Chérif, devenu paraplégique, témoigne dans "Sept à Huit" sur les ravages du gaz hilarant

V. Fauroux | Reportage vidéo Sept à Huit
Publié le 22 mars 2022 à 10h22
Chérif, devenu paraplégique, témoigne dans "Sept à Huit" sur les ravages du gaz hilarant

Le protoxyde d'azote est une substance addictive aux conséquences parfois mortelles.
Chérif, devenu paraplégique, témoigne face aux caméras de "Sept à Huit".

"Avec l'effet de l'alcool, j'ai aimé, je planais, j'étais bien. Une sensation d'évasion, c'est la première fois que je ressentais un truc comme ça". L'inhalation de protoxyde d'azote connaît depuis deux ans un véritable essor. Utilisé en cuisine pour les siphons à chantilly et en médecine comme analgésique, c'est son usage détourné qui l'a rendu populaire auprès des jeunes qui l’inhalent avec des ballons. Chérif, 35 ans, a découvert ce produit au cours d'une soirée et il a voulu essayer. "J'en ai fait quatre ce soir-là", raconte-t-il dans la vidéo de "Sept à Huit" à regarder en tête de cet article.

"300 à 400 capsules par jour"

 Aucun chiffre ne permet de quantifier le nombre de consommateurs de ce produit aux effets dévastateurs. Mais sur les réseaux sociaux, ils sont des centaines à se filmer, ballon à la bouche, filles comme garçons, de tous milieux sociaux. "J'ai tellement kiffé que le lendemain, je me suis procuré ma première boîte. J'ai commencé à cinq capsules par jour, j'ai fini à 300 ou 400 par jour", poursuit Chérif. Surnommé "gaz hilarant" pour les fous rires qu’il procure instantanément, le "proto", comme on l’appelle couramment, fait pourtant des ravages. "Tu dors deux heures et quand tu te réveilles, t'es trop électrique en fait. C'est une spirale, les jours tu ne les calcules plus, tu ne calcules plus rien. Tu ne te réveilles que pour faire des ballons. J'étais devenu comme un toxico, il me fallait mes ballons", admet le jeune homme. 

Mais au-delà de l'aspect addictif, le protoxyde d'azote peut aussi entraîner une déformation de la réalité, une paralysie, ou encore une perte de contrôle au volant. Chérif, lui, est devenu paraplégique. Au bout de quatre semaines de consommation quotidienne intensive, son corps a dit : "stop" : vomissements, fourmillements dans les jambes, vertiges, très vite il ne tient plus debout et doit se rendre en fauteuil roulant chez un spécialiste. "Je suis rentré dans le bureau de la neurologue, je me suis allongé. Elle n'y est pas allée par quatre chemins, elle a regardé mes jambes, elle a pris son téléphone et a demandé s'il y avait une place pour un paraplégique, en parlant de moi, c'est comme ça que je l'ai appris", témoigne-t-il. Et d'ajouter : "Les médecins m'ont expliqué que je suis tombé pas loin de la mort, et c'est là qu'ils m'ont appris qu'avec le protoxyde d'azote, j'ai gelé des cellules de mon cerveau qui utilisent le bas de mon corps".

134 cas d'intoxication en 2020

Les médecins n'ont aujourd'hui plus d'espoir de voir Chérif remarcher. Alors pour alerter les jeunes consommateurs des dangers, il a créé un compte sur Snapchat "Anti Ballon". Une page sur laquelle il partage son quotidien et où il poste des témoignages de consommateurs repentis. Une initiative qui ne sert pas à rien puisque Chérif reçoit de nombreux messages. Pour autant, malgré sa dangerosité, le gaz hilarant n'est pas considéré comme un produit stupéfiant. Ni sa consommation, ni sa commercialisation ne sont punies par la loi ; seule la vente aux mineurs est interdite depuis juin 2021. De plus, ce produit a un coût faible : 5 euros le lot de six petites capsules au rayon cuisine des supermarchés. 

En 2020, 134 cas d'intoxication au protoxyde d'azote ont été recensés par les centres d'addicto-vigilance en France. C'est trois fois plus que l'année précédente. Ce chiffre ne tient pas compte des victimes indirectes comme les accidentés de la route, impossibles à dénombrer. 


V. Fauroux | Reportage vidéo Sept à Huit

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