CARTE - Deux ans de guerre en Ukraine : sur le terrain, qui a pris le dessus ?

Publié le 23 février 2024 à 7h30, mis à jour le 23 février 2024 à 17h13

Source : TF1 Info

La guerre entre l'Ukraine et la Russie entre ce samedi 24 février dans sa troisième année.
Où en est la situation sur le terrain ? Quel camp a pris l'avantage ?
Éléments de réponse avec le colonel Michel Goya, consultant militaire LCI, et notre carte créée avec Esri France.

Une triste date anniversaire. Voilà deux ans que les chars russes ont fait leur entrée sur le territoire ukrainien. Deux ans, depuis le 24 février 2022, que la guerre dure, sans processus de paix à l'horizon. Deux ans durant lesquels le rapport de force sur le terrain a évolué, tantôt à l'avantage des Ukrainiens, le plus régulièrement à l'avantage des Russes, sans que le front ne bouge vraiment. Deux ans, aussi, que les troupes russes se sont dirigées vers Kiev, sans parvenir à s'emparer de la capitale ukrainienne.

"L'Ukraine a incontestablement mieux résisté qu'on ne l'anticipait", souligne auprès de TF1info le Colonel Michel Goya, consultant militaire pour LCI. "Au début, beaucoup pensaient que le rapport de force était nettement en faveur des Russes et qu'ils arriveraient certainement à s'emparer de la ville de Kiev et à avancer jusqu'au Dniepr", rappelle-t-il.

Les premiers jours ont ainsi été marqués par "une guerre de mouvement", avant que les troupes ukrainiennes ne repoussent les Russes (voir carte ci-dessous, conçue avec Esri France). Le conflit a alors basculé dans "une guerre de position" quelques semaines après le début de l'offensive. Une situation qui n'a pas évolué.

Car depuis, le rapport de force s'est équilibré, chaque camp pouvant revendiquer, selon les périodes, des avancées. "Les Russes ont eu l'avantage jusqu'à l'été 2022 en s'emparant de plusieurs villes importantes", indique le Colonel Goya. A suivi "une séquence plutôt à l'avantage des Ukrainiens", marquée par "la conquête de Kherson" en novembre 2022. Puis, "le front n'a quasiment pas bougé", insiste le consultant militaire. "À peine quelques centaines de kilomètres carrés ont été échangés depuis."

La période actuelle, elle, est davantage favorable aux Russes, qui viennent de reprendre la ville d'Avdiïvka, ville forteresse de l'est ukrainien. "Incontestablement", la Russie a pris l'avantage, admet le colonel Goya. "Depuis le mois d'octobre, les Russes multiplient les attaques et obtiennent quelques succès tactiques", sans vraiment les avancer vers la victoire. "Ces succès ne leur permettent pas d'obtenir de décisions stratégiques."

Un manque d'obus dans les deux camps
Colonel Michel Goya

Dans ce front quasiment figé, où les Ukrainiens se retrouvent en position défensive, "les combats ressemblent à ceux de la Seconde Guerre mondiale", poursuit Michel Goya. "En revanche, l'environnement de soutien n'est pas le même. Cette guerre consomme énormément de matériel, de munitions, d'équipements. Derrière, la production ne suit pas au même rythme, loin de là. Il est donc de plus en plus difficile d'obtenir des résultats sur le terrain. Les deux camps connaissent un manque d'obus. Or, le nerf de la guerre de position est l'artillerie. Même les Russes tirent beaucoup moins d'obus qu'en 2022. Tout cela rend les choses encore plus lentes."

Les Russes qui attaquent sans avancée concrète, les Ukrainiens qui défendent sans trop céder de terrain, voilà un résumé d'une situation qui pourrait durer. "Les guerres de position peuvent durer longtemps. Celle entre l'Iran et l'Irak a duré huit ans", fait valoir le colonel Goya. "Dans les prochains mois, les opérations de conquête seront difficiles de part et d'autre, mais beaucoup plus pour les Ukrainiens que pour les Russes. Nous ne voyons pas un surcroit de ressources du côté ukrainien qui permette de conquérir du terrain."

Dès lors, pour l'Ukraine, 2024 "sera une année défensive et de travail pour tenir le front autant que possible", conclut le Colonel Goya. "Les Ukrainiens doivent travailler, se réorganiser, mettre au repos certaines unités pour espérer reprendre l'initiative plus tard. Inversement, à force de petites opérations offensives, les Russes espèrent peut-être obtenir une percée, ou au moins user les Ukrainiens." En somme, entre les deux pays, "la paix est encore loin".


Idèr NABILI

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