Qu’est-ce que le syndrome de Noé qui pousse à accumuler les animaux de compagnie ?

par Sabine BOUCHOUL pour TF1 INFO
Publié le 6 mai 2024 à 18h00

Source : JT 13h Semaine

Appelé également le "animal hoarding", le syndrome de Noé est un trouble mental caractérisé par l’accumulation compulsive d’animaux de compagnie.
Les personnes souffrant de ce syndrome sont dans l’incapacité de s’occuper de ces animaux et d’assurer leur bien-être.
Souvent, ce trouble se déclenche à la suite d’un traumatisme émotionnel. Les personnes vivent en isolement et dans une grande détresse psychologique.

Le nom de ce syndrome fait référence à la Bible et l’histoire de l’Arche de Noé. Ce trouble mental se manifeste par le fait d’accumuler de manière pathologique un nombre très important d’animaux chez soi : des chiens, des chats, des cochons, des poules et parfois même des chevaux. Or, les personnes n’ont pas les moyens de tous les héberger, les nourrir, les soigner ou même assurer un niveau d’hygiène satisfaisant. 

Une dimension obsessionnelle

En avril 2024, un couple d’Aubagne a été condamné à deux ans de prison pour avoir négligé de nombreux animaux. Il vivait dans une propriété dans laquelle ont été trouvés plus d'une centaine de chats et chiens vivant dans des conditions déplorables, certains de ces animaux ont été retrouvés dans un état cadavérique. En 2023, les forces de l’ordre avaient retrouvé pas moins de 120 chats très dénutris, mais aussi des cadavres dans un appartement niçois. Pour les psychologues, cette accumulation porte le nom de syndrome de Noé. Si, au départ, les propriétaires de ces animaux n’ont nullement la volonté de maltraiter les animaux qu’ils accumulent, ils se trouvent très vite dépassés et dans l’incapacité de s’en occuper. Les cas de maltraitance ou d’abandon involontaires sont alors inévitables.

Interrogé par Santé Magazine, le psychologue Samuel Mergui, explique qu’il y a une "dimension obsessionnelle dans le syndrome de Noé" dans le syndrome de Noé. Cependant, il ajoute que le traitement de ce syndrome est "particulièrement compliqué en raison du déni et du caractère compulsif de leur comportement en lien avec une angoisse profonde de morcellement". Ces personnes sont par ailleurs persuadées qu’en accueillant ces animaux chez eux, ils seront plus en sécurité. 

Un traumatisme profond

Comme le syndrome de Diogène, le syndrome de Noé fait partie des "troubles de la thésaurisation" dans le DSM V, le manuel de référence en psychiatrie. Dans le premier cas, la personne accumule des objets inutiles ou des défectueux. Le point commun ? Le motif d’accumulation n’est jamais très clair. En revanche, pour les spécialistes, ce syndrome est souvent causé par un traumatisme profond, comme la perte d’un parent, un divorce, un licenciement. Ce sont des personnes vivant dans un état de détresse si profond qu’ils vivent en isolement. Accumuler les animaux permettrait de combler un vide ou un manque affectif. Le psychiatre et chercheur à l'université Nice-Côte d'Azur, Jérôme Palazzolo, interrogé par BFMTV, estime que ce syndrome "est nécessairement relié à une pathologie comme la schizophrénie, Alzheimer ou une dépression grave comme la dépression mélancolique".

Ce syndrome peut entraîner des conséquences dramatiques pour la santé des animaux, mais aussi pour le propriétaire qui vit entourer d’urines et de matières fécales. La surpopulation animale peut engendrer des problèmes de santé, mais aussi d’endettement et d’appauvrissement, aggravant le sentiment d’isolement. 

Tout comme pour les personnes souffrant du syndrome de Diogène, les malades ne se rendent pas compte de cette pathologie. Ils vivent dans le déni, non seulement des conditions difficiles pour les animaux, mais aussi du caractère pathologique de l’accumulation. Souvent, c’est l’entourage ou les voisins qui donnent l’alerte et tirent le signal d’alarme. Pour venir en aide d’une personne souffrant du syndrome de Noé, il est conseillé d’alerter la municipalité qui prendra des mesures pour saisir les animaux. Il est aussi possible de se rapprocher des associations œuvrant pour la protection et le bien-être des animaux. Quant au propriétaire, il sera pris en charge par des psychiatres et pourra se voir prescrire une thérapie cognitive et comportementale.


Sabine BOUCHOUL pour TF1 INFO

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