Espérance de vie : des scientifiques analysent le sang de centenaires, avec des résultats surprenants

Publié le 13 octobre 2023 à 17h03

Source : JT 20h Semaine

Des chercheurs ont repéré des caractéristiques communes dans le sang des personnes ayant vécu plus de cent ans.
Dans l'ensemble, leurs biomarqueurs sont restés à des niveaux moyens tout au long de leur vie.
La spécificité la plus marquée a été observée concernant l'acide urique.

Pourquoi certaines personnes vivent-elles jusqu'à cent ans et plus ? C'est le mystère qu'ont tenté de percer des épidémiologistes du Karolinka Institutet, en Suède, à travers une vaste étude menée à partir de 44 000 dossiers médicaux de patients. Parmi ces derniers, 1224 personnes, soit 2,7 % étaient des centenaires dont une majorité  (85 %) étaient des femmes.

Or, en analysant les examens sanguins du groupe ayant vécu jusqu'à cent ans et en les comparant avec celui à l'espérance de vie plus réduite, l’équipe de chercheurs a identifié plusieurs caractéristiques communes aux centenaires. Les résultats de leurs travaux ont récemment été publiés dans la revue médicale GeroScience et relayés dans The Conversation.

Des biomarqueurs à des niveaux moyens tout au long de la vie

Plus en détails, ce sont douze biomarqueurs sanguins qui ont été scrutés de près dans le cadre de cette étude. À savoir, le cholestérol et le glucose pour ce qui concerne la fonction métabolique, l'acide urique s'agissant du niveau d’inflammation du corps, le taux d'Alat, d'Asat, de GGT, d'Alp, de LDH et d'albumine pour la fonction hépatique, la créatinine pour la fonction rénale et enfin le fer et taux de transferrine (TIBC) pour les marqueurs de malnutrition ou anémie potentielles.

Il en ressort que de manière générale, les personnes ayant vécu centenaires présentaient des taux de glucose, de créatinine et d’acide urique plus faibles, plusieurs années durant, et ce dès soixante ans. A contrario, les groupes présentant les taux les plus élevés pour ces marqueurs étaient ceux dont l'espérance de vie était moindre. Les personnes aux taux de cholestérol les plus faibles avaient également moins de chance d’atteindre cent ans. Dans l'ensemble, les biomarqueurs des centenaires sont restés à des niveaux moyens, tout au long de leur vie. Peu de centenaires avaient par exemple un taux de glucose supérieur à 6,5 mmol/L plus jeune, ou encore un taux de créatinine supérieur à 125. 

Peu d'acide urique

Reste que la spécificité observée la plus marquée concerne l'acide urique, un déchet présent dans l’organisme provoqué par la digestion de certains aliments. Ainsi, tandis que le groupe de personnes au taux d'acide urique le plus faible durant sa vie comptait 4% de centenaires, celui avec les taux les plus élevés en comptait 1,5 %.

"Même si les différences découvertes sont globalement plutôt faibles, elles suggèrent un lien potentiel entre santé métabolique, nutrition et longévité exceptionnelle", en conclut l'équipe.

"Il est raisonnable de penser que des facteurs tels que l’alimentation et la consommation d’alcool jouent un rôle", analyse de son côté le Pr Karin Modig qui a coordonné ces travaux, tout en recommandant de faire régulièrement contrôler ses valeurs rénales et hépatiques, ainsi que sa glycémie et son taux acide urique à  partir d’un certain âge. Cette dernière et son équipe soulignent toutefois que les résultats obtenus sont à nuancer, les taux relevés pour ces différents biomarqueurs pouvant être attribués à des prédispositions génétiques comme à un mode de vie spécifique. La prochaine étape consistera donc notamment à prendre en compte plus en détails les informations ayant trait à ce dernier, telles que l'activité physique ou le tabagisme.


Audrey LE GUELLEC

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