une augmentation du Smic, automatiquement ça les dépasse".

Pour corriger ces branches, Catherine Vautrin veut s'appuyer sur "une disposition européenne qui a été votée" et qui doit être transposée en 2026. La France va la transposer "cette année, c'est-à-dire au 1er janvier 2025", a-t-elle ajouté, pour permettre des contrôles des branches. 


La rédaction de TF1info | Reportage TF1 Charles Diwo, Hortense Villatte, Jordy Demory

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