Pays de Galles-France : Fabien Galthié est-il (encore) l'homme de la situation ?

Publié le 8 mars 2024 à 12h00

Source : Sujet TF1 Info

Après une Coupe du monde qui s'est finie en eau de boudin, le XV de France réalise un Tournoi des Six Nations médiocre.
Dévorés par l'Irlande, passés tout proches de la correctionnelle en Écosse et accrochés par l'Italie, les Bleus sont en plein doute avant d'affronter le pays de Galles (dimanche 16h).
Des contre-performances qui mettent sous pression un Fabien Galthié qui peine à relancer la machine.

En l'espace de quelques mois, les espoirs de soulever pour la première fois le trophée Webb-Ellis ont laissé place à une sensation d'impuissance, d'un XV de France revenu plusieurs années en arrière. Éliminés dès les quarts de finale de "leur" Coupe du monde contre l'Afrique du Sud (28-29), les Bleus, encore sonnés, déçoivent en ce début d'année 2024. Après avoir subi la loi d'une Irlande sûre de ses forces (17-38) et être passés tout proches de la correctionnelle en Écosse (20-16), ils ont concédé le match nul face à une Italie pragmatique (13-13), à défaut d'être séduisante. Autrement dit, les coéquipiers de Charles Ollivon sont passés tout proches d'enchaîner quatre défaites de rang, ce qui n'est plus arrivé depuis 2018. 

Des changements qui tardent à arriver...

Autant sur le jeu proposé que sur le plan du résultat, ces rencontres laissent un goût amer en bouche. Et Fabien Galthié, qui a longtemps semblé intouchable après avoir transfiguré une équipe moribonde à son arrivée, n'est désormais plus épargné par les critiques. Pire, avec cette dynamique négative, se pose la question de savoir s'il demeure la personnalité idoine pour diriger la sélection tricolore. Il faut dire que les récentes prestations indigentes de ses hommes - avec l'impression tenace d'un plan de jeu basé sur la "dépossession" (laisser le ballon à l'adversaire et s'appuyer sur une grosse défense pour récupérer des ballons de récupérations intéressants) dysfonctionnel - ne plaident pas en sa faveur. 

La tendance du sélectionneur à maintenir sa confiance à des individualités qui ne paraissent pas au niveau interpelle, voire agace. C'est particulièrement frappant du côté des lignes arrières que l'on a vus amorphes, et en manque totalement d'imagination (et de précision technique) pour réussir à faire fructifier le bon travail du paquet d'avants. Il est vrai que les incertitudes au niveau de la charnière, amputée du duo Dupont-Ntamack, n'aident pas. Mais le manque de rotation est d'autant plus frustrant, sachant que des alternatives existent. 

À ce niveau, la piqûre de rappel contre l'Italie aura au moins eu ça de bon qu'elle devrait pousser le staff à effectuer plusieurs retouches dans son groupe pour le déplacement au pays de Galles (dimanche 16h, en live commenté sur TF1Info). Avec à la clé de nouvelles têtes comme le centre Bordelais Nicolas Depoortère ou le polyvalent arrière parisien Léo Barré, tous les deux âgés de 21 ans.

Il n'est pas capable de faire des miracles
Mourad Boudjellal

Autre point chaud, le management que l'on sait parfois clivant de Fabien Galthié et qui, par le passé, lui a fait défaut au moment de redresser des situations compliquées. Ainsi, s'il a remporté le titre de champion de France avec le Stade Français Paris en 2007, il n'a ensuite pas réussi à soulever de nouveaux trophées lors de ses expériences à Montpellier et Toulon, toutes deux achevées dans la douleur. 

Un constat qui entraîne une question : l'entraîneur est-il capable de tirer le meilleur de son groupe quand les temps sont difficiles ? "Il a une génération de joueurs exceptionnels dans des conditions exceptionnelles. Aucun sélectionneur français n'a eu la même génération avec les mêmes conditions. On se rend compte aujourd'hui qu'il redevient un entraîneur ordinaire dès lors qu'il n'a plus les meilleurs joueurs du monde", raille Mourad Boudjellal, l'ancien président du Rugby Club Toulonnais, sur RMC Sport. "Il n'est pas capable de faire des miracles. [...] Je l'ai eu un an et je sais comment ça fonctionne", ajoute-t-il. 

