Covid-19 : que sait-on du variant rare et préoccupant découvert à Bordeaux ?

Publié le 26 mai 2021 à 12h25

Source : TF1 Info

VIRUS - La souche découverte dans le quartier de Bacalan, à Bordeaux, circule de manière "sporadique" en France depuis mars. Pour y faire face, un centre de vaccination dédié doit ouvrir ce mercredi après-midi, alors que les opérations de dépistage sont renforcées.

On le sait, plus le virus circule, plus il a de risques de muter. Une nouvelle souche peu détectée jusqu’alors a été découverte au nord de Bordeaux, au sein du quartier de Bacalan, ont annoncé les autorités sanitaires vendredi 20 mai. Les deux "patients zéros" ont chacun contaminé une trentaine et une vingtaine de proches, l’un au sein de sa famille et l’autre "en milieu scolaire", selon Santé Publique France (SPF). Au total, 60 personnes sont aujourd’hui touchées par ce variant, selon Benoît Elleboode, mle directeur de l'ARS de Nouvelle-Aquitaine. 

Si aucune d’entre elles n’a été vaccinée contre le Covid, aucun cas grave n'a été remonté pour le moment. "Il s’agit plutôt de gens jeunes, soit ils sont asymptomatiques, soit ils ont les symptômes classiques", a précisé Patrick Dehail, conseiller médical à l’Agence régionale de santé (ARS) de Nouvelle-Aquitaine, au journal Sud Ouest. 

Un variant qui "n’a pas voyagé"

En réalité, ce variant n’est pas nouveau en France. Il était "peu détecté en France jusqu’à la mi-mars, mais les données de séquençage montrent une transmission communautaire dans plusieurs régions", indique SPF. Baptisé 20I/484Q, il comporte la souche anglaise doublée de la mutation E484K, "une mutation qu’on retrouve aussi chez le variant indien et qui pourrait le rendre potentiellement plus transmissible", indiquait Benoit Elleboode, directeur général de l’ARS, durant le week-end sur LCI. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’il est classé comme "préoccupant" par Santé Publique France. 

"La détection du VOC 20I/484Q demeure très rare au niveau international et en France", a entrepris de rassurer l’organisme de santé vendredi soir, expliquant que "jusqu’à la précédente analyse de risque, le variant 20I/484Q n’avait été détecté que chez de rares cas sporadiques en Auvergne-Rhône-Alpes, Grand-Est et Île-de-France." Avant celui de Bordeaux, un foyer épidémique a toutefois été découvert au mois d'avril en région parisienne, au sein d’un établissement de soins, sans que l’on sache combien de personnes il a concerné.

Si cette souche se fonde sur le variant anglais, largement majoritaire en France, elle est considérée comme "autochtone", c’est-à-dire qu’elle "n’a pas voyagé", selon Patrick Dehail. "Nous l’avons repéré le week-end dernier et il a fait l’objet de séquençage au CHU de Bordeaux", a-t-il encore indiqué à Sud Ouest. "Au niveau international, un peu plus d’une centaine" de cas du variant 20I/484Q ont été rapportés, selon SPF,"dont 71% proviennent de pays européens" : principalement le Royaume-Uni, l’Allemagne ou la France. 

S’il est potentiellement plus transmissible, il est trop tôt pour affirmer que ce variant est plus dangereux. Mais la vigilance est de mise, estime le directeur de l’ARS, puisque les "mutations spécifiques peuvent faire craindre soit une surcontamination, soit une résistance au vaccin". Dans ce contexte, les autorités sanitaires n’ont pas tardé à réagir, lançant vendredi une large campagne de dépistage dans un centre éphémère effectuant 200 tests par jour et permettant de faire remonter d'autres cas positifs. "L’opération de dépistage se poursuit ce week-end et les premiers résultats seront connus la semaine prochaine", selon l’ARS. 

Un centre de vaccination dédié

Un centre de vaccination va être ouvert à compter de ce mercredi, nous a appris l’ARS dès samedi, afin de vacciner de manière "très ciblée" les habitants de plus de 18 ans du quartier du Bacalan. Ce nouveau centre, qui sera installé dans le centre d'animation du quartier, ouvrira à partir de 14h, pour fonctionner ensuite tous les jours de 9h à 20h, a précisé le maire de Bordeaux Pierre Hurmic. 

Selon Benoît Elleboode, il comprendra "deux lignes de vaccinations et 200 vaccinations" pourront y être réalisées par jour. Des doses seront également  fournies aux pharmaciens, aux généralistes, tandis que le mégacentre de vaccination de Bordeaux pourra aussi vacciner les habitants de Bacalan, où "plus de 900 personnes ont été testées" à ce jour, a-t-il précisé. "On a prévu trois semaines pour finir de vacciner les 10.000 habitants."

"L'idée, c'est de profiter de l'opération de dépistage en cours pour dire aux gens testés négatifs d'aller se faire vacciner rapidement".
Bénédicte Motte, directrice de l'ARS en Gironde

Au total, 19.000 doses des vaccins Pfizer et Moderna seront fournies à Bordeaux, soit nettement plus que les 16.000 doses jugées nécessaires, selon le directeur de l'ARS. Alors que les opérations de dépistage sont également renforcées, la préfète de Bordeaux Fabienne Buccio a, pour sa part, appelé à ne pas "baisser la garde". "On a encore des marges de progression face à des attitudes imprudentes", a-t-elle estimé, précisant qu'il avait fallu ce week-end interrompre un début de rave-party avec 120 personnes à Bordeaux ainsi que l'organisation d'un jeu de loto pour des personnes âgées en banlieue, à Lormont.


Caroline QUEVRAIN

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