Chocolatine vs pain au chocolat : la bataille la plus sucrée de France

par Sabine BOUCHOUL pour TF1 INFO
Publié le 12 avril 2024 à 14h00

Source : La matinale

Selon un sondage Ifop pour la Fédération des entreprises de boulangerie, 84% des Français utilisent l'appellation "pain au chocolat" contre 16% "chocolatine".
Cette bataille passionne les Français depuis plusieurs années et chaque camp défend avec passion et ferveur sa position.
Retour sur le débat le plus sucré de France.

Quand vous entrez dans une boulangerie, vous dites "pain au chocolat" ou "chocolatine" ? Un débat éternel, voire une guerre acharnée que se mène le Sud-ouest et le reste la France depuis des années et qui n’en finit plus de nous passionner. 

Emmanuel Macron a, d’ailleurs, participé à cette querelle sucrée en remettant une pièce dans la machine en janvier dernier en déclarant "Chez moi, on dit pain au chocolat’ et non pas chocolatine". Cette guerre a dépassé les frontières de l’Hexagone. Elon Musk choisit le "pain au chocolat", quand le Guardian ou encore ABC se demandent bien pourquoi, diable, la France s’acharne à se prendre le bec sur cette douce viennoiserie. Pourquoi justement ? On cherche à comprendre !

La petite histoire du pain au chocolat

On a beau revendiquer la paternité de cette petite création, reine du petit-déj et dont le monde entier nous envie, nous n’en sommes pas à l’origine. En effet, ce sont deux Autrichiens qui ont emmené la recette dans leur bagage, lorsqu’ils se sont installés à Paris, en 1837. August Zang et Ernest Schwarzer vendaient alors des "kipferls", ancêtre du croissant dans leur "Boulangerie viennoise". Ils commercialisaient aussi des "schokoladeen croissant", comprendre des croissants au chocolat. Pour une partie des Français, l’origine de "chocolatine" viendrait donc de là, car le "d" en autrichien se prononce "t" et le schokoladeen se comprend "chocolatine". Ciel, le Sud-Ouest, aurait-il raison ? Minute ! Le croissant au chocolat vendu par les boulangeries de cette époque n’a pas grand-chose à voir avec le pain au chocolat que l’on déguste aujourd’hui puisque la pâte de la viennoiserie d’antan s’apparentait plus à une brioche. Le pain au chocolat ou chocolatine que l’on mange aujourd’hui, à base de pâte feuilletée, est une création beaucoup plus récente, elle date du tournant du XXe siècle.

Interviewé par le média Brut, le linguiste et professeur à l’université de Neuchâtel (Suisse), Mathieu Avanzi, voit l’origine du "pain au chocolat" dans un goûter que l’on donnait aux enfants. "Les premiers petits pains au chocolat sont des miches dans lesquelles on a inséré des barres de chocolat… Puis finalement, on a arrêté de créer la miche avant de mettre la barre de chocolat à l’intérieur, et on a créé une miche qu’on a cuite avec une barre de chocolat, et c’est comme ça qu’est né le pain au chocolat dans une pâte à croissant."

La légende du "chocolate in bread"

D’après le blog "Couteaux et Tire-Bouchons", la raison pour laquelle une partie de la France parle de "chocolatine" remonte au XVe siècle. À cette époque, la région Aquitaine était contrôlée par les Anglais. Ceux-là étaient très friands de pâtisseries françaises et notamment le "chocolate in bread" et se contentaient de dire "chocolate in" … Mais l’hypothèse ne tient pas, car cela signifierait que cette viennoiserie daterait de 1492. Chronologiquement parlant, ça ne colle pas.

Pourquoi cette bataille ?

La grande majorité de la France a adopté "pain au chocolat" pour parler de cette viennoiserie. D’autres régions parlent de "petit pain au chocolat", ou encore que "couque au chocolat" pourtant, seule chocolatine enflamme les discussions. 

D’après les linguistes, cette bataille n’a pour but que de faire connaître le terme chocolatine. D’ailleurs, selon un sondage paru dans Sud-ouest, seul 63 % des gens disent chocolatine et la zone d’influence est limitée à cette région, de La Rochelle à Carcassonne en passant par Bordeaux et Toulouse. Pour les habitants de la région, c’est un signe d’appartenance, de fierté et d’authenticité, d’où cette fervente passion quand il s’agit de défendre cette appellation.


Sabine BOUCHOUL pour TF1 INFO

Tout
TF1 Info