"Je me suis fait frapper par un touriste" : l'exaspération d'un Lyonnais face à la surfréquentation des traboules

par T.A. | Reportage TF1 Christophe BUISINE et Eric NAPPI
Publié le 6 mai 2024 à 18h27

Source : JT 13h Semaine

Le surtourisme touche de nombreux sites naturels ou littoraux, mais aussi, désormais, des villes.
À Lyon (Rhône), les traboules, ces étroits passages emblématiques passant par des cours d'immeubles, sont très fréquentées.
Sur place, les habitants sont excédés, comme a pu le constater une équipe de TF1.

Ce jour-là, Baptiste a décidé de filmer lui-même ce qu'il endure au quotidien. Il doit se frayer un chemin à travers la foule de touristes. L'entrée de son logement est située dans une traboule du Vieux-Lyon (Rhône). Comme de nombreux passages emblématiques de la ville, il s'agit d'un long couloir traversant les cours d'immeuble, qui permet de se rendre d'une rue à une autre. Ce Lyonnais estime qu'environ 1000 personnes traversent son immeuble chaque jour, la plupart pour découvrir cette architecture typique de Lyon. Une situation de plus en plus difficile à vivre pour les riverains.

Jeux de pistes et enterrements de vie de garçon

"Au quotidien, il y a énormément de bruit, indique Baptiste. C'est du stress : le fait que les gens ne soient pas forcément au courant de comment on doit vivre ensemble fait que quand on leur fait une remarque, certains peuvent être agressifs. La semaine dernière, je me suis fait frapper par un touriste anglais, par exemple." Très prisées des touristes, les traboules sont des espaces privatifs. Les visiteurs disposent seulement d'un droit de passage en silence. Mais il y a fréquemment des incivilités, à l'instar des adolescents qui entament une partie de football sur des images, une vidéo prise au téléphone depuis un appartement, que montre le reportage de TF1 à retrouver en tête de cet article.

Un million de personnes visitent le Vieux-Lyon chaque année. Les guides qui accompagnent des groupes ont conscience du problème de la surfréquentation. Alors, ils recommandent le silence à leurs clients. Mais ce n'est pas toujours suffisant. "Je fais attention, dès que le volume monte un petit peu, je fais des rappels, assure Bertrand Lafrene, guide touristique dans la ville. Après, il y a aussi énormément de monde qui rentrent sans guide dans ces espaces : des gens qui font des jeux de pistes, qui participent à des enterrements de vie de jeune fille ou de jeune homme... Ça peut être un peu plus bruyant."

Ouvrir plus de traboules, une possible solution

Sur les 500 traboules que compte la ville de Lyon, seules 50 sont ouvertes au public. Les propriétaires choisissent souvent de les laisser fermées. Les touristes visitent donc toujours les mêmes : forcément, cela accentue l'effet de masse. "On est embêtés, convient Frédéric Auria, président de l'association 'Renaissance du Vieux-Lyon', qui lutte pour la sauvegarde architecturale lyonnaise. On reconnaît que cela crée une nuisance, mais c'est vraiment un élément essentiel du patrimoine lyonnais. Donc, pour nous, l'enjeu serait qu'il y ait plus de traboules ouvertes pour mieux répartir le flux."

Pour inciter les copropriétés à ouvrir leurs portes, la ville de Lyon propose des aides financière à la rénovation et à l'entretien. En échange, celles-ci doivent rester accessibles en journée. Victime de son succès, le Vieux-Lyon veut continuer à accueillir les touristes, mais sans renoncer à une certaine tranquillité.


T.A. | Reportage TF1 Christophe BUISINE et Eric NAPPI

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