VIDÉO - Sécheresse : comment les communes françaises tentent d'économiser chaque goutte d'eau

par L.T. | Reportage TF1 : Anaïs Barth, Quentin Danjou, Vincent Abelaneda
Publié le 12 avril 2023 à 22h39

Source : JT 20h Semaine

Une sécheresse exceptionnelle touche la France depuis plusieurs mois.
Adapter les cultures, mieux lutter contre les fuites…
De nombreuses solutions existent un peu partout en France pour tenter d'économiser l'eau.

C’est un village du Vaucluse très prisé des touristes. En temps normal, la Sorgue offre ici un spectacle exceptionnel où la rivière jaillit pour dévaler les rochers. Mais cette année, il n’en est rien. "Normalement, là, je devrais être sous l’eau. L’eau devrait être deux mètres au-dessus de moi. C’est vraiment la somme de toutes ces sécheresses qu’on a depuis seize mois sur la France, ça se voit ici à Fontaine-de-Vaucluse", affirme Serge Zaka, conférencier et consultant en agroclimatologie. 

Selon lui, l’avancée de la sécheresse ici bat des records. Ce niveau d’eau s’observe généralement en plein été. Un choc pour ces touristes. "Ce que tout le monde dit, là, on le voit", déplore une femme. Un or bleu essentiel dans notre quotidien, notamment pour la production agricole. Comment faire quand cette ressource si précieuse vient à manquer ? C’est tout le travail de Serge Zakaqui accompagne les agriculteurs dans leur transition. 

Adapter les cultures

Aurélien est vigneron dans le Lubéron, mais depuis trois ans, il fait pousser une espèce que l’on retrouve généralement au Moyen-Orient, le pistachier. "Il y a plus de 50% de sable dans ce sol. Le reste, c’est du calcaire, donc ce sont des sols qui ne retiennent pas l’eau. L’arbre est obligé d’aller chercher plus en profondeur pour aller trouver un petit peu de fraîcheur et un peu d’eau", explique-t-il. 

Après plusieurs années de sécheresse, il a choisi de se diversifier et surtout de s’adapter à un climat plus aride. Ici, aucune irrigation. "On s’est rendu compte sur l’année sèche de 2022 qu’on avait des belles pousses sur des épisodes caniculaires qui pouvaient nous inquiéter au départ. Pour nous, c’était une réponse à essayer de trouver des nouvelles cultures qui pourraient s’adapter à notre région et au manque d’eau", poursuit Aurélien. 

Première activité consommatrice d’eau en France, l’agriculture utilise près de la moitié des ressources. Alors, dans un département comme le Vaucluse où il n’a quasiment pas plu depuis quatre mois, il est urgent de repenser le système agricole. "Les cultures qui consomment le moins d’eau, les cultures qui sont plus résistantes aux sécheresses et à la chaleur comme le pistachier sont extrêmement intéressantes. Il faut créer des filières de pistachier dans le sud de la France pour faire face au changement climatique", reprend Serge Zaka. 

Finies les douches publiques dans les stations balnéaires

Se préparer à des étés de plus en plus secs et de plus en plus chauds tout en préservant la ressource en eau, Portiragnes (Hérault) y travaille depuis plus de quinze ans. La ville a massivement investi dans la réparation de ses canalisations et dans la chasse aux fuites grâce à des débitmètres et des compteurs individuels connectés. "Aujourd’hui, on arrive à réparer des fuites dans un délai qui ne peut excéder quinze jours, contrairement au passé où avant, nous mettions plus d’un an avant de réparer une fuite. C’est une économie qui est substantielle sur la ressource en eau et tout le monde est gagnant pour la simple et bonne raison que l’eau qui n’est pas pompée reste dans le milieu naturel. Ça nous évite également de traiter l’eau pour rien qui est perdue", explique Olivier Archimbeau, directeur eau assainissement, communauté d’agglomération Hérault Méditerranée. 

La station balnéaire dépend d’une seule nappe phréatique. Alors, pour qu’aucune goutte d’eau ne soit perdue, la municipalité va encore plus loin dans les économies. Finies les douches publiques. "C’est un confort, mais qui n’est pas indispensable. On va se concentrer sur les choses indispensables, c’est-à-dire l’eau au robinet, l’eau pour nos agriculteurs, l’eau pour les acteurs du tourisme", explique Gwendoline Chaudoir, maire (sans étiquette) de Portiragnes.

Une priorité pour aborder une saison estivale tendue. De 3000 habitants à l’année, la ville accueille jusqu’à 30.000 personnes. Pour éviter une trop grande pression sur la nappe, la commune a donc banni l’arrosage public, planté des espèces peu gourmandes en eau et s’est lancée dans un chantier d’envergure pour enlever une grande partie de l’asphalte. "Si vous avez très peu de pluie, il faut absolument profiter de toutes les gouttes d’eau qui vont tomber du ciel. Ici, vous avez un paillage avec un caniveau qui est aménagé. On a pu faire l’expérience avec une cuve de 600 litres d’eau, elle s’infiltre immédiatement dans le sol alors que sur un bitume, vous ne récupérez pas cette eau, elle est pratiquement perdue", affirme Caroline Levannier, adjointe à la maire de Portiragnes en charge du cadre de vie.

En cinq ans, la commune a réussi à baisser sa consommation d’eau de 30%. Une des villes les plus économes de France. 


L.T. | Reportage TF1 : Anaïs Barth, Quentin Danjou, Vincent Abelaneda

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