Sécu : adieu au "dossier médical partagé", bienvenue dans votre nouvel "espace Santé"

par La rédaction de TF1info | Reportage TF1 : Caroline Bayle et Jean François Drouillet
Publié le 3 février 2022 à 14h45, mis à jour le 3 février 2022 à 15h15

Source : TF1 Info

Le gouvernement lance officiellement "Mon Espace Santé" ce jeudi 3 février.
Ce nouveau dispositif de carnet de santé numérique remplace et complète le "Dossier médical partagé" des Français.
Déjà accessible sur un site internet, ce service le sera bientôt sur une application pour smartphone.

Pour le ministre de la Santé Olivier Véran, qui a lancé officiellement ce jeudi le dispositif, c'est un "nouveau cap dans le développement du numérique en santé", comparable à la création de la "carte Vitale" en 1998. "Mon Espace Santé" est un nouveau service public numérique, qui intègrera les fonctions du "dossier médical partagé", qui n'était pas parvenu à s'imposer.

Changement de philosophie avec le nouveau dispositif : tous les assurés se verront automatiquement dotés d'un "espace santé", qu'il suffira d'activer, au lieu du système d'adhésion volontaire qui prévalait - et qui est tenu pour responsable de l'échec du précédent système. 

À quoi sert "Mon Espace Santé" ?

Selon les mots de la Direction de l'Information légale et administrative, il est destiné à "faciliter les démarches des usagers et les échanges avec les professionnels de santé pour une meilleure prise en charge". Concrètement, il contiendra une "version améliorée" du Dossier médical partagé (DMP), qui stockera toutes les données de santé de l'assuré, comme ses ordonnances, ses résultats d'examens, ou ses antécédents médicaux. L'espace fournit aussi une messagerie sécurisée pour permettre des échanges entre patients et praticiens. 

Pour le responsable ministériel du numérique en Santé, interviewé dans le reportage de TF1 en tête de cet article, le progrès de nouvel "espace santé" tient à la centralisation des données du patient. "Nos données de santé sont un petit peu chez notre biologiste, chez notre radiologue, chez notre médecin généraliste, explique Dominique Pon. Là, le gros intérêt pour les Français, c'est qu'on nous restitue à nous la totalité de nos données de santé"

Pour les praticiens, c'est aussi un progrès qualitatif, comme en témoignent les premiers à l'avoir testé. "Ça va me permettre d'avoir tous les compte-rendus de mes confrères", s'enthousiasme Julien Guillotreau, chirurgien à Toulouse, alors qu'il était "toujours un peu compliqué, de les récupérer par courrier postal ou par fax"

L'Assurance-maladie prévoit aussi de nouvelles fonctions dans un avenir proche : un agenda de santé personnalisé pour gérer ses rendez-vous médicaux, et un catalogue d'applications numériques liées à la Santé, et certifiées par l'Etat.

Comment ça marche ?

Un code provisoire d'activation sera envoyé à chaque assuré entre janvier et mars 2022, par l'Assurance Maladie, le ministère de la Santé ou la Mutualité Sociale Agricole. La manipulation demande seulement de se munir de ses numéros de carte vitale et de sécurité sociale, et du code reçu par mail ou par courrier. Ceux des enfants seront adressés aux parents auxquels ils sont rattachés. Les "espaces santé" des enfants seront ensuite gérés depuis ceux des parents, sans avoir à en sortir. Si le code provisoire reçu a expiré avant l'activation par l'assuré, il lui sera possible à tout moment d'en demander un autre sur le site. 

L'assuré conservera toujours le contrôle sur ses données, et ne partagera avec les professionnels que celles qu'il souhaite communiquer. Il pourra bloquer un document, ou par exemple en autoriser l'accès au seul SAMU, en cas d'accident. 

Que devient le "Dossier médical partagé" ?

Mal-aimé des assurés, ce dispositif lancé il y a quinze ans sous le nom de "Dossier médical personnel" (DMP), puis "partagé", n'aura réussi à convaincre que 10 millions de Français- sur les 40 millions espérés. Les actions volontaires nécessaires pour créer ce dossier personnel auraient empêché son décollage. Les dossiers existants ne disparaissent pas pour autant, et leurs données seront automatiquement transférées dans le nouvel "espace santé". 

Automatique... mais pas obligatoire

Si 68 millions de Français, adultes comme enfants, se verront dotés d'un "espace santé", il sera possible de faire la démarche de le refuser, en utilisant à tout moment un code pour le clôturer. En revanche, même fermé, ses données resteront archivées dix ans par l'Assurance maladie.

Retour d'expérience

Le dispositif "Mon Espace Santé" a été testé grandeur nature depuis juillet 2021 dans trois départements pilotes : la Haute-Garonne, la Loire-Atlantique et la Somme. Avec un succès relatif, à en croire des praticiens locaux contactés par l'AFP.  Installé près de Toulouse, le Docteur Jean-Louis Bensoussan reconnaît ainsi l'avoir "très peu utilisé" pendant l'expérimentation. C'est le risque que prend ce nouveau système auto-généré, si les assurés n'en voient pas la nécessité : rester une coquille vide. Le gouvernement semble l'avoir anticipé : à terme, lorsque tous leurs logiciels auront été adaptés, les professionnels de santé seront obligés d'alimenter les dossiers numériques de leurs patients.


La rédaction de TF1info | Reportage TF1 : Caroline Bayle et Jean François Drouillet

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