Santé périnatale : une évolution "préoccupante" de la mortalité de la mère et de l'enfant en France

M.L (avec AFP)
Publié le 20 septembre 2022 à 16h47, mis à jour le 20 septembre 2022 à 17h15

Source : Sujet JT LCI

Santé Publique France publie ce mardi un rapport inédit, qui offre pour la première fois une vision "globale" sur la santé des femmes enceintes et des nouveaux-nés.
L'agence s'inquiète de voir la mortalité de très jeunes bébés augmenter, et celle des mères peu diminuer.
La situation est particulièrement critique dans les Outre-mer.

C'est une première en France : un rapport de Santé Publique France, publié ce mardi, décrit de manière "globale" l’état de la santé périnatale dans l'Hexagone, et note une évolution "préoccupante" de certains indicateurs en dix ans, surtout en Outre-mer. Ce document de quelque 160 pages compile une série de données sur l’état de santé de la femme enceinte, du fœtus et du nouveau-né, de la grossesse au post-partum (le retour de couches), de 2010 à 2019, avant donc l'épidémie de Covid-19.

Parmi les constats qui suscitent les inquiétudes de l'agence sanitaire, les évolutions de la mortalité sont contrastées, "voire préoccupantes" à la fois pour la mère et l'enfant, a souligné Anne Gallay, directrice des maladies non transmissibles et traumatismes à Santé publique France, auprès de l'AFP.

Un taux de mortalité critique chez la mère et le nourrisson en Outre-mer

Ainsi, la mortalité néonatale (lorsque le décès survient entre 0 et 27 jours de vie de l'enfant) a augmenté en métropole, passant de 1,6 décès pour 1000 naissances en 2010 à 1,8 pour 1000 en 2019. Et le taux de mortalité maternelle n’a pas diminué significativement entre 2007-2009 (9,5 décès pour 100.000 naissances) et 2013-2015 (8,1 pour 100.000), date des dernières données disponibles. 

Des phénomènes "qu’il convient de mieux comprendre afin d’inverser la tendance dans les prochaines années", préconise le rapport. "Des travaux sont en cours pour mieux comprendre les causes de cette mortalité", a relevé auprès de l'AFP Nolwenn Régnault, responsable de l’unité périnatale de Santé publique France. La situation peut en tout cas progresser, selon elle, "de nombreux pays présentant de meilleurs résultats"

D'autant que dans les Départements et régions d'outre-mer (DROM), le panorama est globalement encore plus défavorable : un taux de mortalité maternelle quatre fois plus élevé qu’en métropole, un taux de mort-nés 1,5 fois plus élevé, un taux de mortalité néonatale deux fois plus élevé. De manière générale, si certains indicateurs témoignent d’un "niveau élevé et stable de prise en charge" en France, "le rapport fait état de situations hétérogènes entre les territoires, avec une dégradation dans les départements et régions d'Outre-mer", a ainsi indiqué à l'AFP Anne Gallay.

La précarité des mères et certaines pathologies maternelles en hausse

En parallèle, l'étude révèle aussi que la précarité des mères semble s’aggraver en France : un peu moins d'accouchements sont couverts par l’Assurance maladie (96,8% en 2010 contre 96,0% en 2019). Et l'on recense davantage de mères en situation irrégulière disposant de l’Aide médicale d’État (AME), à savoir 2,5% en 2019 contre 1,6% en 2010, et de mères sans abri (2,28% en 2019 en Île-de-France, contre 0,58% en 2015).

Par ailleurs, certaines pathologies maternelles en cours de grossesse et en post-partum sont en augmentation, notamment les troubles liés à l'hypertension (4,5% en 2010 ; 5% en 2019) et le diabète gestationnel (6,7% en 2010 ; 13,6% en 2019). Cette dernière hausse s'explique en partie par des changements dans les modalités de dépistage et par l’augmentation de la prévalence des facteurs de risque, comme l’obésité ou l’âge maternel plus élevé.

Là encore, c'est dans les DROM que la situation est la plus inquiétante, en particulier en Guyane et à Mayotte. En Guyane, un tiers des accouchements ne sont pas couverts par l’Assurance Maladie et près d’un quart des femmes sont en situation irrégulière et bénéficient de l’AME, si bien que les mères vivent "dans une situation globalement précaire" et "sont beaucoup moins suivies pendant leur grossesse". À Mayotte, les mères sont plus jeunes, le taux de natalité est plus élevée, deux tiers des accouchements se déroulent sans couverture sociale.

Le taux de natalité en baisse dans la quasi-totalité des régions

Tous ces constats "plaident en faveur d’un renforcement de la prévention et de la promotion de la santé périnatale", "un meilleur accès aux droits et aux soins, en particulier dans certains territoires" d'Outre-mer, conclut le rapport.

L'étude révèle par ailleurs que le taux de natalité est en baisse dans toutes les régions de France, excepté en Guyane. Le nombre de naissances a diminué, passant de 841.000 en 2010 à 734.000 en 2019. Les principales raisons résident dans l'augmentation de l'âge maternel d’accouchement et dans la diminution de la fécondité chez les femmes les plus jeunes. Pour la France entière, l’âge moyen à l’accouchement est passé de 29,4 ans en 2010 à 30,1 ans en 2019.


M.L (avec AFP)

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