Alors qu'une audience de prolongation de détention de Cédric Jubillar a lieu ce jeudi, TF1 révèle des documents inédits sur l'affaire.Notamment des images extraites des caméras de vidéosurveillance d'un parking d'Albi, sur lesquelles l'infirmière apparaît le jour de sa disparition.
Pas de scène de crime, pas de corps et un mystère qui reste entier. Un an et demi après sa disparition à Cagnac-les-Mines (Tarn), où elle était domiciliée avec sa famille, Delphine Jubillar demeure introuvable. Ce jeudi 9 juin, une audience de prolongation de la détention provisoire de son mari Cédric est examinée par le juge des libertés et de la détention au tribunal judiciaire de Toulouse. Considéré comme le principal suspect dans cette affaire par l'accusation, le peintre-plaquiste avait été mis en examen le 18 juin 2021 pour "homicide volontaire par conjoint" et placé en détention. Il a toujours clamé son innocence.
Parallèlement à ce nouveau rendez-vous judiciaire, TF1 révèle des documents inédits, notamment un cliché montrant la jeune femme au volant de sa voiture, quelques heures avant sa disparition dans la nuit du 15 au 16 décembre 2020.
Sur un parking d'Albi, à 10h23
Cette image a été captée par la caméra de vidéosurveillance d’un parking d’Albi. Nous sommes le mardi 15 décembre 2020. Il est 10h23. Ce matin-là, la jeune infirmière est en ville pour faire quelques courses. On la voit ici à la borne de sortie du parking. Delphine Jubillar s’apprête à rentrer à Cagnac-les Mines. C’est son premier jour de vacances et elle doit y retrouver Anne, une amie, pour prendre un café.
Cette dernière confie à TF1 la conversation qu'elle a eue avec l'infirmière ce jour-là :"Nous avons parlé des cadeaux de Noël. Le temps est passé très vite de 11 heures à midi. Nous nous sommes recroisées devant chez elle plus tard. Elle était souriante. Nous nous sommes dit 'bisouilles' comme à notre habitude. C'est la dernière fois que je l'ai vue."
Des messages avec son amant... et sa compagne
Son entourage l’ignore, mais ce 15 décembre 2020, la jeune mère de famille échange aussi de nombreux messages avec son amant qu'elle fréquente depuis la fin de l'été. Une journée ordinaire jusqu’au début d’après-midi... À 13h53, l'infirmière reçoit un message d’un numéro inconnu. Il s’agit de la compagne de son amant. Elle vient de découvrir leur relation et contre toute attente, elle l’accepte.
"Nous nous sommes mis d'accord tous les deux pour que tant que nous habiterons ensemble, nous soyons une famille. J'accepterai tout ce qu'il se passera après", écrit la femme de l'amant à Delphine Jubillar. Celle-ci lui répond : "Je comprends tout à fait ta requête. En attendant, je vais te laisser digérer la nouvelle et vous laisser en famille selon ton souhait."
Du vin pour célébrer une nouvelle vie
La jeune mère de famille, en instance de divorce, semble comprendre qu’elle s’apprête à tourner une page de sa vie : quitter Cédric pour s’installer avec celui qu’elle aime. Les deux amants ont déjà d'ailleurs de nombreux de projets, notamment d’emménager ensemble à Albi, deux mois plus tard. À 19h15, son amant décide d’acheter du vin pour célébrer la nouvelle.
- "Allez, je commande", écrit-il à sa maîtresse.
- "Grand jour", répond Delphine Jubillar. "Me tarde de l'ouvrir ce carton."
"C’est le début d’une projection vers une vie meilleure. Delphine Jubillar est enferrée dans un quotidien qui ne lui plait pas. Elle va qualifier cette vie de 'bidochon'. C’est une vie qu’elle veut fuir avec une maison qui", déclare Me Mourad Battikh, avocat de plusieurs proches de Delphine Jubillar, à TF1. La nouvelle vie de la jeune femme est désormais scellée. Mais en attendant qu’elle se concrétise, la jeune femme doit poursuivre sa vie de "bidochon", partageant avec ses deux enfants le toit d'un homme qu'elle n'aime plus.
" J'ai entendu : 'Arrête-toi'. C'était maman qui disait ça"
Ce mardi 15 décembre 2020, Cédric Jubillar est rentré un peu plus tôt au domicile de Cagnac-les-Mines. La famille dîne. Delphine Jubillar et son fils Louis s’installent ensuite devant la télévision. À 22h54, les deux amants se souhaitent bonne nuit par messages interposés.
- "Demain matin on pourra se tél. À quelle heure ?"demande l'amant
- "Comme ça t'arrange", lui dit-elle. "Je t'embrasse."
La suite de la soirée, c’est le fils ainé du couple qui la raconte. Face aux enquêteurs et aux juges, il indique qu'il est allé se coucher le mardi soir et qu'à travers l'entrebâillement de la porte de sa chambre, il a assisté à une dispute entre ses deux parents. L'enfant, âgé de 6 ans à l'époque, a relaté ses souvenirs aux enquêteurs. "Alors puisque c'est comme ça, on va se séparer", a-t-il affirmé avoir entendu. "Ils se poussaient. J'ai entendu : 'Arrête-toi'. C'était maman qui disait ça. Ils étaient entre le canapé et le sapin. Ils se poussaient avec les deux bras. Une fois papa, une fois maman", a assuré le petit garçon.
Cédric Jubillar, lui, n'a jamais évoqué cette dispute. Il a toujours dit avoir réalisé que sa femme n'était plus là au milieu de la nuit, quand Elyah, leur fille d'un an et demi, s'est réveillée au milieu de la nuit. Le mercredi 16 décembre à 4h10, il appelle les gendarmes. Voici la retranscription de la conversation :
- "Gendarmerie, je vous écoute."
- "Oui, bonjour, je ne sais pas où est passée ma femme"
- "C'est-à-dire ? Qu'est-ce qu'il vous arrive ?"
- "Je me réveille là, je suis tout seul à la maison."
- "Elle était là tout à l'heure ?"
- "Je me suis couché en premier et après y avait le petit avec elle devant la télé, donc je sais pas, oui."
La dispute de la veille que le mis en cause n'évoquera jamais est-elle le mobile ? Au cours de la perquisition dans la maison de Cagnac-les-Mines, le sac à main de Delphine Jubillar, avec à l'intérieur ses papiers d'identité et ses différents moyens de paiement, sera retrouvé. Tout comme ses lunettes retrouvées cassées, posées sur la table de la cuisine. Une branche manquante sera découverte derrière le canapé. Les enquêteurs relèveront que le mardi soir, quand la jeune femme regardait la télévision avec son fils, la monture n'était pas cassée…