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"Boire de l'eau", "manger avant" : les conseils de la nouvelle campagne de prévention sur les risques de l'alcool sont-ils judicieux ?

Publié le 28 septembre 2023 à 17h36

Source : JT 13h Semaine

Une nouvelle campagne de prévention des risques liés à l'alcool a été lancée ce lundi.
Destinée aux jeunes, cette campagne dispense plusieurs conseils, comme boire de l'eau ou manger avant de faire la fête.
Nous avons voulu en savoir plus sur les effets que produisent réellement ces comportements.

Des bonnes pratiques qui ont suscité beaucoup de moqueries. Le gouvernement a lancé ce lundi 25 septembre une campagne de lutte contre les risques de l'alcool à destination des plus jeunes. Conseillant les gestes de "base", comme raccompagner ses amis ou manger avant de faire la fête, elle est accusée de "banaliser l'alcool" au lieu de lutter contre sa consommation. Une critique que Santé publique France rejette. L'agence, qui a participé à l'expertise derrière cette campagne, rappelle que 81% des jeunes de 17 ans ont déjà expérimenté l'alcool. Et qu'il ne servirait donc à rien de diaboliser le message, préférant sensibiliser sur les risques. Mais que valent ces conseils ? 

Éviter le risque de coma éthylique

Dans cette opération baptisée "la base", deux messages incitent clairement à baisser la consommation. À savoir, "ne pas insister si tes potes ne veulent pas consommer" et "motiver ses potes à moins consommer". Les autres consistent en de bonnes pratiques. Une décision que Santé publique France défend en nous signalant que "l'analyse de la littérature scientifique" au sujet des comportements de santé de la population et des leviers efficaces en matière de prévention a montré qu'alerter sur les risques à long terme, comme le cancer ou les maladies cardio-vasculaires, "n'est pas le plus efficace pour faire évoluer les attitudes et comportements des adolescents et des jeunes adultes". C'est pourquoi Santé publique France a choisi certains éléments "comme le phénomène de la pression sociale à consommer", et les bonnes pratiques pour éviter les risques au moment de la fête. 

"Boire aussi de l'eau si on consomme de l'alcool"

Si alterner entre un verre d'eau et un cocktail alcoolisé ne baisse pas l'alcoolémie à proprement parler, cette habitude peut contribuer à consommer moins d'alcool, assure l'agence nationale de santé publique, ce comportement remplissant de fait l'estomac. En réalité, cette habitude permet surtout d'éviter les effets désagréables de la fameuse "gueule de bois" du lendemain. Avec l'élimination excessive d'eau, la toxicité de certains composants de l'alcool et la perturbation du cycle du sommeil, l'alcool a un effet de déshydratation sur l'organisme. "Boire de l'eau permet mécaniquement de limiter ces effets", souligne donc Santé publique France auprès de TF1info. 

"Penser à manger avant de boire"

Ici, il s'agit d'un comportement qui évite un certain nombre de risques importants. L'alcoolémie augmente en effet de manière rapide lorsque la personne est à jeun. "Les molécules d'alcool sont absorbées sans transformation, donc rapidement", rappelle Santé publique France. Lorsque la personne est à jeun, le foie est pauvre en réserve glucidique, ce qui entraine dès lors le risque d'une "hypoglycémie sévère", comme le montre une étude publiée en 2011

DÉCRYPTAGE - Vente d'alcool aux mineurs : quels contrôles ?Source : JT 20h Semaine

Par ailleurs, ce réflexe évite un autre problème : l'endormissement et la perte de conscience. Soit, le coma éthylique. Comme le rappelle la plateforme Alcool info service, cette intoxication survient lorsque les taux d’alcool dans le sang sont trop élevés. Or, les nutriments, les fibres et les graisses "diminuent mécaniquement le contact entre l'alcool et les muqueuses gastrique et intestinal", diminuant ainsi la vitesse d'absorption de l'alcool. "Et donc la vitesse d'augmentation du taux d'alcoolémie", conclut Santé publique France. Enfin, tout comme le réflexe du verre d'eau entre chaque verre d'alcool, l'action de manger permet de ralentir la consommation. 

En résumé, ces conseils sont bien des gestes qui permettent d'éviter un certain nombre de risques aux jeunes consommateurs. Sans toutefois alerter sur les problématiques de santé sur le long terme. C'est pourquoi, aux yeux de l'addictologue Jean-Pierre Couteron, "cette campagne est juste, mais pas suffisante". 

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Felicia SIDERIS

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