Une nouvelle application, TikTok Lite, a été lancée fin mars.Sa particularité : elle récompense les utilisateurs de leur temps d'écran.Une nouveauté largement contestée par la Commission européenne qui a menacé de suspendre ce service dès jeudi.
Faire gagner de l'argent aux utilisateurs grâce à leur temps passé devant les écrans. C'est la particularité de TikTok Lite, la nouvelle application lancée fin mars en France et en Espagne par ByteDance, maison mère chinoise du réseau social TikTok. Elle récompense les utilisateurs avec des jetons s'ils se connectent quotidiennement pendant dix jours, s'ils passent du temps à regarder des vidéos (avec une limite de 60 à 85 min par jour) et s'ils font certaines actions, comme aimer des vidéos et suivre des créateurs de contenus. Ces pièces sont ensuite échangeables contre des cartes-cadeaux sur des sites partenaires, comme Amazon.
Avec ses clips vidéo souvent dansants ou musicaux, TikTok, qui a séduit plus de 1,5 milliard d'utilisateurs dans le monde, est accusé depuis plusieurs années aux États-Unis et en Europe de susciter des comportements de dépendance chez les adolescents. Un débat de nouveau relancé avec TikTok Lite. Ainsi, Bruxelles a ouvert, ce lundi 22 avril, une enquête visant l'application et menacé de suspendre dès jeudi cette fonctionnalité qui, en poussant à rester connecté, risque d'augmenter dangereusement l'addiction des utilisateurs au réseau social.
La Commission européenne estime que le mécanisme pose "des risques graves pour la santé mentale des utilisateurs". "Les flux incessants de vidéos courtes et rapides peuvent sembler amusants, mais ils exposent nos enfants à des risques d'addiction, d'anxiété, de dépression, de troubles alimentaires, de réduction des capacités d'attention", a estimé le commissaire européen au Numérique Thierry Breton. "Nous soupçonnons TikTok Lite d'être aussi toxique et addictif que les cigarettes light", a-t-il dit. "Nous ne ménagerons aucun effort pour protéger nos enfants", a-t-il mis en garde.
Une amende jusqu'à 1 % du chiffre d'affaires mondial
Problème. La plateforme n'a pas communiqué à Bruxelles, avant son lancement, une évaluation des risques, conformément à ses obligations dans le cadre de la nouvelle législation sur les services numériques (DSA). Pourtant, la Commission européenne avait lancé une première mise en garde le 17 avril, en demandant à la plateforme de fournir sous 24 heures une évaluation des risques liés à ce déploiement et de détailler les moyens mis en œuvre pour les réduire. Mais "TikTok n'a pas fourni le document dans les délais", a-t-elle affirmé.
C'est pourquoi l'exécutif européen s'apprête à imposer dès jeudi une suspension du programme de récompenses. "Avant de l'adopter formellement, il a été accordé à TikTok un délai jusqu'au (mercredi) 24 avril pour fournir les arguments de sa défense".
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La plateforme chinoise est déjà sous le coup d'une enquête de la Commission, ouverte en février, pour des manquements présumés en matière de protection des mineurs dans le cadre du DSA. Les manquements présumés, avant même le lancement de TikTok Lite, concernaient déjà la gestion des risques liés à la conception addictive et au contenu nocif du réseau social, mais aussi la transparence de la publicité, et l'accès aux algorithmes pour les chercheurs.
Faute de réponse dans les délais, la Commission pourra imposer des amendes allant jusqu'à 1% du chiffre d'affaires mondial annuel du groupe et des astreintes pouvant atteindre 5% du chiffre d'affaires quotidien.