VIDÉO - Côte d'Azur : la plage flottante controversée tombe à l'eau

par Maëlane LOAËC
Publié le 13 juin 2023 à 12h55, mis à jour le 13 juin 2023 à 13h06

Source : JT 20h Semaine

Les prometteurs de Canua Island, îlot artificiel privé qui devait être déployé cet été dans la baie de Cannes, annoncent ce mardi l'abandon de leur projet.
Dans un communiqué, ils fustigent une "vendetta politique" et accusent leurs détracteurs d'"écologie de façade".
Le site s'était retrouvé au cœur d'une polémique ces dernières semaines.

Le trimaran à moteur ne prendra pas le large cet été. Les promoteurs de "Canua Island", une plage flottante privée qui espérait jeter l'ancre sur la Côte d'Azur, annoncent ce mardi qu'ils renoncent à leur projet. Ils accusent au passage les élus qui s'y sont opposés de promouvoir une "écologie de façade". L'infrastructure, qui devait être déployée dans la baie de Cannes, se retrouvait depuis des semaines au cœur d'une polémique. 

"Malgré un dossier 100% conforme et de nombreuses démarches d'explication, nous n'avons pas reçu ce lundi 12 juin 2023 les permis nécessaires à l'exploitation de Canua. On nous a clairement fait comprendre qu’il ne fallait rien attendre pour cet été", écrivent dans un communiqué les concepteurs de ce projet, se posant en "victimes d'une vendetta politique" et fustigeant un "règlement de compte qui (les) dépasse et qui dépasse l'entendement économique"

"Cette obstruction et aberration politique, ce déni de droit nous amènent à tirer en responsabilité les conséquences de la situation et nous obligent à mettre fin aux contrats de ceux qui nous ont fait confiance", poursuivent le président de Canua Jean-Bernard Falco et ses directeurs généraux et co-fondateurs, Marc Audineau et Tony Philp, dans cette déclaration. "Nous avons informé tout à l'heure nos 100 salariés que nous ne pouvions pas tenir plus longtemps", ont-ils déploré.

"Cinq millions de prêts à rembourser"

La menace d'un abandon pesait déjà depuis quelques jours sur l'îlot artificiel. Jusqu'à la semaine dernière, les patrons du site attendaient encore les dernières autorisations administratives, à savoir les permis d'armement et de navigation, pour pouvoir exploiter leur embarcation, qui restait bloquée à quai à la Seyne-sur-Mer. Ils avaient alors lancé un appel à l'aide au gouvernement, dans un communiqué en date du 6 juin, déplorant une "situation qui met en péril l'entreprise et la centaine d'emplois créée", soit 23 personnes au sein de l'équipage et 80 professionnels de la restauration. 

"Si les permis ne sont pas délivrés à la fin de la semaine, comme nous en avions l'assurance, nous serons contraints de mettre fin aux contrats de ceux qui nous ont fait confiance", prévenaient déjà les directeurs du projet. "On a des actionnaires, on a cinq millions de prêts qu’on doit rembourser, donc on a besoin d’avoir des clients, du chiffre d’affaires, de rembourser nos prêts et de payer nos collaborateurs, tout simplement", avait notamment tonné Marc Audineau la semaine dernière auprès de TF1, dans un reportage du 20H à retrouver en tête d'article.

Cette plateforme de 1750 m² posée sur un trimaran à moteur, qualifiée d'"innovation mondiale" selon ses promoteurs, devait accueillir 350 personnes, amenées par navettes. Elle comprenait un restaurant, un bar-lounge, transats et lits de repos, ainsi qu'une piscine d'eau douce. Le projet était soutenu par la ville de Mandelieu-La Napoule, au large de laquelle la plage flottante devait jeter l'ancre. 

"Aberration écologique"

Mais le projet était fortement contesté par des élus régionaux et l'association Syllau, qui dénonçait des risques d'atteinte à l'environnement et la biodiversité marine. Une pétition en ligne contre Canua Island a même rassemblé à ce jour près de 18.300 signatures. Le président Renaissance de la région PACA, Renaud Muselier avait également appelé ces dernières semaines à "refuser cette aberration écologique"

"La position du gouvernement est que le développement d'îles artificielles n'est pas compatible avec la nécessité de renforcer la protection de l'environnement marin", avait quant à lui fait valoir lundi le secrétariat d'État à la Mer auprès de l'AFP. S'il avait assuré que "les services des différents ministères concernés instruisent comme pour tout projet, ni plus rapidement, ni moins rapidement, les autorisations nécessaires", il avait toutefois insisté sur le fait que "l'artificialisation commerciale de l'espace maritime, sur une côte déjà très urbanisée, dans une mer en proie à de nombreuses pollutions, ne s'inscrit donc pas dans la logique et la politique écologique nécessaires".

Les promoteurs se défendaient de leur côté en affirmant qu'il "n'y a pas aujourd'hui en Méditerranée un navire aussi éco-responsable" que le leur, faisant valoir notamment la récupération des eaux usées ou l'utilisation d'un biocarburant à base d'huiles de friture usagées. Dans leur communiqué, ils se disent contraints à "plan social" imposé selon eux "par la seule volonté politique de bloquer un dossier en tout point respectueux du droit et de la protection de la mer".


Maëlane LOAËC

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