VIDÉO - "Air Colis" : ces trafiquants livraient du cannabis et des portables en prison... par drone

par N.K | Reportage TF1 : Kévin Gaignoux, Kilian Moreau
Publié le 30 septembre 2023 à 21h54, mis à jour le 1 octobre 2023 à 13h20

Source : TF1 Info

Un réseau de trafic de drogue étonnant a été démantelé par la gendarmerie de Loire-Atlantique.
Le gang, qui se faisait appeler "Air Colis" sur les réseaux sociaux, livrait du cannabis ou des portables en prison grâce à des drones.
Plus de 50 livraisons de ce type ont été comptabilisées ces derniers mois.

Un système particulièrement sophistiqué. À la nuit tombée, la manœuvre était presque imparable : un mini-drone survolait discrètement la prison, s'approchait des barreaux de la fenêtre d'un détenu et livrait une cargaison de drogue. Depuis plusieurs mois, plus de 50 livraisons de ce type ont été comptabilisées, principalement dans les centres pénitentiaires du Havre (Seine-Maritime), de Lorient (Morbihan), de Nantes (Loire-Atlantique) et de Poitiers (Vienne).

Après trois mois d'enquête, le réseau, qui s'était lui-même baptisé "Air Colis", a été démantelé près de Nantes, a annoncé vendredi le parquet. Quatre hommes âgés de 21 à 26 ans ont été mis en examen pour "survol de zone interdite", "introduction irrégulière d'objets à détenus" et "trafic de stupéfiants", a indiqué le procureur de la République de Nantes, Renaud Gaudeul.

"Une très grosse organisation"

Le général Laurent Le Gentil, commandant de la région de gendarmerie des Pays de la Loire, évoque "une très grosse organisation" et une "très grosse préparation technique des auteurs qui tractent une chaussette dans laquelle on a environ 500 grammes de marchandise, qui valent 400 euros". On pouvait y trouver un téléphone, une scie ou encore des produits stupéfiants.

Surveillant pénitentiaire et délégué syndical FO Justice à la maison d'arrêt de Nantes, William Cozic a pu assister aux premières loges au développement de ce phénomène ces trois dernières années. Et selon lui, les malfaiteurs sont désormais de plus en plus professionnalisés. "Les détenus sont passés à des livraisons par drone où il y a 100% de réussite, pratiquement (...). C'est toujours inquiétant", explique-t-il, avant d'admettre que l'administration "a toujours un wagon de retard". "On est totalement impuissant", constate William Cozic.

Partout en France, les prisons font face à ces nouvelles technologies. Mais à la suite de cette affaire, 36 téléphones et plus d'1,5 kg de cannabis ont été saisis. "À ma connaissance, il n'y a pas encore eu d'affaire d'une telle envergure sur le sujet en France. Il pouvait y avoir de cinq à dix livraisons par soirée", a déclaré le procureur de la République de Nantes. Depuis janvier, plus de 600 survols de prison par drone ont été enregistrés. Des brouilleurs de fréquence sont en cours d'installation dans plusieurs centres pénitentiaires, dont la maison d'arrêt de Nantes.

Les prisons de l'ouest de la France n'ont pas été les seules à avoir connu un tel phénomène. En octobre 2022, un drone transportant des téléphones portables et des produits stupéfiants a réussi à se poser dans une cour de promenade de la prison de Fresnes, dans le Val-de-Marne. Plus récemment, en juillet dernier, les enquêteurs de la brigade de lutte contre la cybercriminalité (BL2C) de la préfecture de police de Paris ont interpellé un homme, âgé de 23 ans et se déclarant sans emploi, suspecté d'être à la tête d'un réseau de livraison de produits illicites dans "toutes les prisons de France" via, là encore, des drones.


N.K | Reportage TF1 : Kévin Gaignoux, Kilian Moreau

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