Entre logement et environnement, les villes confrontées au casse-tête de la "zéro artificialisation nette des sols"

par La rédaction de TF1info | Reportage TF1 : Julien Garrel et Christine Guérard
Publié le 8 février 2024 à 18h00

Source : JT 13h Semaine

Des discussions sont prévues ce jeudi soir sur la loi qui veut réduire la bétonisation des terres d'ici à 2030.
Elle provoque beaucoup de crispation, et pour de nombreuses communes, il s'agit d'un véritable casse-tête.

Alors que 57.000 hectares de nature sont artificialisés chaque année, la France veut en finir avec la bétonisation d'ici à 2050. Malgré l'opération déminage du Parlement l'été dernier puis celle du gouvernement à l'automne, les modalités d'application de la loi contre la bétonisation, pour atteindre le "zéro artificialisation nette" (ZAN) des sols en 2050, n'a pas éteint le feu des critiques. 

Sur un terrain, la ville de Mandelieu (Alpes-Maritimes) était prête à construire les logements sociaux qui lui manquent cruellement. Mais c'était avant le début du casse-tête pour le maire, Sébastien Leroy. Le terrain ne peut plus être bétonné, conséquence de ladite loi ZAN. Concrètement, jusqu'en 2031, les élus locaux doivent réduire le rythme de consommation de 50%. Et en 2050, pour chaque m² artificialisé, il faudra en re-végétaliser un autre. L'objectif ? Préserver les espaces naturels, quitte à mettre certains élus face à des équations impossibles à résoudre. "Avant la loi ZAN, on ne savait déjà pas comment faire pour s'en sortir et cette loi par-dessus vient ajouter de l'injonction contradictoire", explique-t-il à TF1, dans le sujet en tête de cet article. Une situation ubuesque pour le maire, car dans le même temps, l’État lui impose toujours la construction de 2500 logements sociaux : "Pour ne pas le faire, je paye 1,6 million d'euros d'amende par an", conclut-il. 

24.000 hectares d'espace naturel en moins chaque année

Si la loi ZAN est si drastique, c'est qu'il y a urgence pour limiter l'étalement urbain. Chaque année, la France perd 24.000 hectares d'espace naturel, l'équivalent chaque heure de cinq terrains de football. Et les conséquences sont souvent désastreuses, selon cette militante écologiste, sollicitée par TF1 : "Lors des inondations, l'eau court et ne pénètre plus, la terre n'étant plus une éponge, et s'en va dans la rivière, puis dans la mer", assure Jeannine Blondel, vice-présidente de France Nature Environnement. À défaut de recharger les nappes phréatiques en sous-sol. 

La loi ZAN entend protéger la biodiversité et la productivité agricole des campagnes. Avec 6,4% de sols artificialités, 57% de plus qu'au Royaume-Uni rapportés à la population, la France connaît pourtant un rythme d'artificialisation soutenu, avec à la clé des conséquences néfastes sur la biodiversité et la lutte contre le réchauffement climatique. 

Adoptée cet été, une loi visant à "faciliter la mise en œuvre" du ZAN a été complétée fin novembre par décrets. On sait désormais quelles surfaces sont considérées comme artificialisées et quelle méthode appliquer pour décliner l'objectif localement. Mais le soufflé des critiques ne retombe pas.


La rédaction de TF1info | Reportage TF1 : Julien Garrel et Christine Guérard

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