Le salaire minimum est-il fixé en dessous du Smic dans 40 branches professionnelles ?

Publié le 7 décembre 2021 à 19h10, mis à jour le 8 décembre 2021 à 9h44

Source : JT 20h Semaine

SALAIRES - Pour le candidat communiste à la présidentielle, Fabien Roussel, des augmentations s'imposent pour les travailleurs les moins aisés. Dans 40 branches, le salaire minimum est fixé en dessous du Smic, déplore-t-il. Une situation avérée, déplorée également par la ministre Elisabeth Borne.

Invité de la matinale de CNEWS ce mardi 7 décembre, Fabien Roussel a été interrogé sur la crise sanitaire, mais également sur des questions économiques. L'occasion, pour le candidat du PCF à l'élection présidentielle, de déplorer les faibles rémunérations dans de multiples secteurs d'activité.

Au cours de cet entretien, il a mis en avant une situation "intolérable", avec "aujourd'hui 40 branches professionnelles où le salaire minimum est en dessous du Smic". Si la défense des bas salaires est assez attendue de la part d'un chef de file communiste, il se trouve que le ministère du Travail, une fois n'est pas coutume, partage un constat similaire. Élisabeth Borne déplore en effet le manque de volontarisme affiché dans certains secteurs et plaide pour des négociations rapides.

L'agacement du ministère

Émanation du ministère du Travail, la Direction de l'animation de la recherche, des études et des statistiques (Dares) s'est penchée en 2016 sur les minimas de branches. Parmi l'ensemble des 304 "principales branches", regroupant tout de même plus de 13 millions de salariés, la Dares a observé une conformité des minimas par rapport au Smic de l'ordre de 86%. Soit un peu plus de 40 branches qui auraient fixé des rémunérations minimales inférieures au Smic. 

En pratique, cela ne signifie pas que des salariés se voient rémunérés à des niveaux inférieurs à ceux fixés par la loi, les employeurs étant tenus de combler la différence sous peine de sanctions. Toutefois, maintenir des minimas plus bas n'est pas sans incidence : en découle un impact direct sur la grille globale des salaires, pénalisant notamment l'avancement. "À chacune de ses revalorisations, le Smic rattrape, ou même dépasse, les plus bas niveaux de salaires conventionnels des grilles salariales des branches professionnelles", écrivait la Dares. Ainsi, "la plupart de ces dernières sont conduites à renégocier leur grille au moins une fois par an afin d’assurer leur conformité". Avec, comme le souligne cette étude de 2016, plus ou moins de rapidité et de volontarisme.

Aujourd'hui, bien que ces travaux commencent à dater, le constat ne semble pas avoir évolué de manière notable. La ministre du Travail Elisabeth Borne a en effet dans son viseur pas moins de 40 branches. Parmi elles, 15 seraient les plus visées, car très loin de se conformer aux minimums requis. Sont notamment cités les secteurs de la coiffure, des agences de voyage ou encore de l'habillement. 

"On a fait notre boulot, à eux de le faire aussi", lancerait régulièrement la ministre à son entourage. Des propos récemment rapportés par le Journal du dimanche et qui traduisent un agacement palpable. Il est ici clairement fait référence aux mesures décidées durant la crise sanitaire :  plus de 28,5 milliards d'euros d'aides censées permettre aux établissements de surmonter cette mauvaise passe. Que ce soit par le biais du fonds de solidarité, du soutien à l'activité partielle, ou encore par l'intermédiaire de prêts garantis par l'État. Le JDD cite en exemple un secteur régulièrement visé, celui de la restauration. Emblématique puisque pas moins de cinq échelons fixés dans cette branche ne sont plus conformes. Une situation d'autant plus problématique que ces échelons sont ceux qui concernent l'essentiel des salariés du secteur, environ 4 sur 5.

Pour mettre un terme à ces débats et parvenir à avancer sur la question, le secrétaire général de la CGT a fait une proposition fin novembre. Il a ainsi plaidé pour que soit votée une loi "qui rende automatique le relèvement des minimas de branche quand le Smic augmente". Un appel du pied au gouvernement, qui n'a pour l'heure pas exprimé son souhait de légiférer en la matière.

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Thomas DESZPOT

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