Harcèlement scolaire : les cours d'empathie déployés dans "1000 écoles" dès janvier

Publié le 18 décembre 2023 à 13h55, mis à jour le 18 décembre 2023 à 18h38

Source : JT 20h WE

L'expérimentation des cours d’empathie doit démarrer en janvier 2024.
Elle ne concernera pas 100 écoles comme prévu initialement, mais 1000, annonce le ministère.
L'objectif est de sensibiliser les enfants au phénomène du harcèlement scolaire.

Dix fois plus importante que prévu. L’expérimentation des cours d'empathie lancée en janvier prochain concernera finalement 1000 établissements scolaires et non pas 100 comme prévu initialement, a annoncé ce dimanche 17 décembre le ministre de l’Éducation nationale, Gabriel Attal. Cette phase permettra de "tester plusieurs organisations", avec une à deux heures de cours par semaine selon les classes, avant leur généralisation à la rentrée 2024, a-t-il précisé sur RTL, évoquant "des temps dédiés à l'apprentissage de la différence, de la tolérance, de la bienveillance, de l'altérité".

Dans le détail, il s’agira de 418 écoles élémentaires, 412 écoles primaires, et 238 écoles maternelles, nous précise le ministère ce lundi. Objectif affiché : faire baisser les cas de harcèlement scolaire, phénomène qui affecte 10% des élèves de primaire et collège, en sensibilisant dès le plus jeune âge et en entretenant la gentillesse, le respect et la coopération.

Comment les écoles concernées s'y préparent-elles ?

Toujours selon nos informations, un kit de ressources pédagogiques de la Direction générale de l'enseignement scolaire, à paraître dans les jours à venir, précisera la démarche et permettra d’outiller les équipes qui le souhaitent. Ce dernier se décline en  deux parties, l'une étant consacrée aux repères pour la mise en œuvre des séances, la seconde étant dédiée à l'éclairage scientifique.

Toujours dans l'optique de préparer les personnels à cette approche, un webinaire se déroulera le 20 décembre prochain à destination des directeurs, professeurs des écoles et inspecteurs, et auquel participeront aussi les membres des délégations académiques "compétences psychosociales" (CPS). Créées en mai 2023, ces dernières accompagneront les professeurs dans le cadre des cours d'empathie.

En quoi consistent ces cours ?

Il s'agira d'"un temps où l’on apprend à respecter les différences de l’autre" et "une culture de l’apaisement quand il y a des conflits" pour "pacifier les choses", a détaillé Gabriel Attal ce dimanche. Ces cours d’empathie seront réalisés par les enseignants qui prendront appui sur des activités d’apprentissage classiques, comme une séance de langage ou d’EPS, mais auront pour objectif spécifique l’apprentissage explicite d’une compétence psychosociale, nous précise le ministère ce lundi.  "Le développement de compétences psychosociales doit permettre d’améliorer les relations interpersonnelles en construisant une communication empathique et des comportements altruistes, et ainsi faire diminuer les comportements négatifs", détaille-t-on encore. 

Concrètement, selon la méthode déjà utilisée dans un nombre restreint d'écoles tests en France, cela pourra également prendre la forme de mises en situation ou "jeux de rôle" qui consistent à se mettre dans la peau de différents protagonistes au cours d'ateliers dédiés. Tandis que le rôle de la victime vise à développer l’empathie, celui du harceleur a pour but de faire prendre conscience de ses responsabilités, et celui du témoin à encourager le signalement de ces situations aux adultes. Cet exercice permet également aux élèves de se rendre compte que chaque individu peut réagir différemment. Autres exemples d'outils possibles destinés aux 0-9 ans : le recours à des planches de discussions ou encore à une peluche en guise de mascotte que les enfants peuvent aller voir quand ils sont tristes ou proposer en réconfort à un camarade qu'ils ont envie de voir aller mieux.

À qui s'adressent-ils ?

Les cours d’empathie commenceront "dès la maternelle" et se poursuivront en primaire, a encore indiqué Gabriel Attal. À noter qu'en vue de la généralisation de la mesure à toutes les écoles, en septembre 2024, le gouvernement "a demandé au conseil supérieur des programmes de faire une proposition" sur le temps qui doit y être consacré selon l'âge des élèves, entre autres.

À titre de repère, au Danemark, où la méthode a fait ses preuves dans la moitié des écoles du pays, cette discipline est inscrite dans le programme officiel depuis 1993, pour tous les élèves de 6 à 16 ans, à raison d’une heure par semaine. Depuis 2005 elle est intégrée au programme "Fri for Mobberi" (ou "libéré du harcèlement" en français) qui a vocation a lutter activement contre ce fléau, et qui a son pendant en Finlande depuis 2009 où il se nomme "KiVa".  

Pour rappel, ces cours font partie d’un ensemble de mesures présenté par le gouvernement en septembre dernier pour lutter contre le harcèlement scolaire, parmi lesquelles comptent le changement de classe ou d'établissement des harceleurs, des questionnaires de détection des cas de harcèlement, la mise en place d'équipes académiques spécialisées, la confiscation du portable. "Les compétences en lien avec la capacité d’écoute, et la capacité à communiquer de manière constructive en particulier, se révèlent un levier majeur dans la prévention contre le harcèlement", conclut le ministère.


Audrey LE GUELLEC

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