Nucléaire : bientôt le tout premier "mini-réacteur" construit en France ?

par L.H avec AFP
Publié le 29 avril 2024 à 19h49

Source : Sujet TF1 Info

Une entreprise française a déposé, lundi, la toute première demande d’autorisation en France pour un mini-réacteur nucléaire.
Cet équipement se veut moins polluant et moins émetteur de CO2.
Si le dossier est approuvé, le mini-réacteur pourrait être branché sur le site industriel de Cristanol, où sont produits de l’alcool et du bioéthanol.

Il s’agit du tout premier projet à faire l’objet d’un "dossier de demande d'autorisation de création" pour un mini-réacteur nucléaire. L’entreprise française Jimmy Energy a annoncé, dans un communiqué publié lundi 29 avril, avoir déposé une demande d’autorisation auprès du ministère de la Transition écologique pour élaborer un mini-réacteur nucléaire.

Cette première étape ouvre un processus d’instruction par l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN), qui va examiner la proposition. Si le dossier est validé, le petit réacteur modulaire (PRM, ou SMR en anglais), d’une puissance de 10 mégawatts selon la start-up, devrait être directement branché sur le complexe industriel du groupe sucrier Cristanol, à Bazancourt (Marne). 

Le but ? "Fournir de la chaleur décarbonée"

Concrètement, ce type de réacteur s'apparente à une sorte de chaudière à combustible nucléaire dont l'objectif est de "fournir de la chaleur décarbonée" à l'industrie, "en remplaçant les brûleurs à gaz", puisque ces derniers rejettent des gaz à effet de serre dans l'atmosphère, souligne la société dans un communiqué. Au contraire, "les générateurs de Jimmy n’émettent pas de CO2 et se branchent directement aux installations industrielles existantes", assure la start-up.

"Les générateurs conçus par Jimmy, d’une durée de vie de 20 ans, s’inscrivent dans un mix énergétique complémentaire aux réacteurs nucléaires de grande et moyenne puissance et aux sources d’énergie renouvelables, parfois inadaptées à des procédés industriels exigeants", poursuit l’entreprise. Plus petits, moins puissants que leurs grands frères du parc nucléaire historique, les SMR doivent pouvoir produire de l'électricité, mais aussi fournir de la chaleur aux industries lourdes - verre, chimie, acier -, qui sont aujourd'hui encore très dépendantes d'énergies fossiles.

La phase d'instruction peut durer au moins trois ans

Désormais, "l'Autorité de sûreté attend la saisine du ministère", a indiqué un porte-parole de l'ASN à l’AFP. Ensuite, la phase d'instruction peut prendre au moins trois ans. "Celle-ci permettra, notamment, à l’ensemble des parties prenantes de se prononcer sur le projet, ainsi que l'ouverture d'une étude environnementale et d'une enquête publique", détaille Jimmy dans son communiqué. 

Aussi, l'ASN promet d'être "beaucoup plus exigeante" vis-à-vis de ces nouveaux objets, destinés à être fabriqués en série et déployés en nombre pour être rentables. Au total, plus de 80 projets de mini-réacteurs nucléaires sont recensés dans le monde, à des maturités diverses. Jusqu'ici, seuls deux pays ont annoncé en avoir mis en service : la Russie et la Chine, selon le rapport 2023 sur l'état de l'industrie nucléaire, produit par des experts indépendants.


L.H avec AFP

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