REPORTAGE - "On doit se préparer" : à Taïwan, la vie sous la menace du géant chinois

par V. F I Reportage TF1 : Justine Jankowski et Marine Zambrano
Publié le 13 janvier 2024 à 7h00

Source : JT 20h WE

Taiwan élira ce samedi 13 janvier son nouveau président.
Pendant la campagne, c'est la question des relations avec Pékin qui s'est imposée comme le thème central des débats.
Il faut dire que certains archipels se trouvent à seulement quelques kilomètres de l'Empire du Milieu, comme Kinmen où s'est rendu le JT de TF1.

Kinmen, 140.000 habitants. À peine cinq kilomètres sépare cet archipel taïwanais de la Chine communiste. Un voisin redoutable qui a bombardé l'île sans relâche en 1958. Les vestiges de cette guerre civile restent d'ailleurs visibles, notamment sur les plages qui sont encore hérissées de pointes anti-débarquement. Les touristes peuvent aussi s'amuser à prendre les armes, factices cette fois-ci, avec quelques minutes de tirs sur simulateur pour éliminer un ennemi imaginaire. C'est même devenu une attraction incontournable. 

"Ça pourrait être la Chine par exemple", ironise un jeune homme dans le reportage de TF1 en tête de cet article. Car pour ces Taïwanais, la menace plane de plus en plus. "Pour moi, il faut essayer de nous renforcer et de défendre notre pays. Qu'il s'agisse de la Chine ou d’autres pays", poursuit-il. "Taïwan n’a pas vraiment de souveraineté. Donc peu importe ce que l’avenir nous réserve, on doit se préparer à toute éventualité", ajoute une jeune fille. 

Avions de chasse et navires de guerre

Ce samedi, comme l'ensemble du territoire, ces Taïwanais voteront pour leur prochain président, une élection suivie de près par Pékin et Washington. D'autant que depuis plus de deux ans, l'Empire du Milieu montre ses muscles à Taïwan, qu'elle considère comme une province rebelle. En réponse, la Chine a envoyé un nombre sans précédent d'avions de chasse et de navires de guerre autour de Taïwan, lançant à deux reprises des manœuvres militaires d'ampleur avec tirs de missiles et simulation d'un blocus de l'île de 23 millions d'habitants.

Plusieurs fois, Kinmen a tremblé face à ce puissant voisin, surtout qu'elle ne peut s'en passer. Cela fait quatre ans déjà que les touristes chinois y sont interdits de séjour et leur absence pèse lourd chez les commerçants, comme dans cette coutellerie artisanale. "Avant, il y avait des dizaines de cars de touristes chinois qui venaient chaque jour. On espère qu’ils reviendront bientôt, ça augmenterait nos ventes", explique Lily Chu, la vendeuse. Dans son arrière-boutique, le patron "Maestro" Wu, 66 ans, a amassé des milliers d'obus chinois. "Ils ont été tirés ici de mes 1 an à mes 20 ans. À chaque fois, on devait se cacher dans les abris antiaériens", dit-il.

Aujourd'hui, ce forgeron transforme ces projectiles en couteaux de cuisine. Après la guerre, il veut la paix. "Nous, tout ce qu’on espère, c’est que la Chine et Taïwan vont continuer à coopérer. C’est uniquement comme ça que la situation pourra s’apaiser", ajoute-t-il. Ni indépendance, ni annexion, sur ce confetti de terre, écartelé entre Taïwan et la Chine, les électeurs décideront demain de l'avenir des relations avec l'autre rive du détroit. 


V. F I Reportage TF1 : Justine Jankowski et Marine Zambrano

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