Un bilan solide et des circonstances atténuantes

Cela étant dit, il ne faut pas non plus oublier le bilan exceptionnel de Fabien Galthié depuis qu'il est arrivé aux commandes d'un XV de France longtemps déclassé. Si sa formation n'a pour l'instant remporté qu'un seul titre (Grand Chelem lors du Six Nations 2022), il peut se targuer d'avoir remporté 36 des 47 matchs qu'il a dirigés. Cela représente un taux de victoire de plus de 76 %, un record. Sous sa houlette, les Bleus ont terminé trois fois à la deuxième place du Tournoi (2020, 2021, 2023), ce qu'ils n'avaient plus réussi auparavant depuis 2011. Ils ont aussi décroché des succès contre tous les cadors de l'ovalie, que ce soit les Néo-Zélandais, les Irlandais, les Anglais, les Sud-Africains, les Australiens, les Écossais ou encore les Argentins. 

En parallèle, les tricolores ont entamé ce nouveau cycle, qui doit les conduire jusqu'au Mondial 2027, sans une grande partie de leurs cadres. Certes, le fait de sous-performer en leur absence remet en question la capacité du coach à tirer le meilleur de son équipe lorsqu'elle est amputée de ses meilleurs éléments. Mais il faut aussi admettre que peu de nations réussiraient à surmonter les défections combinées de Thibaud Flament, Emmanuel Meafou (deuxièmes lignes), Anthony Jelonch et Grégory Alldritt (troisièmes lignes), Antoine Dupont (demi de mêlée), Romain Ntamack et désormais Matthieu Jalibert (demis d'ouverture). Le retour des trois premiers ce week-end devrait, dans une certaine mesure, changer la face de l'équipe. 

On veut faire mieux
Fabien Galthié

En réalité, en voyant le verre à moitié plein, cette période difficile peut être un mal pour un bien pour des Français qui ont besoin de tourner véritablement la page d'une Coupe du monde ratée. Et quoi de mieux, pour cela, que d'affronter collectivement les difficultés ? "On a déjà vécu des moments difficiles, c’en est un. On n'arrive pas à faire ce que l'on voudrait faire, mais c’est le moment de faire corps, de faire preuve de résilience. On veut faire mieux", a reconnu Fabien Galthié après le coup de sifflet final contre l'Italie. "On a adapté un peu la méthode et le fonctionnement [...]. Aujourd'hui, il y a un peu plus de compétition entre les joueurs", abonde Laurent Sempéré, l'entraîneur des tâches spécifiques. 

Le groupe et de la FFR le soutiennent

Pour l'heure, l'encadrement tricolore, récemment retouché, semble conserver la confiance de son groupe. "Il y a évidemment une confiance réciproque et c'est un peu pareil pour tous les joueurs. On se doit de tout donner pour ce maillot, pour ce groupe, pour ce staff et Fabien en fait partie", a affirmé le troisième ligne Charles Ollivon après la victoire sur le fil en Écosse. "Il y a du talent dans cette équipe, un staff compétent. On va vite relever la tête, et j'espère que ce sera dès ce week-end. Je suis certain qu'on va regagner très rapidement, et de belle manière", prophétise, de son côté, Gaël Fickou (29 ans, 88 sélections) dans une interview accordée mercredi au Figaro

Le son de cloche est le même du côté de la direction de la Fédération française de rugby (FFR). "Fabien Galthié n'est absolument pas en danger", a ainsi assuré le président Florian Grill après la déconvenue contre la Squadra Azzurra. "On a mûrement réfléchi, ce n'est pas une décision qu'on prend sur un match, sur un point, et pas sur une transition de matchs un peu compliquée non plus", a-t-il encore estimé. Difficile de dire le contraire lorsque l'on connait les difficultés financières actuelles de la FFR, et que le sélectionneur a récemment renouvelé son contrat jusqu'en 2028...


Maxence GEVIN

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