VIDÉO - Octogénaire retrouvé mort dans la cave de sa voisine : meurtre ou légitime défense ?

par A. Lo. | Reportage Sept à Huit : Géraldine Doussier et Nathalie Verdier
Publié le 22 janvier 2024 à 12h10, mis à jour le 22 janvier 2024 à 18h05

Source : TF1 Info

Une habitante de Négrondes, en Dordogne, est accusée du meurtre de son voisin.
Le corps sans vie de celui-ci a été retrouvé début janvier dans sa cave.
Le magazine de TF1 "Sept à Huit" retrace cette affaire.

À Négrondes, c'est encore la sidération. Le 1ᵉʳ janvier dernier, le corps sans vie de Jean-Louis Tétard, octogénaire résidant depuis une trentaine d'années dans ce village de Dordogne, est retrouvé dans la cave de sa voisine, Laetitia. L'homme de 81 ans, veuf et solitaire, avait disparu deux mois plus tôt. Mise en examen, la voisine a reconnu l'avoir tué, tout en plaidant la légitime défense. Retour sur cette affaire qui a bousculé ce petit village de 850 âmes.

Je la vois sortir avec le frigo
Georges, un voisin de Jean-Louis Tétard

Tout commence lorsqu'en octobre 2023, du jour au lendemain, Jean-Louis Tétard disparaît. Cet habitué du village, qui s'est de plus en plus renfermé sur lui-même depuis la mort brutale de sa femme, Francine, en 2020, ne prévient personne. Seule l'une de ses voisines, Laetitia, âgée d'une trentaine d'années, semble être au courant de son départ. Cette mère de famille de trois enfants explique qu'il aurait ressenti le besoin de changer d'air. En attendant, Jean-Louis lui aurait confié les clés de chez lui pour s'occuper du chat. 

"Je me suis pas inquiétée, je me suis dit, 'il est parti'. Même s'il n'a rien dit, je me suis dit qu'il en avait besoin", confie une autre voisine, qui connaissait bien l'octogénaire. Un mois passe sans que personne n'ait de nouvelles. Seule Laetitia rapporte qu'il l'aurait appelée en numéro masqué. Ce sont finalement ses médecins qui s'inquiètent que leur patient n'honore pas ses rendez-vous médicaux. Ils préviennent la maire du village, Françoise de Carpentrie. 

"Le cardiologue est entré en relation avec son médecin traitant, qui a demandé à ce qu'on ouvre la maison de M. Tétard pour voir s'il n'était pas inanimé par terre. Donc mon adjointe, le médecin et la personne qui avait les clés sont rentrés dans la maison. Et bien sûr, il n'y avait personne", raconte-t-elle. L'inquiétude gagne également Georges, un des voisins de Jean-Louis Tétard. D'autant qu'il remarque des allées et venues de la part de Laetitia chez son voisin. "Je me souviens, le 24 [octobre], je la vois sortir avec le frigo", relate Georges, qui décide d'envoyer un SMS à Jean-Louis Tétard pour le prévenir. Il n'aura jamais de réponse.

Aveux et placement en détention provisoire

Le 27 décembre, Elvire, la belle-fille de Jean-Louis, signale sa disparition aux gendarmes, qui ouvrent une enquête. Eux aussi sont intrigués par cette voisine. En plus d'avoir les clés de l'octogénaire, elle aurait utilisé son téléphone portable et sa carte bancaire. Cette trentenaire, arrivée il y a un an à Négrondes, avec ses deux plus jeunes enfants, âgés de 13 et 16 ans, travaille dans une fabrique de palettes à la sortie du village. Ses fins de mois sont difficiles. "Des fois, elle ne mangeait pas ou on prenait des trucs, mais moins chers", explique sa fille, nommée Nina dans le reportage de "Sept à Huit" à retrouver en tête de cet article. Pourtant, depuis la disparition de Jean-Louis Tétard, Laetitia semble vivre plus confortablement. Elle fait plus d'achats et circule dans une nouvelle voiture. 

Le 1ᵉʳ janvier dernier, les gendarmes se présentent à son domicile. "On était partis faire une balade à vélo avec mon beau-père, ma mère et moi", explique son fils, prénommé Clément dans le reportage. "Quand on arrive à la maison, il y avait beaucoup de gendarmes. Ma mère fait la perquisition avec eux", ajoute-t-il. Les militaires découvrent alors un balai tâché de sang et à la cave, caché dans une citerne vide, le corps de Jean-Louis Tétard.

Les enfants, le nouveau compagnon de Laetitia et celle-ci sont alors mis en examen. Finalement, la voisine passe aux aveux. Le 17 octobre dernier, elle affirme que Jean-Louis Tétard serait passé chez elle et aurait tenté de l'agresser sexuellement. Elle se serait débattue, l'aurait saisi à la gorge et repoussé. Le vieil homme aurait été déséquilibré et sa tête aurait cogné contre un meuble. Dans la panique, Laetitia aurait décidé de cacher le corps et n'aurait rien dit à personne. Ses enfants et son compagnon sont remis en liberté tandis qu'elle est placée en détention provisoire.

Mais les amis de Jean-Louis Tétard s'étonnent du récit de Laetitia. "Jamais, il n'a eu de gestes déplacés", souligne l'une d'elles, se disant "choquée" par cette ligne de défense. L'ancien compagnon et père des enfants de Laetitia, lui, met en avant "la panique" qui a pu gagner son ex-femme. "Elle était un peu colérique, mais ça n'en arrivait pas à des points comme ça. Par contre, elle pouvait se défendre", décrit-il. "Je pense que c'est la panique" qui l'a poussée à cacher le corps plutôt que de prévenir les secours, estime-t-il.

L'autopsie a confirmé que Jean-Louis avait une blessure à la tête, compatible avec une chute accidentelle. L'instruction, qui vient de débuter, devra déterminer s'il y a eu légitime défense ou non. L'avocate de Laetitia, qui n'a pas souhaité s'exprimer, rappelle que sa cliente reste présumée innocente.


A. Lo. | Reportage Sept à Huit : Géraldine Doussier et Nathalie Verdier

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