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Le Graët peut-il être démis de ses fonctions à la tête de la FFF après ses propos sur Zidane ?

Publié le 9 janvier 2023 à 19h20

Source : JT 13h Semaine

Dans la tourmente, le président de la Fédération française de football semble sur un siège éjectable.
Une série de personnalités et d'élus demandent son départ, suite notamment à ses propos tenus sur Zinedine Zidane.
Si la ministre des Sports a affiché sa défiance à son égard, les autorités n'ont que peu de marge de manœuvre.

Un possible départ de Zinedine Zidane pour y prendre les rênes de la sélection ? "J'en ai rien à secouer, il peut aller où il veut", a lancé le président de la Fédération française de football Noël Le Graët au micro de RMC dimanche. L'ancien coach du Real Madrid a-t-il tenté de plaider sa cause auprès de l'ancien président de Guingamp, alors que beaucoup voyaient en lui un successeur logique de Didier Deschamps ? "Certainement pas, je ne l'aurais même pas pris au téléphone", a rétorqué le dirigeant sans hésitation.

Cette sortie a très vite fait réagir, de Kylian Mbappé à la ministre des Sports, Amélie Oudéa-Castéra. Cette dernière a dénoncé un "manque de respect honteux, qui nous heurte tous", et réclamé "des excuses pour ce mot de trop". Si cette contrition est arrivée ce lundi par le biais d'un communiqué, des élus parmi lesquels le député LFI François Piquemal demandent le départ du patron de la FFF.  "Il est temps de mettre fin au mandat de M. Le Graët", lance-t-il à la ministre, jugeant qu'il "n’est pas à la hauteur du football français". La cheffe des députés Renaissance à l'Assemblée nationale, Aurore Bergé, souhaite également que la gouvernance de la fédération évolue. Problème : les autorités ne disposent que de maigres moyens d'action.

Une instance qui jouit d'une large autonomie

Il y a quelques mois, le ministère des Sports avait convoqué Noël Le Graët ainsi que sa directrice générale, Florence Hardouin. Il n'était alors pas question de Zinedine Zidane, mais des dysfonctionnements présumés au sein de la Fédération. Harcèlement, comportements sexistes, consommation excessive d'alcool... Un audit a d'ailleurs été diligenté afin de confirmer, et potentiellement prendre la mesure des pratiques dénoncées par la presse. Pour autant, si ces réunions, tout comme les demandes d'excuses formulées par Amélie Oudéa-Castéra apparaissent comme un moyen de mettre sous pression le dirigeant de la FFF, le ministère se trouve globalement démuni.

"La ministre peut demander des excuses, exprimer son indignation, sa réprobation, ce qu’elle fait, mais elle ne peut pas démettre Noël Le Graët", a glissé ce lundi sur RMC Roselyne Bachelot, qui a elle-même occupé le poste de ministre de la Santé et des Sports entre 2007 et 2010. La FFF dispose d'une grande indépendance. Pour révoquer le président, il faudrait qu'une assemblée générale extraordinaire sollicite un vote de défiance, et que les votants décident de se prononcer en ce sens. Le vice-président serait alors nommé à la tête de l'institution, et ce, jusqu'à la fin du mandat censé être celui assuré par Noël Le Graët jusqu'en 2024.

"Les deux tiers des membres de l'Assemblée Fédérale doivent être présents ou représentés", précisent les textes qui régissent le fonctionnement de la fédération, et "la révocation du Comité Exécutif doit être votée à bulletin secret et à la majorité absolue des suffrages exprimés". Il s'agit d'une option hypothétique, tout comme celle d'une démission du principal intéressé. Noël Le Graët, s'il se sait contesté et visé par diverses accusations, a toujours soutenu lors de ses prises de parole qu'il comptait assurer jusqu'au bout le mandat qui lui a été confié malgré ses 81 ans.

Le fait que la FFF dispose d'une délégation de service publique, à l'instar de multiples autres fédérations, un(e) ministre des Sports ne peut pas interférer dans le fonctionnement des instances. S'il est possible de décider la suspension de cette délégation, une telle mesure ne conduirait pas à pousser vers la sortie un dirigeant. En revanche, il s'agit d'une situation assez unique dans le sport français, puisque sans cette forme d'agrément, il serait, entre autres, impossible à la FFF d'utiliser le terme "Équipe de France" dans ses "statuts, contrats, documents ou publicités". Organiser "des compétitions à l'issue desquelles est décerné un titre de champion international, national, régional ou départemental", serait également proscrit... 

De potentielles sanctions de la FIFA en cas d'ingérence

On imagine sans mal la confusion qui règnerait face à une pareille situation. Et ce, sans évoquer de potentielles sanctions de la FIFA, dont les règlements prohibent totalement ce qu'ils voient comme des ingérences politiques dans le fonctionnement des fédérations. L'instance internationale aurait alors tout loisir d'exclure la France de compétitions internationales et/ou de lui infliger des sanctions.

En résumé, il est donc peu probable que le ministère des Sports fasse ce choix. Au regard du fonctionnement de la FFF, un départ de Noël Le Graët pourrait surtout être précipité par sa démission ou pas une assemblée générale de l'assemblée fédérale.

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Thomas DESZPOT

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