"Personne n'a voulu nous écouter" : témoin du féminicide de sa mère, elle raconte

Publié le 12 novembre 2019 à 10h45, mis à jour le 13 novembre 2019 à 12h07

Source : JT 20h Semaine

FÉMINICIDE - Une jeune femme, qui explique que sa mère a été tuée par son conjoint ce dimanche soir dans le Bas-Rhin, témoigne sur France Bleu Alsace. Elle dénonce l’absence "d'aide" de la part des autorités et met notamment en cause l'intervention des gendarmes.

Elle est décédée devant ses yeux. Ce dimanche, une quarantenaire a été tuée par son mari près de Strasbourg, selon plusieurs médias locaux. Alertée par son appel, Stella, sa fille, est arrivée rapidement sur les lieux. Trop tard. Elle témoigne ce lundi auprès de France Bleu Alsace de ce qui pourrait être, selon le décompte des associations féministes, le 131e féminicide depuis le début de l'année. 

Le suspect en garde à vue

Les faits ont eu lieu à Oberhoffen-sur-Moder, dans le Bas-Rhin, peu après 23h, d’après le récit de la jeune femme au micro de la radio locale. C’est en tout cas l’heure à laquelle elle reçoit un appel à l’aide de sa mère, qui lui dit que son compagnon de 58 ans a "encore une fois caché un couteau". "J’ai entendu crier, je suis partie dans ma voiture", se remémore-t-elle, les yeux rougis par le chagrin. Quelques minutes plus tard, elle se retrouve devant le portail, qu’elle "escalade" avant de "fracturer la porte pour essayer d'entrer". Et de découvrir un macabre spectacle. "Ma mère se prend le dernier coup de couteau dans la carotide. Elle s'est relevée, est venue vers moi et c'était fini." Le suspect a été maîtrise par les gendarmes, arrêté et placé en garde à vue, d’après plusieurs médias locaux

Personne n'a voulu nous écouter
Stella

Alors pourquoi avoir agi seule ? La jeune femme dénonce la lenteur des forces de l’ordre. Elles auraient mis "trois minutes" à arriver depuis Bischwiller, tandis que les gendarmes, dont le caserne se trouve lui aussi dans la commune voisine, ont mis "à peu près une demi-heure à venir". Pourtant, l’alerte aurait dû être prise au sérieux. La victime avait déjà déposé une main courante il y a deux mois, puis une plainte, selon nos confrères. 

Car l'homme de 58 s’est toujours montré violent, explique l’Alsacienne. "Cela fait trois, quatre ans qu'ils étaient ensemble. Trois, quatre ans qu'elle était rouée de coups." Au début, celle qui était désormais en instance de divorce a refusé "de parler" par "peur pour elle et pour le défendre". "On voit où ça mène aujourd'hui", s’indigne Stella. Elle était au courant de cette brutalité, et craignait qu'il mène à un féminicide. "Je lui ai demandé plusieurs fois de venir vivre chez moi, elle n'a pas voulu parce qu'elle a un caractère de cochon".

Au-delà de l’intervention des autorités, c’est également pour dénoncer leur indifférence face aux nombreux signaux d’alerte envoyés par sa mère que Stella pousse un cri de colère. "Personne n'a voulu nous écouter, personne n'a voulu nous aider", regrette-t-elle, dénonçant des interlocuteurs qui ne font que lui conseiller de quitter le logement." Ce à quoi elle répondait être chez elle, avoir sa vie, ne pas vouloir partir. Alors, on la raccompagnait chez elle, sans certitude qu’elle se "réveille le lendemain". "C'est ce qui est arrivé cette nuit".

En 2018, le ministère de l'Intérieur avait décompté 121 meurtres de femmes par conjoint ou ex-conjoint.


La rédaction de TF1info

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