Inégalités hommes-femmes : les écarts de salaires sont les plus marqués dans les territoires les plus riches

par Maëlane LOAËC
Publié le 30 décembre 2022 à 0h20, mis à jour le 1 mars 2023 à 11h02

Source : La Matinale LCI Week-end

Les zones les plus précaires et les territoires ruraux cumulent de nombreuses inégalités entre les femmes et les hommes au niveau de l'emploi.
Mais sur le critère précis des écarts de salaires, c'est du côté de ceux qui concentrent les populations à haut revenu que le décalage est le plus criant.
C'est notamment le cas à Paris ou dans les régions frontalières.

D’année en année, il continue de se maintenir : l’écart de rémunération entre les hommes et les femmes culmine à 15,8% pour le salaire horaire brut moyen selon les statistiques européennes, remontant à 2020. Mais d’une ville à l’autre, ce déséquilibre n’est pas le même partout. Il est particulièrement criant dans les territoires les plus aisés.

Plusieurs études ont montré que les inégalités entre les genres au niveau de l’emploi sont marquées dans des zones en difficulté sociale et économique, ainsi que dans celles peu peuplées. Mais les écarts au niveau du salaire font exception : les territoires les plus riches sont aussi ceux où les écarts de rémunération sont les plus forts, signale une étude de l’Observatoire des Territoires, lié à l’Agence nationale de cohésion des territoires, publiée dans le cadre de travaux menés avec l'Insee. 

Ainsi, parmi les 20% des intercommunalités où le niveau de vie médian est le plus élevé, 43% d’entre elles affichent des écarts de salaires supérieurs à 20%, contre seulement 3% des 20% de celles où le niveau de vie médian est le plus faible.

Paris et les Yvelines parmi les territoires les plus inégalitaires

Dans les quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV), des "zones de concentration urbaine de populations à bas revenus", le taux d’activité des femmes est particulièrement bas : 51% en 2019, contre 69% dans le reste du territoire. Quant aux territoires ruraux, les contrats précaires sont le plus souvent assurés par des femmes, qui ont par ailleurs accès à "une offre d’emploi moins diversifiée et moins mixte du point de vue du genre", note l’Observatoire. Mais en retenant uniquement le critère du salaire, la géographie des inégalités est "très différente", comme le révèle cette carte issue de ses travaux.

undefinedundefinedObservatoire des Inégalités

Les territoires ruraux et les départements où les résidents en QPV sont les plus nombreux enregistrent des écarts de salaire net moyen les plus faibles. En Seine-Saint-Denis par exemple, département où les habitants en quartiers prioritaires sont les plus nombreux de métropole (38% de la population), ces écarts sont les plus faibles du pays entre les hommes et les femmes : à 1,7%. 

Sur la carte, les zones aux inégalités les moins fortes (en dessous de 15%, signalées en vert) recoupent plusieurs autres départements où la précarité est marquée. Parmi eux, les territoires ultra-marins, où ces écarts chutent en général sous les 10%. Mais aussi le flanc est de l’Occitanie, ou encore la Corse, et de nombreux territoires ruraux du centre et de l'ouest, comme à Niort (6,3%), dans les Deux-Sèvres.

À l’inverse, "les départements qui concentrent les personnes avec un niveau de vie parmi les plus élevés se positionnent bien souvent en tête du classement" des territoires les plus inégalitaires au niveau du salaire (balisés en rouge), relève l’étude. Dans le top 3 figurent Paris (20,8% d’écart), après et le territoire de Belfort (21,8%), près de l’Alsace, et les Yvelines (22,2%). 

Le décalage atteint même des sommets dans des arrondissements de trois villes de ce dernier département, Saint-Germain-en-Laye, Rambouillet et Versailles, ou encore à Aix-en-Provence : plus de 23% d’écart. Les quartiers frontaliers du Luxembourg et de la Suisse, et plus largement la moitié est du département du Rhône, ainsi que toute la façade est du Grand Est sont marqués par ce fléau, avec plus de 18% de différence d’une fiche de paie à l’autre.

Des écarts de salaires plus marqués chez les cadres

"De fait, dans les territoires avec un niveau de vie élevé, l’éventail des rémunérations est plus large et implique des inégalités plus marquées, a fortiori entre femmes et hommes", explique l’Observatoire. Ce sont aussi des territoires où les cadres sont les plus nombreux, or ces derniers correspondent à la catégorie professionnelle au sein de laquelle les écarts de salaires sont les plus marqués : 18,4% en moyenne, contre 6,1% chez les employés par exemple. Employés, mais aussi ouvriers, qui sont à l’inverse bien davantage représentés dans les territoires fragiles et précaires.

Ces constats se vérifient aussi à une échelle bien plus large : les inégalités de rémunération hommes-femmes sont plus fortes dans les pays où le niveau de vie est élevé, comme la France au niveau national, l’Allemagne, l’Autriche, la Suisse ou la Finlande, et au contraire moins marquées chez nos voisins au niveau de vie plus bas, comme le Portugal, la Grèce, la Pologne ou la Roumanie.


Maëlane LOAËC

Tout
TF1 Info