Violences obstétricales : ce que l'on sait de l'affaire qui secoue l'hôpital Tenon à Paris

Publié le 4 octobre 2021 à 13h56
JEAN-CHRISTOPHE VERHAEGEN / AFP
JEAN-CHRISTOPHE VERHAEGEN / AFP - Source : JEAN-CHRISTOPHE VERHAEGEN / AFP

EN BREF - Après les accusations visant un gynécologue de renom exerçant au sein de cet établissement du 20e arrondissement de la capitale, de nouveaux signalements ont été recensés concernant un second médecin du service. On fait le point.

L'affaire qui a explosé au grand jour, la semaine dernière, n'en est peut-être qu'à ses débuts. Alors qu'un rapport du Haut conseil à l'égalité conclut, depuis 2018, que les actes violents subis par les femmes durant le suivi gynécologique et obstétrical ne sont "pas des faits isolés" en France et appellent à une "prise de conscience" des pouvoirs publics, l'hôpital Tenon à Paris se trouve, depuis fin septembre, plus que jamais dans la tourmente face à ce sujet polémique.

Quel a été le déclencheur ? Qui sont les personnes mises en cause ? On fait le point sur l'affaire qui secoue actuellement l'établissement du 20e arrondissement de la capitale et qui pourrait d'ores et déjà concerner deux de ses médecins.

Quel est le point de départ ?

À l'origine de l'affaire : des témoignages de patientes publiés sur le compte Twitter "Stop violences gynécologiques et obstétricales", puis relayés par franceinfo qui y a consacré une enquête, accusant  le professeur de renom Emile Daraï, chef du service gynécologie à l'hôpital Tenon, à Paris, de pratiquer des examens vaginaux et rectaux de manière brutale et sans requérir le consentement préalable des patientes.

D'après l'AP-HP, "six réclamations ont été adressées à l'hôpital Tenon entre 2013 et mi-septembre 2021", portant sur "un manque d'information autour d'examens pratiqués durant des consultations de gynécologie, des examens douloureux ou un manque de considération. Certaines situations ont donné lieu à une médiation." L'institution a précisé que "cinq nouveaux témoignages ont été reçus depuis mi-septembre". Le conseil départemental de Paris de l'Ordre des médecins a évoqué de son côté, auprès de franceinfo; trois signalements reçus en 2014 concernant le Pr Daraï. "Aucun autre signalement avant et après", "aucune patiente n'a souhaité poursuivre les démarches", d'après l'Ordre.

Que sait-on du médecin mis en cause ?

Chirurgien-gynécologue obstétrique, le professeur Émile Daraï est spécialisé dans la médecine de la reproduction, et notamment dans l'endométriose. Chef de service à l'hôpital Tenon AP-HP, à Paris, il est aussi directeur de faculté de médecine Sorbonne Université d'après NES Formations.

Eu égard à son domaine de prédilection, ce dernier intervient régulièrement dans des formations et conférences consacrées 

à l'endométriose. Auteur de plus de 600 publications sur le sujet, il est aussi membre de l'équipe à l'origine du groupe de recherche clinique qui a vu le jour en 2011 pour améliorer la prise en charge des patientes atteintes d'endométriose.

Quelles poursuites ?

À la suite d'une plainte déposée le 24 septembre et divers signalements, une enquête visant ce spécialiste de l'endométriose a été ouverte mardi 28 septembre pour "viol par personne ayant autorité sur mineur de plus de 15 ans", a appris l'AFP jeudi auprès du parquet de Paris, confirmant une information de RTL. Les investigations ont été confiées à la Brigade de protection des mineurs, a indiqué la même source.

De son côté, l'AP-HP a en outre indiqué prendre "très au sérieux" ces accusations. L'enquête interne a vocation à déboucher sur "un rapport écrit" à l'issue d'auditions, avant d'éventuelles "mesures". Pour l'heure, le gynécologue exerce toujours, a indiqué l'Assistance publique – Hôpitaux de Paris (AP-HP). Interrogé par l'AFP, Emile Daraï a quant à lui indiqué : "Je récuse les faits et me remet aux conclusions de l'enquête conjointe de l'AP-HP et de Sorbonne Université", en cours depuis le 20 septembre selon l'AP-HP.

À noter que la maire de Paris Anne Hidalgo a saisi le président de la Commission médicale d'établissement d'AP-HP pour être informée des conclusions de l'enquête interne. Elle a également demandé un plan de prévention de ces violences à l'AP-HP. 

Dans le sillage de ces signalements, des centaines de personnes, dont une écrasante majorité de femmes souffrant d'endométriose, se sont rassemblées samedi devant l'hôpital Tenon à l'initiative du collectif "Stop aux violences obstétricales et gynécologiques". Victimes et soutiens ont pris la parole à tour de rôle pour partager, souvent avec une émotion palpable, leur expérience faisant écho à la même violence physique et verbale, et réclamer la fin de l'impunité en matière de violences gynécologiques, à commencer par la suspension d'Émile Daraï.

D'autres médecins dans le viseur?

Dans la foulée de ces accusations visant le chef de service de cet établissement du 20e arrondissement de la capitale, de nouveaux signalements ont été recensés concernant un second médecin du service. D'après la porte-parole de Stop aux violences obstétricales et gynécologiques, Sonia Bisch, ces derniers sont au moins au nombre de trois. Pour l'heure, le nom du spécialiste n'a pas été dévoilé et il semble qu'aucune plainte en justice n'ait été déposée le concernant. Ce dernier aurait toutefois affirmé, selon un de ses proches, "ne pas comprendre ces témoignages",  selon Le Parisien. L'Assistance publique - Hôpitaux de Paris (AP-HP) ne s'est pour l'heure pas exprimée sur le cas de ce médecin.


Audrey LE GUELLEC

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