"L'Origine du monde" de Courbet tagué au Centre Pompidou-Metz : deux militantes féministes mises en examen

Publié le 7 mai 2024 à 23h52

Source : Sujet TF1 Info

Deux femmes ont vandalisé cinq tableaux dont "L'Origine du monde" de Gustave Courbet ce lundi à Metz.
Une action visant à dénoncer les violences sexuelles subies par les femmes dans l'industrie artistique, selon leur avocate.
Elles ont été mises en examen pour "dégradation en réunion d'un bien culturel et vol en réunion d'un bien culturel".

Acte criminel ou performance artistique ? Les deux à la fois ? Les militantes féministes Eva Vocz et Laure Pépin ont été mises en examen mardi pour "dégradation en réunion d'un bien culturel et vol en réunion d'un bien culturel" après les tags commis lundi sur cinq œuvres au Centre Pompidou-Metz dont L’Origine du monde de Gustave Courbet.

"Elles sont toutes les deux placées sous contrôle judiciaire avec interdiction de contact entre elles", indique à l'AFP Yves Badorc, procureur de la République à Metz. L’une des oeuvres "pourrait avoir été atteinte dans son intégrité" mais ce n'est pas L'Origine du monde "qui était protégée par une vitre", précise-t-il.

Ce geste pictural vient questionner les limites de la liberté de création des femmes. Il faut l'entendre comme un cri
L'avocate de l'une des deux militantes

Dans un communiqué transmis à l’AFP, l’avocate d’Eva Vocz regrette cette mise en examen "de façon la plus sévère". "Eva Vocz et Laure Pépin interpellent Madame la ministre de la Culture, Rachida Dati, sur les violences sexuelles subies par nombre de femmes dans l'industrie artistique", indique Me Dominique Beyreuther. "Ce geste pictural vient questionner les limites de la liberté de création des femmes. Il faut l'entendre comme un cri".

"Avec tout le respect que nous portons aux mouvements féministes, nous sommes choqués de voir vandaliser des œuvres d'artistes, notamment d'artistes féministes, au cœur des combats de l'histoire de l'art", avait déclaré lundi Chiara Parisi, directrice du musée.

"Un geste de réappropriation"

Une vidéo transmise lundi à l'AFP par l'artiste performeuse franco-luxembourgeoise Deborah de Robertis montre les deux femmes s’en prendre à deux tableaux dont celui de Courbet. On les voit ensuite scander "MeToo", bombes de peinture à la main, avant d'être entraînées vers la sortie par les agents de sécurité. Une troisième personne, qui n'a pas été interpellée, pourrait être à l'origine du vol d'une oeuvre d'Annette Messager, une broderie baptisée "Je pense donc je suce" (1991).

Deborah de Robertis revendique un "geste de réappropriation" de cette oeuvre issue de la collection personnelle d'un critique d'art également commissaire de l'exposition intitulée "Lacan, quand l'art rencontre la psychanalyse". "Je l'ai reconnue tout de suite, j'ai eu envie de vomir, car c'est celle qui est accrochée au-dessus de son lit conjugal. Je me suis souvenue des nombreuses fellations qu'il s'est permis de me demander comme si c'était son dû", indique la Franco-luxembourgeoise.

Hasard ou pas, une photo de Deborah de Robertis, baptisée "Miroir de l'Origine du monde", est exposée à proximité du tableau de Courbet. On voit l'artiste poser, le sexe nu, sous l'œuvre de Courbet, le 29 mai 2014 au musée d'Orsay. Condamnée à une amende pour s'être dénudée devant la grotte de Lourdes en 2018, Deborah de Robertis a été relaxée après d'autres actions similaires, notamment en 2017 pour avoir montré son sexe au musée du Louvre devant "La Joconde".


Jérôme VERMELIN

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