VIDÉO - Plan Ecophyto "mis en pause" : l'écologie a-t-elle été sacrifiée ?

Publié le 3 février 2024 à 11h22

Source : JT 20h WE

La suspension du plan Ecophyto semble convaincre les principaux syndicats agricoles.
Ce dispositif prévoit de diviser en deux nos usages de pesticides, d’ici à 2030.
Depuis l'annonce de cette "mise en pause" ce jeudi 1ᵉʳ février, l’opposition de gauche dénonce un recul inacceptable pour l’écologie et la sécurité alimentaire.

Le produit est tellement dangereux qu’il est rangé dans un local sécurisé, auquel seul Pascal Laya a accès. Cet agriculteur au Gué-de-Longroi (Eure-et-Loir) cultive des betteraves et du maïs, pour lesquels, selon lui, les pesticides sont indispensables. D'ici à 2030, Pascal devrait diviser par deux les doses de glyphosate qu'il utilise actuellement. C’est l’une des mesures prévues par le plan Ecophyto, qui veut réduire l’usage de pesticides pour tous les agriculteurs. Mais Pascal s’y refuse : "À sept ou huit ans de la retraite, je n'ai pas forcément envie de changer", explique-t-il dans le reportage de TF1 en tête de cet article. "Je veux bien m'adapter", concède-t-il, "mais on ne peut pas tout révolutionner comme ça".

Ecophyto "mis sur pause"

Face à la colère du secteur, le ministre de l'Agriculture, Marc Fesneau, a annoncé, ce jeudi 1ᵉʳ février, qu'Ecophyto serait mis "sur pause", au moins jusqu'au prochain salon de l'Agriculture, qui se tiendra à la Porte de Versailles du 24 février au 3 mars prochain. D’ici là, le gouvernement doit trouver un accord avec les syndicats, et donc un nouveau texte. Reviendra-t-il sur les objectifs de restrictions ? C’est la crainte de Bruno Martel, agriculteur à Bains-sur-Oust (Ille-et-Vilaine), à des centaines de kilomètres de là.

Depuis 25 ans, ce cultivateur breton travaille sans aucun pesticide. Agriculteur bio, il souhaite à tout prix que le plan Ecophyto reprenne. "À l'heure où on parle beaucoup de biodiversité, de qualité de l'eau, de capacité à faire des produits sains et sans risque, je me dis que ce n'est pas le moment, ne lâchez rien", réagit-il au micro de TF1.

"Victimes collatérales"

Ecophyto réglemente drastiquement les pesticides, les doses utilisées dans les champs, et la distance entre la pulvérisation et une habitation. Surtout, il devait trouver des alternatives sérieuses aux produits phytosanitaires, extrêmement dangereux pour la santé, selon l'Institut National de Recherche pour l'Agriculture, l'Alimentation et l'Environnement. Toxicologue à l'INRAE, Laurence Huc rappelle que "les victimes collatérales sont les habitants juste à côté des exploitations fortement traitées", et qu'il y a des risques accrus, pour les enfants notamment, de développer des cancers du cerveau et du sang. Selon le CNRS, les engrais et les pesticides sont à l'origine de la disparition de 60% des espèces d'oiseaux en Europe. 

En suspendant ce quatrième plan Ecophyto, le gouvernement veut "sortir de l'écologie punitive", comme l'a affirmé sa porte-parole, Prisca Thevenot, ce vendredi 2 février. Un choix qui "nie la réalité" des "menaces" sur la santé et la biodiversité que représentent ces produits, a estimé le député socialiste Dominique Potier, rapporteur d'une commission d'enquête parlementaire sur "l'échec" des plans successifs.


La rédaction de TF1info

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