Allemagne : rattrapé par un tract antisémite, un ministre bavarois maintenu

par T.G.
Publié le 5 septembre 2023 à 13h41

Source : Sujet TF1 Info

Selon la presse allemande, le numéro deux du gouvernement de Bavière a rédigé un tract à caractère antisémite quand il était lycéen.
Hubert Aiwanger a d'abord commencé par rejeter en bloc ces accusations, avant de reconnaitre que le document a été rédigé par son frère.
Il a finalement été maintenu à son poste dimanche.

Hubert Aiwanger rattrapé par son passé. Le numéro deux du gouvernement bavarois est accusé d'antisémitisme, à l'époque où il était étudiant. Une polémique qui tombe au plus mal pour son parti populiste, des élections ayant lieu dans un mois, mais qui n'a pas empêché le chef du gouvernement de le maintenir à son poste de numéro deux.

Les faits remontent à l'année scolaire 1987/1988. Cette année-là, Hubert Aiwanger – désormais âgé de 52 ans – était au lycée. Il avait alors rédigé un texte en réaction à un concours organisé sur l'histoire allemande ayant visé à déterminer "Qui est le plus grand traître à la patrie". Dans ce tract, ces "traîtres" étaient invités à se présenter "au camp de concentration de Dachau pour un entretien d'embauche" et "un vol libre à travers la cheminée du camp d'Auschwitz" ou "un séjour à vie dans une fosse commune".

"Aucune preuve qu'il ait rédigé le tract"

L'intéressé, qui est par ailleurs le chef du parti populiste des "Électeurs Libres" membre de la coalition au pouvoir, a commencé par rejeter en bloc les accusations, révélées par la presse il y a deux semaines. Il a ensuite reconnu le 26 août que le tract, retrouvé dans son cartable de l'époque, a bien existé, tout en assurant qu'il a été rédigé par son frère. Ce n'est que plus tard qu'il a finalement présenté des excuses pour ne pas avoir pris suffisamment tôt ses distances avec le contenu du texte.

Au fil des jours, cette affaire a relancé les inquiétudes en Allemagne sur une tendance à relativiser les crimes nazis. En particulier dans un contexte de forte progression de l'extrême droite et de remise en cause de la culpabilité nationale, laquelle a dominé l'après-guerre. La polémique n'a cependant pas empêché Hubert Aiwanger de conserver son maroquin au gouvernement bavarois.

"L'évincer de son poste ne serait pas proportionné", a en effet jugé dimanche le chef du gouvernement régional Markus Söder, le patron de la branche bavaroise (CSU) des conservateurs allemands. Ce dernier a reconnu que cette décision "ne plairait pas à tout le monde" mais a fait valoir qu'il n'y avait "pas de preuves qu'il ait rédigé le tract".

"Par ailleurs, les faits remontent à 35 ans, personne n'est aujourd'hui celui qu'il était à l'époque", a argumenté Markus Söder, invitant son numéro deux à engager un dialogue avec les associations juives allemandes pour s'expliquer et "se repentir". Le principal intéressé, lui, a proclamé l'échec d'une "campagne de calomnies" à son égard et réaffirmé n'avoir rien à se reprocher.

La décision en Bavière semble aussi motivée par des raisons politiques, à l'heure où se profilent les élections régionales du 8 octobre. En effet, son départ aurait pu provoquer une rupture de l’alliance locale entre la CSU et le parti des Électeurs Libres. Cela aurait pu se retourner contre le mouvement de M. Söder et obliger ce dernier à s’allier avec les écologistes dans une région à l'électorat très conservateur. Selon un sondage Insa paru dimanche dans le quotidien Bild, 39% des Allemands étaient opposés à sa démission et 38% y étaient favorables. 


T.G.

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