À quoi sert exactement le bâillement ?

par Aurelie DUHAMEL pour TF1 INFO
Publié le 28 février 2024 à 21h00

Source : JT 20h WE

Par lassitude, fatigue ou mimétisme, le bâillement donne lieu à tout un tas d’interprétations différentes.
S’il a longtemps souffert d’une mauvaise image, ce réflexe contagieux commun à tous les vertébrés est aussi bon pour la santé.
Ce mécanisme naturel donne lieu à de multiples théories scientifiques, bien que le mystère autour de ses origines plane toujours.

Le bâillement est un réflexe indomptable qui se déclenche dès le début de la vie intra-utérine. En médecine, ce comportement contagieux est aussi l’un des plus grands mystères du corps humain. En effet, répondre à la question "pourquoi bâille-t-on" n’est pas si simple. Cette question, qui mobilise encore aujourd’hui les scientifiques, est loin d’être tranchée. Ce que l’on sait, c’est que cette contraction involontaire de la mâchoire, qui se manifeste par une longue inspiration suivie d’une expiration plus courte, est incontrôlable : il suffit de voir quelqu’un bâiller pour avoir immédiatement envie de l’imiter. Ce comportement serait un révélateur fiable de la capacité d’un individu à faire preuve d’empathie et de compassion, envers ses semblables.

Comment la science explique-t-elle ce mystère ?

Excepté les girafes, tous les vertébrés peuvent bâiller. Un homme en bonne santé, par exemple, bâillerait en moyenne cinq à dix fois par jour. Peut-être même avez-vous déjà bâillé en lisant cet article ? Les scientifiques avancent plusieurs hypothèses à ce phénomène. Il y a d’abord eu le célèbre Hippocrate, considéré comme le père de la médecine, pour qui le bâillement servait à évacuer la fièvre. Au XVIIIe siècle, le médecin hollandais Johannes de Gorter avait une tout autre opinion sur la question : bâiller permet d’augmenter la circulation sanguine pour mieux oxygéner le cerveau.

Aujourd’hui, l’hypothèse dominante serait plutôt un mélange de ces deux raisonnements. En 2007, une étude américaine relançait le débat en expliquant que cette ouverture béante de la bouche agirait comme un mécanisme de thermorégulation en nous apportant "un courant d’air frais". Autrement dit, il viendrait contrer les augmentations de température indésirables. "Lorsque les participants portaient un sac chaud (46 ° C) ou un sac à température ambiante sur leur front tout en regardant les gens bâiller, un bâillement contagieux se produisait dans 41 % des cas", expliquent les auteurs de l'étude. 

Maintenir le cerveau éveillé et stimuler la fréquence cardiaque

Si vous êtes dans un avion ou si vous roulez en montagne, votre corps pourrait aussi se mettre à bâiller pour égaliser la pression dans vos oreilles. L’Université médicale de Caroline du Sud (États-Unis) relaye une autre théorie : le bâillement ne serait pas la preuve d’un ennui profond, mais plutôt un signal que votre cerveau vous envoie pour vous maintenir éveillé, ou du moins plus alerte. "Le bâillement est associé à certaines hormones libérées qui augmentent brièvement la fréquence cardiaque et la vigilance", explique l’école de médecine. Ce mouvement permet aussi au corps de fléchir ses muscles et ses articulations. 

Le bâillement pourrait aussi être lié à l’anxiété. Une expérience menée par des chercheurs japonais a montré que le stress provoqué par un conditionnement classique de la peur faisait bâiller les rats. S’il est entièrement normal et naturel de bâiller, un bâillement excessif ne doit pas être pris à la légère. Ce dernier peut être le signe d’un sérieux manque de sommeil ou d’une somnolence durant la journée. Quoi qu'il en soit, si vous avez l’impression de bâiller plus que d’habitude, n’hésitez pas à en parler à votre médecin : lui seul sera plus à même de vous recommander un traitement en fonction de vos besoins. Certains médicaments, les insomnies, la narcolepsie ou encore l’apnée du sommeil peuvent aussi causer ces bâillements à répétition. 


Aurelie DUHAMEL pour TF1 INFO

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