"À vos souhaits", "dindon de la farce"... Les origines étonnantes des expressions françaises

par S.J
Publié le 19 mars 2023 à 9h32, mis à jour le 20 mars 2023 à 14h09

Source : JT 13h Semaine

La langue française est d'une richesse absolue, notamment grâce à ses expressions, dont l'origine nous est souvent obscure.
Florilège des plus connues, avec leurs explications pour briller en société, à l'occasion de la Semaine de la langue française et de la Francophonie qui se tient jusqu'au 26 mars.

En 1978, l'écrivain Claude Duneton, incorrigible amoureux de la langue française, leur avait dédié tout un ouvrage. La puce à l'oreille : anthologie des expressions populaires avec leur origine, un livre depuis devenu la bible de tout amateur du genre. Et pour cause : il recense toutes ces petites phrases que nous employons très souvent à bon escient, mais sans avoir la moindre idée de leur origine. 

Qui n'a jamais été "copain comme cochon", victime d'un "râteau" ou d'un "froid de canard" ? Chaque semaine, les équipes du 13H de TF1 décryptent pour nous une expression du quotidien. Avec des explications qui, à coup sûr, ne manqueront pas ni de vous surprendre, ni de vous faire sourire. Découvrez-en plusieurs ci-dessous.

Être au bout du rouleau

La petite phrase préférée des personnes à bout, fatiguées, épuisées par un ras-le-bol général. À l'origine, l'expression faisait référence à un type de rouleau à manipuler avec délicatesse. Jadis, on utilisait un bâton de buis ou d’ivoire pour y enrouler des feuilles, écrites sur une seule face et collées bout à bout. Ces ancêtres du livre étaient appelés des rôles. Au théâtre aussi, les textes des acteurs médiévaux étaient écrits sur des rôles ou des rôlets, pour les petits dialogues. Quand le comédien arrivait au bout de son rôlet, il n'avait plus rien à lire ou à dire. Il était donc... au bout du rouleau. Mais l'expression a depuis évolué, avec une autre origine...

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Donner sa langue au chat

N'en déplaise à leurs altesses les chats, cette expression très pratique pour passer son tour n'est pas inspirée par les félins. En tout cas, pas au départ. "L'histoire de cette expression est un peu curieuse puisqu'elle ne commence pas sous cette forme. On retrouve la première attestation dans une lettre de Madame de Sévigné au XVIIᵉ siècle, disant : jetez-vous votre langue aux chiens ?", explique Pierre Larrivée, professeur de linguistique. Et pour savoir comment on en est ensuite arrivé à notre version moderne, c'est par ici que ça se passe.

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Être copain comme cochon

Contrairement aux idées reçues, le cochon est un animal très amical. Mais vous allez être déçus : l'expression n'a rien à voir avec sa truffe rose. L'une de nos équipes du 13H de TF1 a enquêté et il se trouve que le mot "cochon" est en réalité le mot "soçon", qui a été déformé au fil du temps et vient du vieux français. Pour connaitre sa signification et mettre fin au suspens, rendez-vous par ici

L'incendie s'est déclaré dans la nuit de dimanche à lundi.
L'incendie s'est déclaré dans la nuit de dimanche à lundi. - ISTOCK

Faut pas pousser mémé dans les orties

Cette expression est vraisemblablement apparue au XXᵉ siècle. En substance, elle sous-entendait "qu'il ne fallait pas pousser", autrement dit qu'il ne fallait pas exagérer. La mémé et les orties sont venues apporter un peu de piquant à ce dicton, avec une image mentale qui permet toujours de déclencher un petit sourire en coin.

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Se tenir à carreau

Voilà une expression très imagée, dont les origines remontent au Moyen-Âge. Pour la comprendre, il faut avoir quelques connaissances en armurerie, et particulièrement dans le fonctionnement... des arbalètes. "L'arbalète est tellement précise et tellement puissante qu'au moindre faux pas, on prend un carreau. Donc, quand quelqu'un doit se tenir à carreau, c'est vraiment qu'il est temps de ne pas bouger et de faire ce qu'on lui demande", explique un spécialiste. Mais ce n'est pas tout : l'expression a aussi évolué au temps de la Révolution française

Illustration du fonctionnement d'une arbalète
Illustration du fonctionnement d'une arbalète - iStock

En faire tout un fromage

Elle est là pour désamorcer toutes les situations délicates, dédramatiser avec une petite pointe d'humour. Cette expression est née au XXe siècle, et il faut visualiser la recette du fromage pour la comprendre. "Ça veut dire que du lait, qui est un produit tout simple, un produit de tous les jours, on arrive à faire quelque chose de très compliqué. Parce que c'est compliqué à faire, le fromage", détaille l'auteure d'un livre dédié aux expressions culinaires. 

Le dindon de la farce

Pour trouver son origine, il faut remonter au Moyen-Âge. À cette époque, le mot "farce" désignait surtout une pièce de théâtre. "Il y avait des pièces très longues, des mystères, des choses de ce type, et comme c'était trop long, on mettait quelque chose de plaisant. Donc, on farcissait la longue pièce de ces intermèdes comiques, c'est ça l'origine de la farce", explique le linguiste Jean Prévost. Le personnage comique de la farce, souvent dupé par ses enfants, est surnommé "le père dindon". Tout simplement !

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En voiture, Simone !

La fameuse Simone, celle qui encourage à monter à bord d'une voiture, a réellement existé. De son nom complet Simone Louise de Pinet de Borde des Forest, elle se lance en 1930 dans la course automobile. Devenue une célèbre pilote, elle remporte alors de nombreux rallyes jusqu’en 1957. C’est sa notoriété (et sa conduite sportive) qui donne alors naissance à l’expression depuis souvent tronquée : "en voiture Simone, c’est toi qui conduis, c'est moi qui klaxonne". 

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À vos souhaits

Voilà une expression devenue un automatisme pour beaucoup d'entre nous, presque une formule de politesse. Eh bien, sachez qu'il s'agit avant tout d'une superstition ! "Sous l'Antiquité, on pensait que c'était un esprit divin qui passait", explique le lexicologue Jean Pruvost. "Alors, il fallait vite formuler des souhaits, pour que cet esprit divin les emporte", ajoute-t-il.

La formule, telle qu'on la connaît aujourd'hui, trouverait ses racines au XIVᵉ siècle, durant la grande épidémie de peste. "L'éternuement préfigure la peste", dont elle serait le premier symptôme...

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Avoir un coeur d'artichaut

Ceux qui s'entichent régulièrement de quelqu'un, qui fondent ou succombent facilement, connaissent l'expression par cœur. Mais que vient faire là l'artichaut ? La première explication avancée met la plante de côté : l'expression trouverait en réalité son origine dans la province de l'Ulster, au nord de l'Irlande, avec les forgerons qui pratiquaient l'art du chaud. À une lointaine époque, à cause de l'effort, de nombreux artisans succombaient à des crises cardiaques. Ce qui laissait penser que ceux qui pratiquent cet art du chaud avaient un cœur malmené et sensible

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